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Les échos de Valclair
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11 juin 2006

Estivales

Ce week-end ça sent vraiment l’été et ça fait un bien fou...

Samedi matin je suis passé chez le coiffeur. Exit ma tignasse envahissante. Me voici avec le poil ras (enfin pas trop quand même !), un vrai ménage de printemps sur ma tête, c’est une petite renaissance.

C’est une bonne chaleur pour l’instant, pas écrasante encore. De celle qui fait se sentir bien. Dehors les femmes sont belles. Robes légères, longues jambes nues, épaules découvertes, rires des jeunes filles en fleur… Chaque année il me semble que je deviens plus sensible à cet aspect du printemps, à ce qu’il porte de poussée de vie, d’envie d’amour. Comme si se mêlait à mon regard, l’approfondissant, lui donnant une autre acuité, quelquechose de l’ordre de la nostalgie, de la distance infranchissable (ces jeunes filles naturellement ce n’est plus pour moi, je suis sur une autre pente) mais rappelant en même temps à chaque instant l’urgence de vivre ce qui peut l’être.

Nous sommes bien chez nous par ces temps là, profitant à plein de notre terrasse, un bonheur rare en plein Paris. Nous y prenons tous nos repas. Le chèvrefeuille a pris le relais des lilas fanés, il embaume le soir surtout, à cet instant où j’écris par exemple. Pas envie de cuisine apprêtée, repas froid, salades et charcuterie, juste une bonne pizza hier soir acheté chez le petit pizzaïolo en face, ce n’est pas une chaîne mais un artisan qui enfourne à la demande, il y a le rosé frais qui coule agréablement, ce temps est celui du rosé…

En début d’après-midi hier, nu sur le lit, velux entrouvert mais store tiré pour atténuer la lumière, bruit de la rue, rires des gens qui passent, lecture rêveuse, toutes sortes de sensations d’été et de vacances qui remontent, j’aurais eu envie d’une sieste coquine, mais ça ne s’est pas fait, c’est ainsi, les temps ne sont plus les mêmes, les années ont passées, pourtant ce devrait pouvoir se faire, nous sommes vivants encore…

Ensuite promenade en vélo et cinémas, au mk2 bibliothèque notre lieu cinéma favori, j’aime ce contraste entre le lieu fermé, la salle obscure, comme un cocon, et l’espace dès qu’on sort, ouvert, la part du ciel entre les tours, la Seine à nos pieds jusqu’au bord de laquelle on descend, on va voir l’avancée des travaux de la passerelle qui mènera dans le parc de Bercy, j’attends avec impatience son inauguration qui permettra un cheminement hors voiture entre deux lieux de Paris que j’aime.

Hier nous avons vu « Marie-Antoinette ». Relative déception. C’est beau, bien fait, il y a des images superbes, Versailles en majesté et la Cour dans toute son impeccable pesanteur, il y a une attention extraordinaire aux visages, à celui de Kirsten Dunst particulièrement, elle est superbe mais, mais, tout de même, je me suis un peu ennuyé… Le début est excellent. La scène où la jeune fille passe la frontière, bascule entre les deux monde est assez poignante et dit d’emblée presque tout. Beaucoup de scènes ensuite sont un peu répétitives, pesantes, c’est voulu sans doute, c’est une façon de montrer aussi cet enfermement de luxe, ces contraintes qui pèsent sur ces adolescents qui ne sont absolument pas maîtres d’eux-mêmes, happés dans des dispositifs d’alliance matrimoniale, contraints par une étiquette délirante et qui tentent de vivre tant bien que mal. L’émotion, à beaucoup près, n’est pas la même que dans les deux précédents films de Sofia Coppola, « Virgin suicide » et surtout, surtout, « Lost in translation » que j’avais trouvé admirable. Je suis resté plus à distance. Ce n’est pas la fameuse paire de « converse », entraperçue le temps d’un plan au milieu des escarpins d’époque qui y change quelquechose et qui rapproche le film de nous, ça me paraît gratuit (à moins que ça ne le soit pas du tout : hypothèse de mes fils qui me disent que ce plan a peut-être quelquechose à voir avec le financement du film !). La bande son par contre qui a également été assez critiquée me paraît très bonne, les basculements entre musique d’époque et rocks d’aujourd'hui passent très bien, font sens au moment où ils interviennent et donnent en effet au film une dimension temporelle plus large que celle d’un simple film de reconstitution historique.

Aujourd'hui j’ai vu « Le caïman ». J’ai beaucoup aimé. Le scénario est brillant, Nanni Moretti est très fort pour mêler de façon crédible différents plans du réel : il y a l’histoire d’un homme au mi-temps de sa vie, en pleine crise personnelle, (sa femme le quitte) et professionnelle (c’est un réalisateur de nanars sur la touche), un vieux gamin colérique et immature mais profondément tendre ; il y a la charge contre Berlusconi mais plus profondément l’interrogation sur le comment on en est arrivé là, sur l’évolution de l’Italie, sur la perte de substance de la démocratie, sur les renoncements d’une génération, celle de Moretti, la nôtre ; il y a le cinéma dans le cinéma, des mises en abyme qui permettent de jouer sur des registres totalement différents. Il y a de l’esprit d’enfance, de la démesure comique, on passe sans peine du burlesque le plus débridé à une émotion prenante. Les enfants sont très présents, craquants, comme l’est la jeune femme belle, solide et droite qui propose le scénario, tout cela est porteur d’espoir comme l’est aussi finalement cette tendresse que se manifeste le couple séparé dans ce ballet en voiture improvisé en sortant de chez le notaire. C’est un film sans complaisance, pas gai sur le fond quoique drôle mais profondément tonique.

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Commentaires
P
Curieux comme les sensibilités diffèrent. <br /> <br /> Je ne me suis pas ennuyée une minute, samedi, quand j'ai vu Marie-Antoinette. Parce que, dans ce film, je vois non pas des acteurs, mais une histoire, des personnages, de vrais personnages et cela m'intéresse d'aller rechercher, du coup, les tenants et les aboutissants et toutes les représentations picturales (de ce magnifique et terrible XVIIIème siècle) et de tous ces personnages. Ben, pour le résultat de mes recherches, j'ai rédigé une série de posts sur la correspondance de Marie-Antoinette, les points communs entre le film et les données de cette correspondance, j'ai essayé de comprendre l'arbre généalogique - j'aurais bien aimé aller plus loin, on pourrait faire, par exemple, un parallèle entre ce Marie-Antoinette et "L'Anglaise et le duc" de Eric Rohmer - ce duc EGALITE qui n'a pas craint de voter la mort de son (cousin?) en attendant de passer lui-même à l'échafaud. Note, il y a des "adoucissements" dans le film. On montre les dames de la cour partant en exil, alors que la princesse de Lamballe est rentrée à Paris et a été massacrée. Et sa tête promenée au bout d'une pique. On voit Choiseul, Mercy-Argenteau, les incursions dans la politique sont brèves, à peine la mention de l'aide française à l'indépendance des USA et le problème du pain et des grains... <br /> <br /> Mais je me suis plongée avec délices dans mes souvenirs d'un cours d'histoire. Sur la Révolution. Les spécialistes : Mona OUZOUF et François Furet... Notre prof nous avait mentionné Albert Soboul aussi, mais c'était un communiste (il faut le savoir). Bref, tout ça me changeait un peu du seul accent mis sur la "Terreur" (qu'on nous a épargnée, dans le film, et c'est une bonne chose...) <br /> <br /> Quant au côté "rocky", il ne m'a pas déplu du tout... Je trouve que le bal masqué filmé à "l'opéra" déchirait vraiment pas mal. <br /> <br /> Et le fleuriste chargé de la décoration florale des décors a passé des heures à courir à travers Versailles, avec ses corbeilles et ses bouquets et s'est dit que cela devait être proprement épuisant... <br /> <br /> Moralité, ça m'a beaucoup plu. Et je le reverrais volontiers, un peu comme Orgueil et préjugés d'ailleurs, dont j'attends toujours la sortie en DVD avec impatience !
V
Quand tu veux, Ségo! Naturellement ...<br /> <br /> Donc Traou tu en serais le 1° Juillet. Sympa. Et j'aime cette idée des lectures qui circulent entre nous, c'est une blogueuse qui m'a fait découvrir "Loin de Chandigarh"<br /> <br /> Ce que j'aime bien, Nuages, c'est le basculement des saisons, quand après une longue phase de temps médiocre comme celle qu'on vient de vivre on bascule dans autre chose. Ou lorsque après la sécheresse on peut profiter des premières belles pluies.
C
On s'y croierait ...<br /> Je suis d'accord avec toi sur Marie-Antoinette, j'ai été très déçue malgré un Versailles filmé comme jamais. Les émotions avaient du mal à passer sauf effectivement au début du film où elle quitte tout ce qui rappelle son pays, c'est maiger et je me suis demandée si je n'allais pas quitter la salle. Les belles images m'y ont retenue.
N
Je préfère le printemps et l'automne, la fraîcheur des matins, le vent qui caresse, et même une petite pluie par ci, par là.<br /> Mais ta description d'une tranche de vie estivale est très belle et sereine.
T
Ta tignasse aura repoussé au déjeuner du 1er juillet (que je dois encore confirmer, d'ailleurs) ;-)<br /> <br /> PS : J'ai acheté "Loin de Chandigarh", que je me réserve pour les vacances, et en préambule à mon prochain voyage...
Les échos de Valclair
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