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Les échos de Valclair
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12 décembre 2005

Troublant Ron Mueck

 

Hier en ce beau dimanche froid et sec j’ai pas mal marché dans Paris et expositionné…

J’ai été voir l’expo Vienne 1900. Peut-être que c’est beau. Sans doute même d’après le peu que j’ai pu en apercevoir. Car le vrai problème de ce genre d’exposition est la foule bien trop compacte qui envahit les salles. Je sais qu’assez souvent j’ai du mal en entrant et puis peu à peu je m’y fais, en jouant des coudes et en tendant le cou, j’arrive tant bien que mal à rentrer un peu en contact avec les œuvres. Mais là, trop, c’était trop. J’en suis sorti assez vite, me disant que je tenterai d’y revenir dans de meilleures conditions (c’est vrai qu’il ne doit guère y avoir pire que le dimanche à trois heures, j’essaierai un nocturne).

Je suis alors allé voir Ron Mueck à la fondation Cartier. J’aime bien le lieu, cet espace en plein Montparnasse, tout en transparence, entouré de ce jardin avec ses grands arbres, adossé à l’arrière des vastes espaces de l’hôpital Saint Vincent de Paul, on s’y sent comme dans une bulle. Et j’ai été soufflé par les œuvres exposés, je n’étais pas le seul d’ailleurs à entendre les commentaires de stupéfaction, presque d’incrédulité des autres visiteurs. Des œuvres, il n’y en a pas beaucoup : cinq en tout et pour tout.

Ron Mueck réalise des sculptures représentant des figures humaines qui sont d’un époustouflant réalisme. Il travaille avec de la fibre de verre et de la silicone. Cheveux et poils sont rajoutés, collés un à un, des détails infimes sont représentés, rides, rougeurs, tavelures de la peau. Les regards aussi sont très expressifs, même s’ils sont en général plutôt vagues, posés sur le lointain, ils semblent être porteurs de rêverie, de mélancolie.

Cet hyper réalisme est très troublant. Évidemment on sait très bien que ces figures ne vont pas bouger, nul souffle ne va soulever leur poitrine, aucun son ne va sortir de leurs bouches. Et pourtant on jurerait qu’elles vont le faire. Peut-être est-ce cela qui est troublant, comme si c’était du vif saisit par l’immobilité, du vif sur lequel serait tombé un maléfice, un coup de baguette magique comme celui qui a suspendu la vie dans le palais de la Belle au Bois dormant. (ou comme la nuée du Vésuve figeant en pleine action les habitants de Pompéï).

D’autant plus troublant d’ailleurs que ce réalisme ne concerne pas l’échelle. Aucune des figures n’est à taille humaine, trois sont plus grandes que nature, deux plus petites. Celles-ci m’ont paru les plus fortes, peut-être parce qu’on les domine, qu’on les couvre du regard, qu’on les appréhende aisément dans leur totalité, qu’on se sent une sorte de dieu au-dessus d’elles, imaginant facilement les histoires qui pourraient être les leurs au vu des visages, des attitudes corporelles, des mouvements suspendus devinés. Les plus extraordinaires sont ces deux vieilles femmes, avec leurs bas tirebouchonnées, leurs cheveux en bataille, leurs rides et leurs poils au menton, penchées l’une vers l’autre, regardant une scène inconnue mais dont on imagine qu’elles s’apprêtent à la seconde à jaser. Saisissant !

Je ne les ai pas trouvé en photo sur le net. Alors je vous donne ici, juste pour imaginer un peu, un tout petit peu, deux autres figures de Mueck présentées à d’autres occasions.

ron_mueck_1


bbb_boy7

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Commentaires
G
à propos du sexe du géant, il y a un détail qui n'en est pas un pour tout le monde, et qui pour moi porte une symbolique très forte, c'est que le prépuce qui recouvre son gland est fermé; il y a un _j'ose le mot_ hymen_ de silicone à cet endroit: aucun liquide ne peut sortir (ou entrer) de ce pénis, ce qui _ c'est ce qui m'a interrogé sur le sens du travail et l'origine de Mueck_ rend sa sculpture "étanche", malgré son humidité constamment palpable...<br /> C'est pour cette raison qu'elle m'a paru davantage être la sculpture d'un mort que d'un vivant. un mort congelé, figé dans son absence d'échange avec l'extérieur...<br /> Je mets en parallèle cette observation avec la volonté de mueck de placer ce pénis à hauteur du regard...<br /> en fait, oui, il rend la sculpture étanche; étanche à nos yeux<br /> Vos idées sont les bienvenues!
S
J'étais déjà trés tentée d'aller visiter l'expo Valclair, mais là je suis franchement convaincue :-)<br /> D'autant que le lieu, comme tu le dis est superbe, à l'opposé de celui dans lequel était hébergée la fondation il y a quelques années. <br /> Pari architectural réussi.
G
Et bien honnêtement moi j'ai lorgné, et je me suis même mise à rire seule parce que je pensais au sculpteur qui y collait les poils un à un (rire). Blague à part, c'est stupéfiant, je n'arrive pas à croire que ce pied sur l'autre photo est une sculpture, saisissant en effet. Merci pour ce partage.
C
ouiiiiiiii, Val, ce serait une bonne idée...<br /> mais après Noêl, tu crois pas? (hum hum!)<br /> Mais promets moi que tu viendras écrire...et Alain aussi (il m'expliquera ce qu'est cet endroit qu'il n'ose nommer, et que je ne lorgne pas moi!!!)
V
Et re-regardant la photo, je me dis que la demoiselle quant à elle à une fort intéressante perspective.<br /> Amusante cette photo, en fait, ça ferait une bonne amorce pour une petite écriture, pour paroles plurielles par exemple, qu'en penses-tu Coum?<br /> <br /> Et merci pour l'info technique
Les échos de Valclair
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