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Les échos de Valclair
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17 juillet 2006

La force de la vie

Ce matin c’était étrange, dans l’évier de la salle de bain, il y avait échouée là je ne sais comment une guêpe bourdonnante, blessée sans doute. J’ai ouvert fort le robinet, le flux puissant, tourbillonnant l’a emportée dans la vidange. Mais à peine le robinet fermé je l’ai vu réapparaître, antennes frémissantes au rebord du trou. J’ai refait couler l’eau plus longuement cette fois. J’ai achevé ma toilette. Il a bien dû s’écouler dix minutes, un quart d’heure peut-être. J’étais occupé à me passer un coup de peigne dans les cheveux. J’ai perçu un bruit à peine audible, comme un bourdonnement. J’ai suspendu mon geste, attentif. Un bourdonnement oui... Et je l’ai vu réapparaître à nouveau, ses antennes d’abord puis son corps entier au débouché de l’évacuation, partageant avec nous humains cet acharnement à vivre, tellement persévérante, tellement tenace, je l’ai vue s’avançant lentement, comme elle pouvait, le long de la paroi lisse de l’évier, tentant de remonter, vers l’air, vers la lumière, poursuivant sa lutte…

Et moi alors, moi qui pourtant ne suis pas un fanatique de la préservation de la vie, qui n’hésite pas à l’occasion à liquider une mouche qui ne me fait pas d’autre mal que de m’agacer en bourdonnant autour de moi, je me suis senti une sorte de respect pour cette ténacité, une sorte de compassion pour cette forme vivante dépourvue – du moins je le suppose – de toute conscience d’elle-même. Je l’ai recueillie délicatement sur la pointe du peigne et, claudiquant, appuyé sur une seule canne, j’ai été jusque sur la terrasse où je l’ai posée dans la verdure de la plate-bande. Pour qu’elle y meure sans doute mais au moins ce sera au milieu des feuilles, dans l’air tiède, dans ce petit bout d’ersatz de nature…

J’ai eu envie de cette compassion et j’ai ressenti une joie très étrange de cette action minuscule  !

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Commentaires
A
j'ai adoré ce texte ! <br /> Quel bel exemple de prise de conscience face à la vie, inaliénable et triomphante dès qu'on se pose en "vivant parmi les autres", quels qu'ils soient.<br /> Oui, la vie est chevillée au corps de tout être animé et nous, humains, avons certaines responsabilités.. <br /> Un monde qui massacre ses animaux n'est pas un monde en évolution.. et chacun sait qu'au point de vu massacre, nous faisons fort, de plus en plus fort..<br /> Alors une simple guêpe ? oui, même une simple guêpe .. <br /> merci pour cette belle entrée..
C
Très beau texte.
B
que tu vas mieux....j'ai suivi ton accident ....<br /> <br /> Ces bestioles ont la vie dure non je veux dire qu'elles ne se laissent pas massacrer comme ça....mais moi je n'aurais pas agi avec autant de sympathie pour elle...;perdue dans la tuyauterie surtout une guêpe. D'ailleurs s'ils y en a qui s'aventurent à l'intérieur je m'arme d'une savate et hop je la liquide tu me trouves méchante ? Mais tu sais je suis obligée mon mari est asthmatique et je ne peux pas lui infliger la présence de cet insecte. Par contre ce matin dans mon jardin installée près du massif de lavande, les abeilles étaient toute à leur joie, j'ai pu même observer leur dard ....immense....mais j'ai remarqué surtout leurs aller-et-venue....sont organisées ces bestioles là....
N
Parfois, chez moi, une mouche, un papillon, un autre insecte volant, s'échine vainement à regagner le vaste monde, coincé derrière la fenêtre. Cela doit leur paraître mystérieux et inconcevable, une fenêtre, une barrière invisible et infranchissable qui les sépare du monde. Alors, j'ouvre la fenêtre et je tente, parfois difficilement, de les aiguiller vers l'air libre, pour qu'ils reprennent leur vol.
M
Entre claudicants on se comprend mieux !<br /> Merci Valclair pour le plaisir de lire ce genre de texte.
Les échos de Valclair
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