Moment volé
Aujourd'hui je devais
colloquer...
Arrivant sur place
j’apprends que le colloque en question a été annulé à la dernière minute,
semble-t-il en raison de la « situation ». Merci la situation !
Car ce colloque
m’intéressait certes mais se retrouver à 9 heure du matin sur les trottoirs de
Paris, sous un soleil splendide, avec ce ciel bleu éclatant, avec ce sentiment
enfin de printemps qui arrive, avec cette jouissance toute particulière du
moment contraint qui devient temps libre, j’adore !
J’ai été passer la matinée
au bureau quand même, histoire de régler quelques affaires courantes et
d’alléger ma journée de demain mais à midi, hop, j’ai pris mes cliques et mes
claques, je suis rentré à la maison, je me suis installé sous le forsythia qui
est maintenant au maximum de sa floraison, j’ai grignoté un sandwich et une
salade sur ma terrasse avec un bon verre de vin, c’est la première fois cette
année que le temps le permet, avec un bon pull tout de même, mais quel plaisir, se
sentir dehors, jouir de cette liberté imprévue, quel bonheur d’être là plutôt
qu’engoncé dans un amphi aveugle à écouter parler des gens.
Ensuite j’ai pris ma liberté
sous le bras et elle et moi nous sommes partis nous promener. J’ai filé vers
des territoires que je pratique peu, loin de mes terrains de promenades
habituels, vers le Parc Monceau, c’est un coin quasi exotique pour moi et qui
me donne presque l’impression d’être en voyage. J’ai été au musée Cernuschi
voir l’exposition des peintures érotiques chinoises « peintures du palais du
printemps ». Jolie expo. Images fraîches, finesse et élégance des traits
et des cadrages, présence toujours des paysages, de la nature, des fleurs,
l’activité amoureuse se trouve ainsi réintégrée dans la vie toute simple, dans
les cycles primordiaux des saisons. Rien ici ne se ressent des culpabilités,
des pesanteurs morales dont on a encombré la sexualité en occident. Rien ici du
coup qui paraisse pornographique. Les hommes et les femmes connaissent les
joies de « l’oreiller partagé » , font « nuages et
pluie », accordés aux rythmes même qui les environnent.
Pensées printanières aussi
sur ma terrasse, sous les branches chargées de fleurs que les sèves puissantes
ici aussi ont fait éclore…