Retour d'été
Peu après être sorti de chez moi pour aller me promener je suis tombé sur ceci :
C’est
l’association des Amis de la Commune de Paris, dont le siège est situé tout
près qui organise une petite fête. Il y a des stands de vente de brochures, des
tables dressées où pourront s’installer les participants au pique-nique citoyen
qui aura lieu en fin d’après-midi, une sono qui diffuse Marc Ogeret chantant
« Le temps des cerises » et la « Butte Rouge ».
Ils
se la jouent rouge, rouge en effet. Il y a là un public réduit et plutôt
vieillissant. Le quartier était populaire autrefois et il fut en effet pendant
la Commune un des bastions de la résistance communarde, il en garde quelques
traces, un certain état d’esprit peut-être mais évidemment pas le type de
population. Ça fait belle lurette que le Paris vraiment populaire a disparu
dans ce quartier comme ailleurs (il reste à Paris des ghettos ou des zones qui
« accueillent » la misère du monde dans des conditions déplorables,
c’est tout à fait autre chose). Le secteur est devenu plutôt branché, genre
bobo, des gens qui peuvent regarder avec une certaine tendresse ce genre de
manifestation tout en s’en sentant à mille lieux..
N’est
ce pas ce que je fais d’ailleurs. Je prends quelques photos comme un voyeur que
je suis, j’accepte le tract qu’on me tend mais j’évite soigneusement de ma
laisser entraîner dans une discussion, je regarde tout ça de l’extérieur, avec
amusement mais avec une certaine nostalgie aussi. C’était bon de se sentir
entre camarades, partageant de mêmes idées et de mêmes combats, j’ai connu ça.
Mais je ne pourrais plus. Je me suis demandé si je restais dans le quartier
pour écouter le petit speech prévu par les organisateurs sur le thème de la
laïcité et pour saucissonner pourquoi pas. Mais non ce serait absurde ou pur
voyeurisme. Je devine d’avance le genre de discours parfaitement ringard qui
sera tenu.
Je
reprends ma bécane et file vers Bercy.
J’avais
idée d’aller voir l’expo Renoir-Renoir à la nouvelle cinémathèque. Mais après
être resté quelques minutes dans la queue j’ai renoncé. Il faisait trop beau.
Je n’ai pas eu envie d’aller m’enfermer. Temps délicieusement doux, un retour
d’été après quelques journées fraîches et déjà très automnales, c’est un
bonheur d’absorber cette douceur autant qu’on le peut, par tous les pores de la
peau. J’ai déambulé dans le parc, l’œil et l’appareil photo aux aguets. J’ai
été voir l’état d’avancement de la passerelle qui reliera bientôt ce jardin à
la dalle de la bibliothèque, en passant au-dessus des voies de circulation des
quais et de la Seine. L’ambiance est estivale mais les feuillages de certains
arbres ont déjà pris leur teinte d’automne. Les gens bouquinent ou rêvassent
allongés dans l’herbe, les gamins partaugent dans l’escalier d’eau, les jeunes
femmes sont encore en tenue légère, bras nus, épaules nues, robes courtes, je
les regarde… Je me suis même surpris à mettre un moment mes pas dans ceux d’une
belle jeune femme. Sans aucune intention. Juste comme ça. Juste par plaisir,
parce que sa démarche m’émouvait…
Mais les photos finalement disent l’ambiance mieux que les mots :