Un nouvel espace
Donc,
voilà j’ouvre aujourd'hui ce nouvel espace où je vais mettre quelques textes de
fiction.
Coumarine
a fait pareil il y a peu (Essai de paroles). Ce n’est pas que je lui pique son
idée. C’est une idée qui a germé à peu près concomitamment chez l’un et l’autre
en liaison avec le week-end d’écriture d’Hurtebise en mars. On écrit des
textes, on les lit entre nous, éventuellement comme ça a été mon cas on raconte
le déroulement de l’atelier sur le blog et puis le texte lui même reste
inaccessible. C’est dommage.
Jusque
là j’avais des réticences à le faire. Je me disais : est-ce que ça en vaut
la peine, est-ce que ce n’est pas s’étaler avec trop de complaisance. Est-ce
qu’on ne va pas dire « décidément ce Valclair il se la pète, il se prend
pour un écrivain ou quoi… » ?
Un
« écrivain » non pas. Pas plus qu’avant je n’attache une valeur
excessive à ce que j’écris, je n’ai nulle intention de chercher à être publié.
Tout ça reste très modeste, des textes très brefs, des jeux littéraires plus
qu’autre chose.
Mais
un « écrivant » qui y prend plaisir et qui est heureux de se rendre
compte que d’autres prennent plaisir à le lire. Alors pourquoi
s’empêcher ? Au nom de quelle modestie mal placée ? Je me dis que ce
que j’ai fait je peux le donner, le faire partager tout comme je fais partager
mon journal, l’offrir en lecture à un micro-lectorat aussi limité soit-il,
viendra lire qui voudra. Je constate que le peu de textes que j’ai mis en
lecture a été apprécié. Certains sont dispersés dans des sites d’ateliers
d’écriture, d’autres dorment secrètement au fond de mon ordinateur, j’ai
plaisir aujourd'hui à faire un bouquet de certains d’entre eux, à choisir les
fleurs que j’y mettrais.
Une
confiance en moi que je n’avais pas, peut-être est-ce cela que m’ont apporté
avant tout les ateliers d’écriture. J’ai commencé avec des ateliers en ligne
chez Obsolettres (avec quelle résistance au départ : produire mes petits
babils journaleux ça je sais faire un peu mais écrire de la fiction, à la
commande de surcroît je m’en croyais incapable !) puis sur Paroles
plurielles, enfin je me suis risqué dans de vrais ateliers présentiels animés
par Coumarine. Je me suis aperçu que j’arrivais à produire quelquechose, que je
ne m’en sortais pas plus mal que d’autres, que ce que je produisais semblait
être lu ou entendu avec plaisir. Bien sûr l’accueil des textes dans des
ateliers est toujours plutôt favorable parce qu’il y a des attentes partagées,
de la complicité et de la connivence, on s’auto-écoute et on a tendance à
s’auto-congratuler, n’empêche il m’a semblé que ce que j’écrivais passait
plutôt bien. Mais il est vrai que dans l’atelier il y a en plus le plaisir de
la diction du texte, je me rends compte que ça j’adore, lire mon texte à haute
voix, c’est le moment où vraiment il s’incarne, je fais ça avec une vraie
gourmandise et je crois que ça joue pas mal pour faire apprécier les textes.
Ces
textes aussi fictionnels soient-ils sont aussi une partie de moi. La fiction
nous exprime, c’est bien une facette de ce que nous sommes, un complément à ce
qu’on donne à lire dans un journal, c’en est bien l’appendice et il y a sens à
faire figurer côte à côte ces deux expressions de soi.
Je
ne mettrai pas beaucoup de textes. D’ailleurs je n’en écris pas beaucoup. Ce
n’est pas non plus « un best of ». Ce sont plutôt des textes qui ont
créé une certaine émotion en moi en les écrivant ou des textes qui ont une
histoire. Chaque fois je donnerai le contexte de l’écriture, par exemple les
consignes s’agissant de textes réalisés en atelier d’écriture ou bien le
souvenir sur lequel l’écriture s’est appuyée. C’est une façon de réintégrer ces
textes dans mon histoire et de leur donner sens en complément du blog.
Pour
commencer voici « La dernière entrevue » que j’inclus parce que c’est
le premier texte de fiction que je me suis laissé entraîner à écrire depuis que
j’ai retrouvé ce goût des mots de fiction grâce à Obsolettres et « Une
passion », le texte produit pendant le week-end d’écriture d’Hurtebise en
mars. Quelques autres viendront ces jours-ci et je vous mettrai aussi à
l’occasion quelques textes d’une veine plus croquignolette puisqu’il en a été
question par ici il y a peu et que je prends plaisir à ce genre d’écritures.
A part ça aujourd'hui ? Une
réunion professionnelle très langue de bois ce matin, diable que je m’en sens
loin puis un déjeuner avec Ségolène ce midi, moment
excellent, nos mots se comprennent au quart de tour, que son regard est beau
quand elle rit et nous avons pas mal ri, vous savez, tout, presque tout, est
dans un regard…
Elle m’apprend qu’elle
arrête son blog. Dommage ! Très dommage ! J’aime ses mots, beaucoup. Mais je
suis sûr qu’elle continuera à écrire parce qu’elle a des choses à dire , à
creuser pour elle-même et parce qu’elle a le talent pour le faire, c’est ça qui
compte au fond, qu’elle écrive, pas qu’elle nous le donne. Pour certains (c’est
mon cas) c’est l’écriture prééxistente qui s’est enrichie de communication en
basculant dans la blogosphère, pour d’autres c’est l’expérience de la
communication en ligne qui mène à l’écriture plus secrète, plus réelle, chacun
son chemin, chaque chemin a sa valeur, bon vent d’écriture, Ségo, et bon vent tout
court, see you…
Dans le métro au retour, je
suis assis près d’une jeune fille rousse aux beaux yeux verts, son bras nu,
pâle, est tout contre le mien, Dieu, quel beau profil, c’est un Vermeer… Bon,
ce n’est rien, juste l’effet du rosé glacé bu avec Ségo tout à l’heure et de
cette chaleur lourde. Le vin parfois nous fait voir avec plus d’acuité ce qu’on
apercevrait à peine. J’en garde en moi l’image…