Les Journées donc...
Ces journées de l'APA ont été très réussies me semble-t-il tant
sur le plan de la convivialité ce qui est habituel mais aussi dans le contenu
dont l’intérêt m’a paru plus continu que d’autres fois, que l’année dernière
notamment. Il y avait une bonne complémentarité entre les divers moments et
interventions même si toutes naturellement ne m’ont pas intéressés au même
niveau. Ici naturellement je suis dans le plus subjectif des
comptes-rendus !
J’ai particulièrement apprécié la présentation des
autoportraits de Michaux : on y a vu comment s’articulaient la quête
forcenée des visages et la difficulté justement « à faire visage »,
la part des ratures et des évanescences, tout cela étant très judicieusement
relié par la conférencière à l’enfance, à la vie et à l’ensemble de l’œuvre de
Michaux que je connais peu.
Un autre moment fort pour moi a été la découverte de
« Lambeaux », un beau spectacle , magnifiquement interprété par une
actrice unique (belle performance) construit à partir du texte de Charles
Juliet. Dans la rencontre qui a suivi Juliet qui était présent s’est exprimé
avec clarté et intensité, il est apparu paisible, serein, réconcilié, j’ai
envie de dire aérien, tant ses mots coulaient avec fluidité en allant à
l’essentiel. Cette intervention comme les explications de la comédienne sur sa
rencontre avec le texte et sur
l’historie de sa « mise en théâtre » me donne très envie d’aller voir
le texte original que je ne connais pas et qui prolonge la part sombre que nous
avons vu d’une part plus claire qui fait contrepoint et donne à l’ensemble une
tonalité sans doute bien différente.
Les deux entretiens à partir de pratique de
l’autoportrait le dimanche m’ont aussi beaucoup touché. Une jeune photographe a
expliqué comment la prise de photos d’elle-même, le travail sur celle-ci, le
sens qu’elle cherchait à leur donner participait de sa propre construction en
tant que personne, en tant que femme. Elle a parlé de l’appropriation qu’elle
devait en faire avant de pouvoir les donner à voir, des limites et des enjeux
de cette mise au regard public, ce sont des questionnements qui naturellement
résonnent particulièrement pour des diaristes en ligne.
Ensuite un peintre a présenté son travail en lien avec
sa vie et les difficultés qu’il a traversé, ce qui a donné lieu à un moment
d’émotion intense. Je m’étais dit à voir cette personne rôdant les jours
précédent parmi nous qu’il devait s’agir de quelqu'un cherchant à promouvoir
son travail et cherchant à vendre. Quelle erreur ! C’est au contraire une
personne pour laquelle le processus de création est vital, condition de sa
survie et d’une certaine résilience par rapport aux drames de sa vie, Il
faisait écho d’une certaine façon à la tragédie vécue soixante dix ans plus tôt
par la mère de Charles Juliet. Inutile de dire qu’après j’ai été faire le tour
des toiles exposées avec un autre regard et une autre émotion.
Mais ces journées m’ont offert aussi le plaisir de
retrouver Coumarine et de rencontrer pour la première fois l’Idéaliste. Je le
connais dans ses mots depuis longtemps, avant que je ne me lance moi-même dans
l’écriture en ligne (et sa lecture a été l’une de celle qui m’a donné envie de
franchir le pas). J’avais échangé par mails avec lui puis par échanges croisés
dans nos espaces de commentaires mais assez peu finalement. Et pourtant j’ai
l’impression de découvrir un vieille connaissance, un vieil ami, quelqu'un avec
qui beaucoup de choses profondes ont été échangées sans pourtant que nous ne
nous soyons jamais vus, quelqu'un dont je ressens les problématiques comme
parfois extraordinairement proches des miennes même si nos histoires et nos
vécus sont naturellement fort différents. Internet pour ça c’est magique. Combien
se trompent ceux qui disent que toute ces pratiques ne sont que fuite de la vie
et des relations réelles, que refuge dans le virtuel ! Non, elles sont un
moyen formidable d’ouverture et d’échange, un vecteur de vie.
(Ecrit mardi 6 juin)