Entre deux
Aujourd'hui j’ai mal
goupillé ma journée, j’ai été malmené entre moments de stress et temps morts.
J’ai terminé et je pensais rester au bureau attendant un pot pour un départ à
la retraite, ensuite je dois rejoindre de façon bousculée un autre repas
professionalo-festif. Je pensais m’occuper au bureau dans ce blanc, lire,
écrire, aller faire un tour sur internet mais je suis ici depuis huit heures du
matin, j’ai même mangé sur place, je n’en peux plus d’être entre ces quatre
murs. Donc je suis sorti, j’ai marché jusqu’à un petit jardin public proche du
bureau, je me suis assis sur un banc, il y a des gamins qui jouent au foot, des
mères ou nounous maghrébine foulardisés sur les pelouses, le bruit d’une eau en
cascade qui coule tout près de moi et qui est un bonheur, le ciel est
profondément bleu, l’air doux là où je me suis installé à l’ombre et près de
l’eau. J’essaie d’être là. Tout à fait là, dans ce moment de suspens. J’essaie
d’être bien.
La perspective des heures à
venir me pèse. J’ai accepté de participer à ces deux « fêtes ». Je me
force toujours un peu pour ces occasions, il ne faut pas se comporter comme un
ours, la vie professionnelle c’est aussi du relationnel non obligatoire dans
lequel il faut s’insérer de bon cœur, même si j’y reste toujours un peu ce
personnage social en partie éloigné de moi, même si c’est parfois un peu
artificiel et avec des gens vers lesquels je ne me serais pas senti porté
spontanément. Toujours est-il que c’est trop parfois, comme ce soir. J’aurais
dû prétexter de l’une des rencontres pour me dispenser de l’autre. Maintenant
je ne peux plus reculer puisque j’ai annoncé que j’allais au deux. J’ai hésité.
Encore une fois je n’ai pas su choisir, décider, je me suis laissé porter. Ce
n’est pas grave bien sûr. D’ailleurs tout ça, l’un dans l’autre, quoique
m’obligeant à me forcer sera certainement plutôt agréable au final.
Pour le moment j’ai très sommeil et je baille sur mon banc. Je crois que si je m’allongeais sur l’herbe je pourrais presque m’endormir. Je n’ai même pas pensé ce matin à prendre le bouquin d’Etty avec moi, ç’aurait été un bon moment pour lire que ce sas, j’aurais pu continuer ma lecture ici, dans cette ambiance plutôt agréable de jardin public en fin d’après-midi, j’aurais pu rajouter cette présence des mots d’Etty à ma présence à l’instant. Enfin j’ai ce carnet au moins où j’écris ces mots, à moitié pour m’occuper, à moitié pour me donner le sentiment de ne pas perdre mon temps. Difficulté toujours pour moi à accepter d’être seulement dans un état de pure passivité, de pure latence…
(écrit aujourd'hui vers 18h)