Un peu de légèreté
Ce matin au bureau il y a eu
encore une prise de bec bien violente. Les comportements jemenfoutistes d’un
nombre réduit de mes collègues me deviennent de plus en plus insupportables,
surtout quand ils se drapent d’argumentaires sophistiqués prenant prétexte des
dysfonctionnements du système, de la mauvaise politique des méchants qui nous
gouvernent. Ça va déjà assez mal comme ça, inutile d’y rajouter nos propres
impérities. Je ne supporte plus cette façon de toujours tout ramener aux autres
sans le moins du monde s’interroger sur ce qui éventuellement pourrait être à
remettre en cause ou à améliorer chez soi. J’ai dit toute ma façon de penser
sans ménagement. En soi ce n’est pas un mal au contraire. Ce qui m’agace et un
peu plus c’est que je l’ai fait de façon non maîtrisé, porté par la colère, ce
qui est non fonctionnel et qui ne fait du mal qu’à moi-même. Il y aurait de
quoi apoplexiser ! Apparemment je n’ai pas trop de terrain apoplectique mais
malgré tout je ne me fais sûrement pas du bien avec ce genre de dérapages et
j’y grignote peut-être quelques bouts de vie.
L’après-midi au contraire a
été très calme. Peu de travail. Quel temps déprimant : j’ai eu l’occasion
de laisser traîner mon regard par ma fenêtre sur la rue noyée de pluie. Mais
j’ai pu sortir tôt. J’en ai profité pour faire un détour par une salle de
cinéma, je me suis offert une petite toile non programmée, j’ai choisi un film
léger, « Fauteuils d’orchestre », cela m’a fait du bien, il ne faut
pas bouder son plaisir à ce genre de spectacles sans prétention, gais et bien
fichus. Derrière les propos simples et les personnages gentiment caricaturaux,
pointent d’ailleurs des réflexions vraies sur que faire de sa vie, sur l’amour,
sur le temps qui passe, sur la vie qui reste. Les acteurs sont tous bons dans
leurs partitions très différentes, Valérie Lemercier en abat, Cécile de France
est craquante, Albert Dupontel émeut. Et Suzanne Flon aussi, particulièrement
lorsque l’on sait que ce fut son dernier rôle. C’est un joli adieu à la vie et
à la comédie, c’est pas mal de partir là-dessus.
J'ai aimé d'ailleurs un petit carton tout simple sur le générique de fin "A Suzanne", je présume que c'ést pour marquer discrètement que le film lui est dédié.
Je me sens en tendresse
après ce film, loin de mes colères. Et ça me les fait apparaître d’autant plus
ridicules !