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Les échos de Valclair
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10 septembre 2006

Inappétence à écrire

Mot un peu savant et prétentieux pour ce titre peut-être... Mais c’est celui qui m’est venu, c’est vraiment ce que je ressens, en ce moment je n’ai guère l’appétit d’écrire.

J’ai des insomnies du matin très régulières ces jours ci, je m’éveille vers quatre heures et me rendors parfois, parfois pas, vers six heures, six heures et demi peu avant que mon réveil ne sonne. C’était typiquement le genre de moment où j’aimais à griffonner sur mon petit carnet ou même à me lever et à descendre avec l’ordinateur pour écrire. Ces derniers jours je ne l’ai pas fait. Pas l’énergie, pas l’appétit. L’envie elle y aurait été, j’ai des thèmes de chroniques qui m’ont traversé, des tas de choses que j’aurais voulu retenir pour moi, dire pour les autres. J’aurais voulu parler du film de Ken Loach et de celui de Michel Gondry, de Natascha Kampusch, de ce qui me fascine dans cette histoire et de ce qu’il peut y avoir de malsain dans cette fascination, du 11 septembre et de ce dont il est le symptôme, cette fracture du monde, effrayante et qui s’aggrave... Mais je suis resté sur mon lit, dans l’obscurité, l’esprit flottant, pensant à tout, ne pensant à rien, laissant l’heure tourner. Hier soir même chose, j’avais du temps, je pensais écrire mais au bout du compte je me suis simplement assis devant la télévision et j’ai regardé un film.

A quoi cela tient-il ? Peut-être seulement à une forme de fatigue. Il faut accepter sa fatigue. Et celle-ci est liée à la charge de mon travail professionnel en cette rentrée. Pour moi écrire est un travail, je ne suis pas de ceux dont les mots coulent avec facilité, il me faut les tirer de moi presque au forceps et ensuite les malaxer pour les organiser d’une façon qui me convienne à peu près. Alors le travail après le travail non, même si c’est un autre travail, même si c’est un travail que j’aime, il y a aussi besoin de la pure détente, du laisser aller, du repos.

Mais peut-être n’y a-t-il pas que cela. Peut-être y a-t-il aussi une certaine difficulté vis à vis du fait de tenir journal. Cette tentative de retenir les choses, de retenir le temps est parfaitement vaine naturellement, je l’ai toujours su, mais elle est suffisamment puissante en moi pour jour après jour me faire accumuler les mots. Il m’arrive de me dire qu’il me faudrait peut-être un jour décider d’arrêter tout cela de façon volontariste, de cesser de me préoccuper de conserver, de vivre le présent et seulement le présent. Ecrire certes encore à l’occasion, mais uniquement dans le plaisir du moment : et ce plaisir là est plus vif, m’apporte plus de satisfaction quand je m’affranchis de moi (ou du moins du moi immédiat, quotidien), bref quand je titille du fantasmatique et du fictionnel plutôt que quand je ressasse mes jours. Je ne renie pas du tout ce journal. Tel quel et même si je devais l’interrompre il fait sens. C’est une tranche de vie, d’affects, de pensées, d’émotions esthétiques, cinématographiques, littéraires, d’un homme ordinaire, au tournant de sa cinquantaine et au tournant entre deux siècles. Comme tel cela vaut d’être conservé, comme trace d’un être et d’un temps, relu plus tard, peut-être ou peut-être pas, par quelques descendants ou par quelques simples curieux mais qui y trouveront une part infime de leurs racines.

Et puis j’ai peut-être aussi une moindre motivation à ce qui est l’autre aspect de ce journal, lié celui là à la mise en ligne, la communication qu’il induit, la vie dans le blogomonde. Je n’ai pas retrouvé dans ma façon d’aller lire les autres à cette rentrée le même allant qu’auparavant, je survole plus que je ne lis, je n’ai pas aussi fortement l’envie du partage de mes propres mots. Je remarque d’ailleurs que je ne suis pas le seul dans le petit canton que je fréquente habituellement, sous des formes diverses, plus ou moins radicales, il y a chez certains des attitudes de retrait ou de mise à distance. Cycles et variations normales mais là qui surgissent chez plusieurs avec une certaine convergence dans le moment qui est frappante.

Bon, mais là ce matin, finalement je suis venu écrire, j’ai démarré et l’appétit, comme souvent, est venu en mangeant !

 

Etait-ce bien la peine de venir écrire tout ça ? L’ai-je écrit pour dire que je vais me faire plus rare, pour prévenir en quelque sorte mes lecteurs, pour me dédouaner à leur égard, comme si je m’étais créé une quelconque obligation ? Peut-être. Et d’ailleurs vais-je me faire plus rare ? Ce n’est même pas sûr, l’appétit va peut-être revenir. Va-t-en savoir !


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Commentaires
C
Je viens ici pour te dire tout le plaisir que j'ai eu en lisant ton texte sur paroles plurielles. Je me suis totalement fondue dans tes mots, entrevoyants la scène, presque présente, presque voyeuse. Une scène très réaliste somme toute ;-)))
M
C'est grave docteur? Si vous n'avez plus envie d'écrire, j'ai toujours autant d'appétit à vous lire!
S
Chers tous,<br /> <br /> Je me sers de l'excellent blog de Valclair (pour de vrai) pour vous donner des nouvelles d'Ann Enomy et de Elle Nh. Venez nous retrouver sur notre vidéo blog ! <br /> Bien cordialement à vous.<br /> http://solangeetdelphine.free.fr/blog.html
C
Je n'ai pas de blog et n'en aurai jamais,mais je tiens ,bien cachée,une sorte de journal intime avec moi seule.<br /> Je vais sur certains blogs, lire, je suis une lisante profiteuse! une curieuse voyeuse sans doute!!!<br /> Les blogeurs qui racontent leur vie, sont un peu exhibitionistes.<br /> Et alors?!!!<br /> Tout va bien si tout le monde est content.
V
Merci de vos commentaires.<br /> <br /> Je ne m'en vais pas mais je suis le bon conseil de Traou, je ne me force pas, plutôt ça que les médocs...<br /> Ma lassitude concerne l'écriture en général, indépendamment même du blog, peut-être que c'est le blog justement et l'envie de communiquer qui peut participer à me remotiver.<br /> <br /> Allez, juste pour Pivoine: le dernier Ken Loach, ben, c'est pas mal naturellement, beau, bien fait, efficace, mais ce n'est pas et de loin, celui qui m'a le plus plu ou ému. Un peu trop linéaire, un peu trop téléphoné, rien qui ne surprenne ou saisisse, une façon de filmer peut-être un peu trop classique.<br /> Et puis tiens tant que j'y suis dimanche je me suis régalé avec Little Miss Sunshine, bonne rigolade et pas mal d'émotion mine de rien. Allez-y, on en sort assez réjoui, ça fait du bien.
Les échos de Valclair
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