"Le voyage en Arménie"
Alors là ça canicule
sérieusement! On a excursionné jusqu’à la banque en plein milieu d’après-midi,
on dégoulinait vraiment, il nous fallait régler quelques problèmes surgis de
façon imprévue pour le financement de l’année universitaire de Taupin en Grande-Bretagne,
un petit souci de dernière minute en plus, ouch, ça fait beaucoup mais enfin
c’est réglé, je commençais déjà à imaginer notre départ repoussé une fois de
plus…
Enfin on en a profité aussi
pour faire un petit voyage en salle obscure et climatisée. On a vu «Le voyage
en Arménie » de Guédiguian. C’est vraiment un bon film. Par certains côtés
c’est quasi un documentaire qui permet de comprendre quantité de choses sur
l’Arménie d’aujourd'hui : on y voit comment vit ce pays, comment il sort
du communisme, entre délabrement social, capitalisme sauvage et petites mafias,
comment on vit ou tente de vivre à la ville ou à la campagne au pied du Mont
Ararat, comment s’y construisent les rêves de partir vers les pays riches,
rêves pleins d’illusions et en même temps qui s’expliquent si bien, on y voit
la fierté d’une culture mais on y ressent aussi les dangers d’une obsession
nationale. Il y a ce qui est explicité (Guédigian est toujours un peu pédago,
c’est ce qui peut agacer parfois dans certains de ses films) mais il y a aussi
tout ce qui se devine, ce qui se dévoile à travers un geste, un sourire, une
mimique.
Au-delà de cet aspect c’est
aussi une belle histoire de retour vers les racines, malgré toutes les
résistances, c’est une histoire tendre de rencontres ouvertes et de relations
qui se créent, profondes quoique tenant parfois à peu de choses, ce sont des
retrouvailles émouvantes avec un père…
Mais c’est aussi une belle histoire de famille à un autre titre, celle de cette tribu de cinéma qui avance ensemble de films en films, assumant une même histoire, depuis Marseille et l’Estaque, enracinée au départ dans une culture militante communiste mais matinée d’inévitables désillusions, une tribu éminemment sympathique et respectable même si tous les films qu’elle a produit ne sont pas tous aussi bons. Qu’Ariane Ascaride aille ainsi vers cette terre des ancêtres de Guédiguian c’est assez beau et de voir leur propre fille jouer dans le film est un symbole de ce voyage familial, il y a eu du plaisir à faire ce film, ça se sent et ça se communique au spectateur.
En rentrant chaleur toujours
écrasante malgré la nuit qui arrive, nous nous mettons sur la terrasse pour
grignoter, 31 degré encore, on aurait plutôt été mieux à l’intérieur
finalement, et puis soudain les bourrasques de vent, tourbillon de feuilles, en
un quart d’heure le ciel qui se plombe, l’orage enfin qui éclate, violent,
cette pluie bienveillante, moi debout sur le pas de la porte, pour m’en
abreuver…
Et puis maintenant à trois
heures du matin une nouvelle secousse d’orage qui me réveille. Le temps
d’écrire ces mots, de profiter de l’insomnie pour les poster, dernier envoi
avant départ, on part nous aussi, ouf, vers la Bretagne et plus de fraîcheur,
vers le premier bain, à bientôt…