Sujet de thèse
Figurez-vous que je
suis sujet de thèse !
Ben oui !
Enfin, disons que je fais
partie du corpus étudié dans une thèse sur les diaristes en ligne présents sur la toile en 2003. Et oui, dans
ce monde tout jeune, je fais déjà partie des anciens même si je suis l’un des
plus récents de ces anciens !
Je ne peux pas dire que je
suis mécontent de me retrouver cité. Je n’ai nulle raison d’être flatté (mon
journal n’a pas été retenu parce que l’auteur de la thèse le trouvait
« bien » mais parce qu’il correspondait à ses critères), n’empêche ça
me fait plaisir, c’est une forme d’existence, c’est une forme de
reconnaissance.
Penser que mon site était vu
régulièrement par quelqu'un qui ne venait pas là à priori « en
sympathie », par attirance pour ce que je racontais mais pour analyser ma
façon d’écrire, de présenter, de m’impliquer, penser que j’étais un objet
d’études scruté par un œil de spécialiste de la communication, ça me fait tout
drôle. Un mélange de plaisir et d’une gêne légère à l’idée qu’il y a eu pendant
cette année de mes débuts ce regard tout particulier, derrière moi en
permanence, qui m’a suivi de façon attentive sans m’en informer, sans que s’en
sache rien. Naturellement je n’avais pas à être informé ce qui aurait pu
biaiser ma façon d’être, mon site est public, par définition qui veut peut
venir lire et en tirer ce qu’il a envie. Peut-être seulement à posteriori il
aurait pu être sympa d’être informé plutôt que d’apprendre l’existence de cette
thèse par hasard, enfin je n’attache pas pour ma part d’importance particulière
à ça, l’important pour moi est que cette thèse existe, ce qu’elle a à dire
sur un sujet qui me passionne et que je m’en vais découvrir.
L’auteur a pris comme base
d’analyse 25 journaux francophones créés entre 1998 et 2003. Sur 25 de ces
diariste 15 à ce qu’il me semble sont encore actifs, souvent la forme a été
modifiée (passage au blog par exemple), parfois même le nom du site ou le
pseudo de l’auteur ont changé mais la continuité entre les successives formes
d’expression est assurée. C’est beaucoup ça finalement 15 sur 25 pour un mode
d’expression que l’on dit si peu stable. Je m’y retrouve en très bonne
compagnie avec certains des diaristes dont je fréquente les mots depuis le
début de mon entrée dans ce monde d’écriture, avec qui j’ai eu des contacts
épisodiques ou noué des complicités plus ou moins importantes. Il y a là, entre
autres, Eva, l’Idéaliste, Lou l’ex insomniaque, Azulah devenue Xanthe, Sally, Marie, Ophélie, Sylvia…
On s’en sentirait presque
comme des ancêtres, comme des vieux sages recrus d’expérience au milieu de
l’océan des blogueurs néophytes. Cela dit naturellement sans forfanterie ou
sentiment de supériorité, juste avec ce petit clin d’œil de reconnaissance
mutuelle que pourraient s’adresser entre eux des anciens combattants ayant vécu
dans une autre époque. Allez les vieux ! Haut les cœurs !
La thèse qui
s’appelle : « L’écriture de soi, continuités et mutations. Du cahier
aux journaux personnels sur le web (1998-2003) » est d’Oriane
Desseilligny, elle a été soutenue à Nanterre au mois de mai, j’aurais bien aimé
y aller, petite souris silencieuse en fond de salle mais ce jour là je ne
pouvais pas me libérer au bureau. Philippe Lejeune qui sait que je m’intéresse
particulièrement au sujet m’a gentiment passé son exemplaire du pavé, (une
thèse c’est toujours un pavé !), pour l’instant je ne l’avais que
feuilletée, j’avais lu quelques pages par-ci par-là, elle était là sur mon
bureau en attente d’une lecture sérieuse, voilà je suis en train de m’y mettre,
c’est le moment, ma patte de travers qui par force libère du temps m’en offre
l’occasion…
Allez, j’avance un peu ma
lecture et je viens vous dire ce que j’en pense ou plutôt, plus subjectivement,
ce que j’en ressens...