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Les échos de Valclair
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6 novembre 2005

... et salles obscures

Après cela j’ai été au cinéma et j’ai vu entre hier et aujourd'hui « L’enfant » des frères Dardenne et « Batalla en el cielo » de Carlos Reygadas.

«  L’enfant » m’a un peu déçu. C’est pas mal bien sûr. Emouvant, bien construit, bien joué, ancré dans un réel qui ne l’est que trop. Les Dardenne restent conformes à leur style vif, sans sophistication inutile, au plus près du mouvement de la vie, suivant au plus près leurs acteurs qui sont comme toujours très convaincants. Mais ce film là ne m’a pas bouleversé. Trop conforme peut-être aux attentes que j’en avais, après avoir lu tout ce que j’ai lu dessus. Je trouve en tout cas que le fait d’avoir attribué aux Dardenne une deuxième Palme d’or à Cannes est un peu excessif. Cela part sans doute d’une volonté estimable de promouvoir ce genre de cinéma et ce qu’il véhicule. Mais cinématographiquement je ne trouve là rien d’exceptionnel. Le film des Dardenne qui m’a le plus marqué c’est « La promesse », le premier que j’ai vu, le premier qui ait eu une diffusion large, celui-ci m’avait fait un choc réel peut-être justement parce que le sujet comme la façon de le traiter à l’époque était très neuf.

J’ai bien aimé « Batala en el cielo ». C’est un film qui colle au réel lui aussi, à un certain réel, mais d’une façon totalement différente, violemment baroque.

Il y a la société malade, malade chez les pauvres mais malade chez les riches aussi et la ville immense de force et de violence; il y a ce pauvre homme laid et fruste, chauffeur de général et garde de sécurité, ballotté, brutalisé, écrasé de culpabilité, écrasé de tout après la mort du bébé qu’il a enlevé, portant partout ses yeux myopes, son désespoir et sa misère ; il y a sa femme qui envahit l’écran de sa chair obèse, de sa dureté sans y penser dans un monde où enlever un enfant pour faire un peu d’argent paraît tout ce qu’il y a de simple et de naturel et qui est aimante pourtant ; il y a la fille riche du général, qui se prostitue par mal de vivre, qui paraît si fraîche mais dont la voix fatiguée, légèrement cassée exprime si profondément la lassitude, l’usure déjà ; il y a la main boudinée du chauffeur à la peau mate et la main si blanche, si fine de la fille du général qui se rapprochent de façon si improbable après le sexe ; il y a la mort si violente et l’hystérie religieuse du pèlerinage, improbable rédemption …

 

Et il y a, après l’écran noir de la mort, cet écran noir dont on croit qu’il marque la fin du film, ces dernières images lumineuses, rédemptrices elles, cette fellation si belle, si pure, oui pure, et ces regards, après la mort, des regards lumineux, aimants… 

 

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Commentaires
C
Tu as dû lire je pense le commentaire que j'ai fait de "L'enfant"<br /> J'ai aimé...<br /> surtout les derniers moments de ce film qui met en cause, je trouve les adultes et leur attitide démissionnaire<br /> L'autre film dont tu parles...ben tu donnes envie d'aller le voir<br /> Bises
Les échos de Valclair
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