Ya plus de saisons et "carpe diem"
Il
continue à faire un temps extraordinairement beau et chaud pour la saison. Cela
a duré toute la semaine dernière, samedi en milieu d’après-midi remontant à
vélo ma colline j’ai eu chaud comme en été, hier dimanche le temps a été
couvert, il a même plu quelques gouttes, on a cru qu’arrivait un changement de
temps mais non ce lundi il a fait beau de nouveau, un peu moins chaud tout de
même.
Il
y a quelquechose de surprenant, presque d’angoissant, dans cette persistance.
On se doute bien que ce n’est que la contrepartie bénéfique ici et dans
l’instant de phénomènes climatiques plus globaux liés au réchauffement
planétaire et qu’il y a – peut-être ? sans doute ? – un lien entre
cette douceur décalée et la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes,
les ouragans, les sècheresses, les inondations.
Ça
ne date pas d’hier les considérations apitoyées sur le temps qui n’est plus ce
qu’il était. « Ya plus de saisons, ma bonne dame ! » Je me
souviens de mes vieilles tantes au moment où l’on envoyait les premiers
satellites dans l’espace qui disait qu’on allait détraquer le temps avec ça. On
rigolait bien à l’époque de telles manifestations d’obscurantisme
antiscientifique sans se douter pourtant que l’accumulation du développement
tout azimuth (du développement mal contrôlé plutôt ) finirait en effet par
avoir un effet non négligeable sur le temps qu’il fait.
Cet
après-midi en sortant du travail je n’en étais pas à ce genre de
considérations. J’avais passé la journée enfermé dans une salle de formation
sans fenêtre. J’ai pris plaisir à laisser passer ma station de métro, à
continuer à pied un long moment, juste pour le plaisir de rester dans cette
atmosphère douce, choisissant le côté encore ensoleillé de la rue pour profiter
des derniers rayons du soleil sur mon visage.
Je
pensais en marchant, en jouissant de ce plaisir simple, à la nécessité de
saisir autant qu’on le peut ces bonheurs minuscules mais immenses, j’y pensais
en me souvenant que cela ne durerait pas toujours, parce qu’ensuite viendront
les journées froides et pluvieuses, parce que surtout viendra un jour le moment
où je n’aurais plus la capacité à profiter du temps qu’il fait,que ce soit du
« beau » temps, que ce soit du « mauvais » temps (qui a ses
charmes aussi), à profiter du soleil doux, ou du vent cinglant ma peau, ou de
la pluie bienveillante parce que je serais vieux, malade, confiné à l’intérieur
ou mort tout simplement. J’y pensais en écho à l’entrée de Coumarine hier, j’y
pensais en me disant « carpe diem ». Et de fait je me suis senti très
bien, tout le temps de cette marche, en pleine conscience, pleinement présent à
l’air doux qui m’enveloppait, à la caresse du soleil sur mon visage, à ma
détente intérieure après la tension du travail, bref à ce moment simple que
j’étais en train de vivre.