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Les échos de Valclair
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27 octobre 2005

Be with me

Ouf, quelques jours de vacances en perspective, la possibilité de souffler un peu, voilà qui est bienvenu.

Hier d’ailleurs j’ai pu déjà sortir plus tôt du travail et j’ai été au cinéma.

J’ai vu « Be with me », un film que j’ai trouvé superbe. Cela commence en mêlant trois petites histoires sans lien apparent, celle d’un vieil homme auprès de sa femme grande malade, autiste, absente à moins qu’elle ne soit tout simplement morte et présente seulement dans son fantasme, celle de deux jeunes filles qui engagent une relation sensuelle rythmée par les contacts par mails, téléphones portables et sms et dont l’une se détourne très vite au désespoir de l’autre, celle d’un agent de surveillance, gros homme disgracieux et frustre qui tombe en extase devant une belle femme inaccessible, qu’il observe de loin, à laquelle il tente en vain d’écrire une lettre. Les milieux sociaux des personnages, leurs âges et leurs mondes sont totalement différents, mais tout baigne dans la communication impossible, ils se déplacent dans la jungle urbaine (non pas la jungle, le désert, Singapour l’un des lieux les plus denses du monde est physiquement vide autour des personnages), il y a partout des grilles qui surgissent, celle qui ferme la boutique du vieillard, celles qui protègent les maisons bourgeoises. Les visages sont particulièrement poignants spécialement ceux du vieil homme dans son échoppe et du gros vigile toujours bafoué.

Mais apparaît un autre personnage : c’est une femme aveugle et sourde, elle rédige lentement son autobiographie sur une vieille machine à écrire, on entend sa voix qui est une sorte de cri, mots écorchés, difficilement éructés, elle a un parler très laborieux à laquelle sa surdité la contraint, on la voit vivre sa vie quotidienne, faire sa cuisine, faire ses courses, lire en braille, bricoler, aller donner des cours à l’institut des aveugles et pendant ces scènes le lus souvent muettes, en voix off, on entend le récit tragique de sa vie, et elle pendant dans ce temps, dans chacun de ces gestes, dans ses sourires sans yeux, elle respire l’harmonie, la sérénité, l’amour.

Le vieil homme cuisine avec amour, pour sa femme absente puis pour cette femme sourde-muette, avec laquelle il est indirectement en contact par l’intermédiaire de son fils qui traduit l’autobiographie qu’elle est en train de rédiger.

Le film change alors de tonalité. Dans ce monde où les gens se croisent sans se rencontrer, c’est elle, isolée pourtant par ses murs sensoriels qui communique vraiment, elle qui porte la rencontre, elle qui peut écrire au final sur sa vieille machine « be with me, don’t let love fade »

Ce qui prend d’autant plus de force lorsque l’on sait que contrairement aux trois fictions qui s’entrecroisent dans le film, le personnage est réel, que cette femme existe, que son histoire est celle qui est racontée et que c’est elle-même qui joue son propre rôle.

Comme après l’expo Kracjberg je suis sorti de là le cœur gonflé de reconnaissance. Il faisait beau avec un temps déjà plus automnal, un vent vif qui commence à faire tourbillonner les feuilles, un ciel clair mais moins lumineux, un soleil déjà bas sur l’horizon et un peu pâle mais éclairant avec douceur la pierre des immeubles. Je n’ai pas pris le métro tout de suite, de Beaubourg j’ai marché un peu dans le Marais, je regardais la ville et les passants avec tendresse, j’ai traversé la Seine, je suis passé devant Notre-Dame, les cloches carillonnaient longuement, l’appel aux vêpres je crois, j’avais envie de rendre grâce. Á nul Dieu, à la vie simplement.

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Commentaires
L
Tu m'as fait vivre cette histoire par la grâce de tes mots à toi, Val, par l'émotion qui te percute et retentit dès lors en nous. Ta narration emporte, je marchais à côté de toi devant Notre-Dame, je sentais Paris à travers elle. Je sentais de façon aiguê ces destins que tu nous contes et je me sentais meilleure, moi aussi... <br /> <br /> Ah! l'extrème finesse des sensations transmises! Merci, Val, pour tes paroles,<br /> <br /> Lorraine
C
Oui cher Val je comprends ce sentiment de reconnaissance<br /> Quand on a lu ou vu quelque chose qui te grandit l'âme, qui te fait te sentir meilleur, en communication profonde avec le monde et les gens. Et c'est sûtr que tout ne monde ne devient pas pour autant beau et gentil, mais on se sent du même bord, et on SAIT que c'est le BEAU et le BON en nous qui nous font vivre...<br /> Ce film ne sort en Belgique que mi-décembre...j'irai le voir et je penserai à toi
Les échos de Valclair
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