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Les échos de Valclair
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1 mai 2006

Retrouvailles

J’ai revu ce week-end une amie perdue de vue depuis plus de vingt ans. Elle a lu mon nom il y a quelque temps lorsque j’étais allé faire un petit topo sur les journaux en ligne à Lyon dans le cadre de mes activités d’apaïste ; elle s’est dit, est-ce lui, est-ce une homonymie, un petit mail interrogateur, ah ma joie quand j’ai vu ce nom s’afficher sur ma messagerie, je n’avais pas une seule seconde pensé qu’il pourrait y avoir un effet induit de ce type en faisant ce topo, j’ai habité à Lyon il y a quelques années mais c’est tellement comme dans une autre vie que je n’avais même pas pensé à des connexions possibles ; quelques échanges de mails ensuite, oui, oui, c’est bien moi, celui que malicieusement, petite gamine que tu étais, tu avais appelé « Narbu le Barbu », voir réapparaître ce nom, c’est comme une madeleine ; un long coup de téléphone pour reprendre contact d’un peu plus près, se raconter (un peu) la vie et puis cette occasion qu’elle a eue de venir à Paris et ces retrouvailles…

On s’est retrouvé d’abord pour un pot en tête à tête vendredi en fin d’après-midi puis elle est venue déjeuner à la maison dimanche pour un repas « en famille », il y avait Constance et mes gars et il y avait sa mère à elle que j’ai aussi bien connu pendant mes années lyonnaises.

Naturellement on a changé, et pas qu’un peu, pas seulement l’effet du vieillissement sur les traits, moi j’étais encore barbu-chevelu la dernière fois qu’on s’est vu et elle avait une longue chevelure alors qu’elle porte désormais les cheveux très, très courts. On se l’était dit, donc la reconnaissance a été immédiate. Mais si l’on s’était croisé par hasard sans s’attendre à se rencontrer ? En tout cas dès que l’on se retrouve, il n’y a aucun doute, on embraye comme si on s’était vu d’hier, la personne est la même, les deux images purement visuelles se superposent mais il y a tout le reste qui n’a pas changé, la voix, le regard, une façon de se mouvoir, de parler, comment résumer ça, une présence peut-être, oui c’est ça, la présence est la même.

On revient sur des souvenirs communs. En fait je l’ai connu petite fille alors que j’étais déjà jeune adulte (on a une bonne dizaine d’années d’écart) nous la voyions souvent parce que l’appartement de sa mère était une sorte de local bis de l’organisation militante dans laquelle j’étais investi jusqu’au cou à l’époque, j’ai quitté Lyon ensuite, je l’ai revu jeune fille sans avoir vu la transition, ça a été un choc, je me souviens très bien, c’était la première fois que j’expérimentais cela, la perception du temps qui passe, la première fois que je m’interrogeais là-dessus aussi à partir d’une expérience concrète, d’une émotion personnelle et pas avec les mots des livres ou des profs de philo. Ce même pétillement qu’elle avait enfant et en plus voilà qu’elle était devenue belle et désirable ! On a évoqué tout ça à demi mot, on a reparlé d’une certaine balade en Chartreuse dont j’ai un souvenir très vif (mais d’ailleurs peut-être en partie fallacieux, va-t-en savoir en fait ce que l’on conserve, nulle part n’existe le disque dur du déroulé et des émotions effectives de l’époque). J’avais évoqué ce souvenir déjà dans mes échos ici . J’aime bien ces empilements de passé et d’images du passé dans le présent qui se constituent et se répondent, oui quand elles se répondent, c’est aussi un jeu d’échos ça, des échos où se rajoute la dimension temporelle.

Dimanche dans un contexte tout à fait différent, moins intime, cela a été très sympa aussi et je crois que tout le monde a passé un bon moment y compris mes gars, intéressés à voir ressurgir des bouts du passé de leur père que je n’évoque pas souvent. Et puis on a parlé aussi de beaucoup de choses très contemporaines.

C’est sûr on se reverra.

Et quand même tout ça c’est, quoique de façon indirecte, l’effet de mes écritures et d’internet, outil formidable, preuve qu’on est bien ici dans le réel vivant, dans la vie qui continue et pas dans le virtuel, dans les mots éteints, dans la nostalgie fermée.

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