Un jour sans
Hier
était un jour sans. Ça arrive. Un jour sans tonus, sans volonté, sans activité,
un jour sans tristesse particulière non plus mais avec un sentiment de mal-être
persistant. Un jour éteint, les heures ont succédé aux heures. Rien n’y a fait.
Ni le volontarisme, ni les objurgations intérieures, je peux faire mon fiérot
avec mes discours sur la sérénité intérieure, le savoir jouir de ce que chaque
heure peut offrir, essayer de me coller un sourire sur le visage et tenter de
pratiquer la méthode Coué, et bien parfois ça ne marche pas…
Une
mauvaise nuit, un réveil ensuite trop tardif, un temps sinistre, une tentative
infructueuse pour me mettre à écrire, l’impression de ne pas avoir la paix,
d’avoir toujours quelqu'un plus ou moins sur mon épaule, un fond de mal de
crâne lié au gros rhume qui m’est tombé dessus depuis hier, les heures dont je
ne fais rien et qui tournent pourtant. « Quoi, il est déjà cette heure
là ! »
L’après-midi
j’ai tenté de me bouger. Je suis allé à Orsay, je voulais voir l’expo sur les
Russes qui se termine dans quelques jours. J’étais seul. J’apprécie bien sûr
les activités partagées mais d’habitude ça ne me gêne pas d’aller seul me
promener ou voir un film ou une expo, j’y apprécie mon sentiment de liberté, la
maîtrise de mes rythmes mais là, ça me pesait, j’avais l’impression de me
traîner par pur volontarisme, arrivé devant Orsay il y avait une bonne heure de
queue, dehors dans le froid, pas le courage, tant pis pour les Russes, j’ai
traversé la Seine, perspectives admirables comme toujours même sous ce ciel bas
mais là rien à faire je ne me sentais pas en état d’admirer, j’ai marché dans
les Tuileries, sol légèrement paré de blanc, les sculptures, l’arbre de
Pennone, un canard glissant sur la glace, les perspectives là encore, la roue,
la cour et les toits du Louvre sur fond de ciel virant à la nuit, la foule, pas
moyen de me sentir en harmonie, en présence…
J’ai
repris le métro...
Demain
sera un autre jour. Demain on y est, demain c’est aujourd'hui, oui je crois que
je suis entré dans la journée d’un meilleur pied, j’ai été faire les courses
pour le réveillon, ça se passe chez nous pour le 31 avec un nombre limité
d’invités ce qui me convient bien, c’est moi qui serai aux fourneaux, je vais m’y
mettre, je vais tout à l’heure préparer la marinade pour la gigue de chevreuil
que j’ai acheté ce matin.