Pilat

Nous voici sur les pentes du Mont Pilat dans la maison qu’a louée ma belle-mère pour trois semaines. Elle y a reçu successivement plusieurs de ses enfants et c’est à notre tour, à Constance et moi, d’y passer quelques jours. Une des sœurs est encore là avec son mari et son fiston mais doit repartir demain. On y a invité mon père aussi que ma sœur a conduit ici depuis notre maison du sud-ouest. J’entre donc dans un temps, famille, famille …

La maison est agréable. Ce n’est pas une maison pour la location mais le lieu de vacances depuis de longues années d’une famille qui n’y est pas présente pour le moment. Cela a un côté bien plus chaleureux, on sent que c’est une maison habitée, la décoration n’est pas impersonnelle, il y a des photos de famille aux murs et des albums photos à feuilleter sur une étagère, il y a des revues, des livres et des cd, il y a quelques petits fouillis bien sympathiques. La terrasse donne plein ouest sur des plateaux et des croupes recouvertes de sapins puis au-delà vers les monts du Forez. Il est agréable de s’y poser quand la météo le veut bien. Le temps est médiocre. De grosses masses nuageuses passent poussés par un vent froid, il y a de brutales averses et quelques jolis coups de soleil…

Nous avons tenté quelques petites promenades hier et aujourd'hui, pas grand chose, des balades de deux-trois heures. C’est là que je vois que ma jambe ce n’est pas encore ça. C’est autre chose que le bitume parisien, j’avance laborieusement et surtout je fatigue vite sur des chemins inégaux, avec des pentes, des pierres à surveiller, des passages en dévers surtout qui m’obligent à des torsions désagréables. Ce soir je suis un peu recru et j’ai un bon mal de dos. Je ralentis la troupe naturellement ce qui m’est désagréable et même mon octogénaire de père me laisse en arrière. Lecture, écriture, ce pourraient être les deux mamelles de mes activités mais je n’en ai pas toujours envie, les vacances pour moi c’est aussi le corps en mouvement, le grand air, l’effort physique. Pourtant je fais des efforts ça oui mais ce n’est pas le bon effort que je sens bien accordé au corps, en harmonie, cette sensation agréable que j’ai pendant l’été les autres années d’une machine qui se dérouille progressivement après les mois parisiens de relative immobilité, non là ça tire et ça coince, il faut que j’y aille doucement, je crois bien que je vais me retrouver de nouveau vissé à mon bureau à Paris avant même d’avoir retrouvé une marche harmonieuse. Sans doute ce lieu dont l’intérêt principal est la randonnée pédestre n’est-il pas le plus adapté pour un marcheur convalescent mais voilà c’est là que je suis, il faut que j’accepte tout cela sans me sentir frustré.

(Ecrit le 12 Aout)