"April snow"
Cette semaine de quasi
vacances pour moi a été assez cinéma.
J’ai vu « Truman
Capote », pas mal du tout, assez profondes questions sur le destin, le
déploiement d’histoires de vie si différentes à partir de traumatismes
d’enfance qui se font écho et puis surtout cette composition d’acteur si
extraordinaire de Paul Seymour Hoffmann en Capote, à la fois touchant et
profondément exaspérant, ce rôle il fallait le faire, il fallait l’assumer,
chapeau…
Puis j’ai vu « Oublier
Cheyenne », film sympathique, c’est bien de dire « la vie est plus
magique que vous ne le pensez » mais tout de même le film est un peu
lourd. Je sais bien tout ça est sûrement au second degré, il n’empêche les
caricatures faciles du débat, être dans le monde ou hors du monde, participer à
la société telle qu’elle est ou s’en abstraire radicalement, donnent lieu à des
dialogues qui ne passent vraiment pas quel que soit l’indulgence que l’on
voudrait avoir. Film mineur, très mineur.
Enfin j’ai vu « April
snow », une très jolie romance coréenne, ce film là m’a plu avec évidence.
J’en suis sorti, et c’est cela qui compte finalement plus que les qualités
cinématographiques intrinsèques, avec une allégresse de cœur, une petite
musique douce au fond de moi. Ce n’est certainement pas un chef-d’œuvre, rien
d’exceptionnel dans la façon de filmer, pas de spectaculaire ou de composition
d’acteur exceptionnel, juste un film bien construit, des sentiments vrais, une
tendresse palpable pour ces personnages ordinaires confrontés aux trahisons
amoureuses, à l’accident dramatique, à la mort et à de possibles renaissances.
Les sentiments sont constamment pudiques et le rapprochement amoureux qui
s’esquisse lentement puis se réalise est empreint d’une grande émotion. Il n’y
a aucun méchant là-dedans, que des personnes confrontées à leur désir de vivre
et à leur sentiment profond de compassion qui perdure malgré les trahisons pour
ceux qu’ils ont aimés, qu’ils aiment encore. La scène où les futurs amants se
rapprochent est lente, le déshabillage mutuel auquel ils procèdent est fait
d’attente, de retenue, de sensualité vibrante. C’est une scène soft et pourtant
d’un merveilleux érotisme. Par moments le film paraît un peu lent, il
s’attarde, on est au bord de l’ennui mais cette lenteur est naturellement
voulue, elle marque que le désir justement est souvent, plus qu’emballement
brutal, effet d’un lent apprivoisement. On craint un moment que le film ne se
termine en queue de poisson, chacun des protagonistes repartant de son côté
avec ses douleurs. On se dit : mais bon sang, les portables à quoi ça
sert, qu’il s’appellent mais qu’ils s’appellent donc, qu’ils ne laissent pas
passer leur chance… Il y a la neige et il y a les fleurs printanières perçant
sous la neige. La vie continue. Les deux protagonistes savent finalement
l’accueillir. C’est de cela qu’on leur est redevable lorsque revient l’écran
noir et qu’on repart dans le concret de sa propre vie. C’est cela qui met au
cœur ce sentiment doux qu’on emporte en les quittant : oui la vie
continue, les amours continuent, sachons nous aussi les accueillir…
Neige et fleurs… J’ai
regardé la météo sur la Tunisie. 14 à 28 degré, dans les jours qui viennent là
où je vais demain et pour une semaine, ça me plait bien ça, j’en ai besoin en
sortant de ces frimas qui persistent, il n’y aura pas de neige mais la caresse
du soleil…