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Les échos de Valclair
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9 juin 2006

Anonymat moribond

Les journées de l’Association pour l’Autobiographie viennent de se terminer. J’y ai participé activement comme je le fais depuis quelques années déjà. En parler ou pas ? En parler en ligne ou en parler hors ligne ? Bon, je me décide, j’en parle ici, c’est un coup de canif de plus dans mon anonymat. Mais je sais que cet anonymat je le laisse filer de plus en plus ces derniers temps. Donc autant assumer plutôt que de s’obliger à des contorsions de plus en plus tortueuses pour tenter de le maintenir. Cela me conduira sans doute à glisser un peu plus vers le journal extime, à réserver mes entrées les plus intimes pour le hors ligne. Mais je ne pense pour autant que cela me conduira à une écriture consensuelle molle ou dépersonnalisée. Une part d’intime peut parfaitement continuer à se dire. Peut-être même est-ce un bon exercice d’écriture de trouver les moyens à la fois de rester au plus près de soi tout en évitant ce qui peut mettre explicitement autrui en cause, risquer de blesser, conduire à des conséquences néfastes dans les diverses sphères relationnelles qui sont les nôtres. Cela implique de jouer éventuellement de l’understatement ou de l’allusion, cela n’interdit pas les clins d’œil, ce qui ne pourra être compris que par tel destinataire ou tel groupe de destinataires. Tout cela peut j’ose le croire se faire en restant authentique. C’est en tout cas la condition que j’y mets pour que cela garde sens. Je ne dis pas que c’est facile. Je ne dis pas que cela sera toujours sans conséquences ou conflits. Le journal s’inscrit alors non comme simple observation passive de soi mais comme élément de la trame même de la vie.

Donc j’assume cette perte progressive de l’anonymat.

Sans « coming out » spectaculaire. En prenant soin de ne jamais associer dans un écrit ou sur internet mon nom d’état-civil et mon pseudo. Mais ceux qui me lisent et qui me connaissent par ailleurs dans la sphère de l’APA n’auront désormais plus aucun mal à faire le lien.

L’hésitation là-dessus est d’ailleurs présente depuis longtemps. Puisque il y a naturellement convergence entre mes activités diaristes et mes activités apaïstes il était inévitable que les deux mondes se rencontrent. Au tout début lorsque j’étais moins impliqué dans l’APA j’avais mis en ligne mes compte-rendus des Journées puisque personne sauf hasard n’aurait pu faire le lien, lorsque je suis devenu plus actif et connu ça m’est devenu difficile par crainte de perdre cet anonymat et j’ai pris la décision de laisser ces entrées hors-ligne, cette fois je renoue avec la mise en ligne en me sentant prêt à sacrifier délibérément l’anonymat.

Pendant ces Journées d’ailleurs je me suis senti un peu en malaise autour de ça. A plusieurs moments j’ai eu envie de me découvrir devant certains. Lorsque j’ai présenté mon atelier sur l’histoire de l’écriture personnelle en ligne j’ai eu envie de lâcher le morceau, de dire « j’en suis » et en même temps les résistances à le faire sont restées présentes et l’ont emporté. Et cela m’a gêné d’autant plus que, suite à un malentendu, j’ai commis moi-même une maladresse sérieuse en présentant un diariste présent d’une façon qu’il n’aurait pas souhaité. D’une certaine façon, ce bug m’oblige : puisque j’ai dévoilé des choses le concernant, comment moi pourrais-je m’autoriser à rester à l’écart ? Serait-ce ça le sens profond de cette maladresse : m’obliger, moi, à cette sortie du bois ?

( Ecrit lundi 5 juin) 

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Commentaires
I
Je pense que la sortie progressive de l'anonymat fait partie d'un désir de cohésion et d'authenticité. Les choses se font quand elles doivent se faire, quand on s'y sent prêt. Il ne faut pas forcer... mais pas retenir non plus. Je pense qu'on gagne quelque chose dans cette cohérence de soi.<br /> <br /> Moi j'y gagne une meilleure connaissance de moi-même, et probablement une plus grande force intérieure.<br /> <br /> Je dirais aussi qu'il n'y a pas de hasard, et qu'un anonymat qui tombe correspond à une "prise de risque" qui est aussi une possibilité laissé à la chance d'avancer en s'affranchissant de certaines limites.
Les échos de Valclair
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