Retour sur Hurtebise
Petit retour en arrière. Je
retranscris ici les quelques notes que j’ai prises sur place pendant le week-end
d’écriture animé par Coumarine
Vendredi 30 :
Premier soir dans ma chambre
d’Hurtebise. Quel changement brutal de monde. Stress ce matin pour me préparer,
aller à une réunion au bureau, manger hâtivement un sandwich, filer à la
gare… Et ce soir installé ici dans cet
hôtellerie de monastère, en pleine nature, dans la forêt ardennaise.
Coum est venue nous chercher
à la gare de Bruxelles, moi et IlesCook, une autre française, et nous avons
filé tout de suite vers les Ardennes. Nous avons été accueillis par les sœurs,
nous avons retrouvé les autres participantes et après le dîner nous avons
démarré une première séance de travail. Il s’agissait de prolonger un texte
empreint d’une atmosphère plutôt glauque et dont les personnages pouvait fort
bien apparaître comme des acteurs potentiels d’un éventuel « complot de
famille », thème du week-end d’écriture.
J’ai trouvé Coum telle que je
la percevais à travers son blog et ses écritures, sympathique, pleine d’énergie
et de positivité, vivante. Elle mène son animation avec détermination, elle
écoute avec respect et empathie ce que chacun produit mais elle conduit avec
rigueur les discussions dans le groupe pour nous aider à pointer ce qui ne va
pas ou pourrait être amélioré littérairement parlant. Ce n’est pas un atelier
d’expression c’est bien un atelier d’écriture à visée littéraire. Je trouve que
nous avons tous produit des choses intéressantes et tellement diverses.
Ma chambre est spacieuse, avec un lit étroit, une table ronde et des chaises devant la fenêtre donnant sur la forêt, une armoire à glace en face de moi dans laquelle je me vois allongé sur mon lit avec le crucifix au-dessus de ma tête. J’ai pris sur la table de nuit le Nouveau Testament mis à disposition des hôtes. Mécréant que je suis je connais peu les Evangiles, je n’ai pas été bercé par eux dans mon enfance, je lis quelques passages puis m’arrête un peu plus longuement et sans déplaisir sur l’Apocalypse au langage puissant et poétique que je connaissais surtout jusque là à travers les tapisseries d’Angers.
Dimanche 2 fin d'après-midi :
L’atelier est achevé. Nous
nous dispersons, la plupart des participantes rentrent à Bruxelles, Coum, Iles
Cook et moi restons encore un soir ici. Demain s’il fait un temps correct nous
ferons une marche dans le coin et un peu de tourisme avant que je ne reprenne en
soirée mon train pour Paris.
Je suis très content de cet
atelier. Ce qui me surprend c’est la façon dont les mots viennent. Au départ
quand j’ai vu le thème je n’étais pas très enthousiaste, je n’avais pas d’envie
à priori d’écrire là-dessus. (D’ailleurs le premier soir quand Coum nous a
demandé d’écrire trois choses que nous aimions faire et trois choses que nous
détestions, j’ai mis dans ce que je n’aimais pas : « écrire sous la
contrainte »). Et puis les idées et les mots arrivent, en écrivant tout simplement,
il faut amorcer la pompe. Bien sûr on a été aidé par les consignes qui sont des
amorces et par l’ambiance conviviale et chaleureuse qui fait qu’on ose se
lancer, on ne se sent pas jugé même si Coum et les autres participantes
n’hésitent pas à suggérer des améliorations possibles ou à disséquer des
maladresses d’expression et de construction. Je suis frappé par la diversité et
la richesse de ce qui a été produit. Chacun, même sans grande expérience, a sa
patte, son type d’imaginaire. Enfin tout de même quand le dimanche matin il a
fallu redémarrer à neuf parce que la consigne l’imposait, en faisant fi des
pistes qu’on avait pu concocter nuitamment, je me suis dit que je n’arriverais
jamais à produire en trois heures de temps quelquechose qui se tienne intégrant
tous les éléments donnés par Coum. Et bien si, j’y suis arrivé, et pas trop mal
il me semble, en tout cas mon texte a été apprécié, cela fait plaisir.
Finalement on peut écrire ! Je vais finir par aimer écrire sous la
contrainte !
Le temps finalement n’a pas
été si mauvais. On a pu faire de brèves sorties entre les ateliers pour
s’aérer, pour se pénétrer de la belle lumière de l’après-midi et de la beauté
du paysage alentour. Nous avons vu passer une harde de biches au bout de la
prairie en lisière de forêt. Je pense que le lieu, son atmosphère générale
aussi aident à écrire. On s’y sent à l’écart des pressions du quotidien, en
disponibilité…
Au déjeuner (euh, enfin au
dîner comme disent nos amis belges), bref au repas de midi, avant que nous ne
nous asseyions à table la sœur hôtelière lançait un chant que les hôtes
reprenaient, des chants de Taizé m’a-t-on dit. Notre tablée apparemment plutôt
peu branchée là-dessus est restée silencieuse mais il n’empêche c’était de
beaux moments d’écoute, j’ai aimé ces brefs suspens qui mettent en
disponibilité pour ce qui suit.
J’ai aimé aussi d’ailleurs que cette jeune sœur, invitée par Coum, se joigne à l’une de nos séquences de travail et qu’elle participe à la petite soirée conviviale du samedi soir où chacun, autour d’une bouteille de Lillet que j’avais apportée, a pu lire des textes hors atelier ou présenter un de ses pôles d’intérêt. Elle écrit et lit admirablement bien, c’était émouvant cette rencontre, pour nous ce séjour était un peu une mise à distance du monde de dehors, pour elle c’était une ouverture vers le monde extérieur.