La part de l'intime
La
part d’intime que l’on peut donner de soi est une interrogation récurrente chez
les blogueurs, en liaison avec la question de l’anonymat. Chacun trouve son
compromis, plaçant le curseur là où il juge bon qu’il soit. Et non sans le
déplacer parfois, évoluant, modifiant la part respective à donner à l’intime et
à ce qui l’est moins.
Certains
évoluent par petites touches, par glissements, comme c’est mon cas. D’autres
envisagent des changements plus radicaux et assumés comme tels. C’est ce qu’a
fait Coumarine par exemple tout récemment qui parle carrément d’un changement
de cap.
J’essaie
pour ma part de préserver autant que possible une part d’intime assez
importante. J’ai évolué, je l’ai assez dit, et notamment lorsque je suis passé
à la démarche plus relationnelle du blogging, lorsque j’ai accepté de rentrer (avec
modération) dans le jeu des commentaires. J’écris mon journal sur word et je
laisse de côté certaines entrées que je ne mets pas en ligne, mais assez peu
finalement,. Et j’ai tenu tout de même à faire figurer ce mot
« intime » sur le petit résumé figurant en haut de ma page. Je l’ai
fait à travers cette formule que j’aime bien « l’intime se dessine à
travers le quotidien ». C’est pour dire que je ne vois pas mon expression
dans un processus systématique et totalitaire de mise à nu. Je la vois plutôt comme
une sorte de dévoilement progressif. Je sens qu’une figure se construit peu à
peu au travers des réflexions d’apparence « extimes » sur ce que je
lis, sur ce que je vois, à travers des remarques, des pensées, des sentiments,
des relations évoquées, avec des mots qui sont vrais quoique pas forcément très
explicites notamment dans ce qui touche ces deux derniers points. C’est une
figure floue qui se construit, nimbée d’une ombre qui atténue la précision des
traits, mais une figure vraie et qui exprime le profond de moi.
Ce
n’est pas facile bien sûr et pas sans contradictions. Le curseur va et vient
autour d’un impossible point d’équilibre, on se dit, là peut-être je dis un peu
trop, là au contraire je suis trop frileux pour me faire bien comprendre, mais
je reste dans cette tension, je préfère cela à la tentation de deux blogs
séparés, l’un qui serait public et extime et l’autre qui serait privé et
intime.
Il
ne s’agit pas de tout dire. On ne se met pas tout nu en présence des autres
comme commentait justement Alain chez Coumarine. Mais c’est bien de se
déshabiller un peu tout de même, d’oser se mettre en jeu au regard des autres.
Je suis convaincu que c’est ainsi, bien plus que dans des ressassements
d’écritures solitaires, que l’on se met en jeu au regard de soi,
Et
puis oser se dévoiler c’est une forme de don de soi et c’est parce qu’on donne
qu’on recevra.
Amis
blogueurs, ne délaissez pas trop la part de l’intime !