Erotisme et pornographie
La lecture chez Ségolène de
diverses considérations et discussions autour de l’écriture érotique me donne
envie de rebondir. Hé, hé la transcription de mon voyage qui n’est pas du tout,
du tout dans ce registre attendra quelque peu…
J’aime bien pour ma part ce
genre d’écriture, j’aime la lire, j’aime l’écrire.
Il n’y a pas de doute
qu’érotisme peut être facilement connoté positivement alors que pornographie
l’est beaucoup plus difficilement. Cela tient d’emblée à la nature des mots
eux-mêmes, à leur origine, à leur étymologie. Il y a l’amour dans éros alors
qu’il n’y a que la prostituée dans pornê…
Ce n’est pas une question de
degré ou du caractère explicite des termes utilisés. Il y a de l’érotisme très
hard qui ne recule pas devant les mots les plus crus et peut s’amuser même de
leur accumulation. Ce n’est pas non plus une question de comportement
moralement acceptables ou pas. Il y a un érotisme noir, lié à la mort,
susceptible de véhiculer des comportements inacceptables en ce qu’ils bafouent
les individus, les privent de leur liberté, en font sous la contrainte de purs
objets (j’exclue de là naturellement les soumissions acceptées qui tiennent du
jeu) mais qui néanmoins peut produire des textes puissants qui touchent aux
zones troubles de notre psyché.
J’ai plus envie de dire que
la différence tient surtout à la position de celui qui écrit (ou dessine ou
peint ou photographie), est-ce qu’il cherche à produire de la beauté (fut-elle
noire) ou des émotions qui touchent à l’affectivité (fussent-elles moralement
inacceptables) ou se contente-t-il de viser sans aucune recherche à créer un
pauvre mouvement mécanique vers le bas du ventre. Compte aussi beaucoup, mais
sans doute est-ce la même chose, la capacité d’une certaine mise à distance
entre la façon d’exprimer et le fait brut décrit et cela quels que soient les
moyens très variés, parfois opposés (c’est ce qui fait le charme, la richesse
de ces écritures) qui sont utilisés pour marquer cette distance : la
recherche poétique, le jeu subtil du scénario, la parodie, l’humour, etc… (Anne
Archet par exemple utilise avec brio ces deux derniers ingrédients).
Personnellement je me sens
beaucoup plus en phase et à l’aise avec un érotisme dionysiaque, solaire,
expression de la vie, qu’avec l’érotisme noir qui a trop à voir avec la mort.
En gros Henri Miller, Anaïs Nin plutôt que Bataille ou Sade mais je reconnais
qu’il peut y avoir de très belles choses dans l’érotisme noir (disons chez
Bataille, pour Sade là vraiment j’ai du mal, d’ailleurs je n’en ai pas lu
beaucoup, ça me tombe des mains d’ennui une fois passé le petit plaisir de
découvrir des termes savoureux et une langue qui n’est plus la notre).
Sur le net le peu de choses
que j’ai croisé m’a paru plutôt faible à l’exception d’Anne Archet déjà citée,
d’Aurora dans une moindre mesure (peut-être parce que le canton particulier de
la libido qu’elle explore n’est pas ma tasse de thé) et aussi du Pink Blog
d’Hélène.
Hélène fut une diariste que
j’ai beaucoup apprécié mais qui a fermé son site pour diverses raisons. Elle a
laissé ses nouvelles en ligne, certaines sont excellentes. Très simples
souvent, sans scénario ultra sophistiqué mais montrant avec bonheur en
s’appuyant sur tous les sens et toutes les émotions comment monte le désir chez
une femme. Nous avions convenu d’ailleurs de nous lancer dans des écritures à
quatre mains, à partir d’un scénario bâti en commun pour voir ce que cela
donnerait sur un même thème une écriture d’homme, une écriture de femme. C’est
à ce moment là qu’elle s’est éloignée d’internet, elle n’a pas donné suite mais
moi j’ai écrit ma petite nouvelle dans mon coin, elle dort quelque part au fond
de mon ordinateur.
Ça me fait penser, tiens, à
cette idée que j’avais eu après mon dernier week-end d’écriture d’ouvrir un
blog parallèle pour y mettre quelques textes de fiction. Je vais m’en occuper,
sûr, pour mettre des textes comme celui ci entre autres et leur donner un tout
petit peu de vie maintenant que j’ai plaisir à être lu…
Et puis au fait Coumarine
pourrait aussi nous concocter quelquechose un de ces jours dans les consignes
de Paroles plurielles… Aïe, aïe, si elle le fait, je crois bien que je ne
pourrais pas me défiler, que me sentirais obligé d’aller jouer de mes mots…