Plaisir du fictionnel
Je n’ai quasiment pas eu le
temps d’écrire ces derniers jours, j’ai eu un week-end très occupé entre de
multiples activités de gestion de vie courante samedi (avec un petit ciné quand
même) et promenade puis repas avec des amis toute la journée de dimanche. Et
puis ce début de semaine c’est chaud au boulot, ma secrétaire est absente et du
coup j’assume moi-même la part incompressible et urgente de son activité,
inutile de dire que je ne suis pas sorti tôt du bureau.
Samedi j’ai donc quand même
trouvé le temps d’écrire pour la dernière consigne de Paroles Plurielles,
alléché par le thème (oui, oui, j’aime assez écrire dans l’érotique). Et je me
suis amusé en effet. Il y a quelquechose de si ludique à être dans l’invention,
à partir sans savoir où l’on va puis à sentir petit à petit une histoire qui se
dessine. Il faut démarrer bien sûr, parfois on n’y parvient mais dès qu’on
passe ce moment un peu délicat, dès que l’imaginaire parvient à se mettre en
branle, c’est du pur plaisir. Souvent l’histoire change tandis qu’on avance.
Elle vit et se développe parfois en nous surprenant nous-même. On a en même
temps le plaisir de la création et le plaisir de la découverte. Ensuite, une
fois qu’on tient le bon bout, que l’histoire (ou l’historiette, soyons modeste)
est construite, écrite, qu’elle a son rythme général, avec ses articulations,
ses moments d’attente, de suspens ou au contraire d’accélération, il y a le
plaisir de la relecture et du peaufinage : descendre au plus près de chaque
phrase, s’assurer de son euphonie, de son rythme, enlever un mot ici ou là, en
rajouter un (dans trois quart des cas il vaut mieux enlever !). Ça peut
prendre pas mal de temps mais c’est un temps plaisir aussi, on sait déjà que
l’on a abouti, on est déjà dans la récompense de ce qu’on a fait, on est
lecteur prenant plaisir à son propre texte et plaisir supplémentaire à tenter
de l’améliorer.
Tout ça ne vaut pas que pour
les textes de qualité de « l’écrivain » reconnu ou qui serait digne
de l’être, ça peut fonctionner même pour les textes modestes des amateurs que
nous sommes, indépendamment de la qualité intrinsèque de ce que l’on produit.
C’est un geste d’artisan au fond que l’on fait, avec la satisfaction qui va
avec, celle du travail bien fait, au niveau où l’on est.
Cette écriture là n’a pas ce
côté parfois douloureux du journal lorsqu’on tournique sur soi-même, lorsqu’on
tente d’aller au fond de ses propres affects, grattant là où ça fait mal au
risque d’aviver les plaies. Elle n’a pas non plus le côté laborieux de
l’écriture qui cherche à mettre en ordre, à clarifier, à expliciter pour
soi-même et pour les autres des idées que l’on a en soi ou encore de construire
une analyse sur un livre que l’on a lu, un film que l’on a vu.
Ces textes là je ne les mêle
pas au journal. Je les mets à part sur mon autre site.
Je viens d’y mettre
« Au revoir Madame Smith » écrit samedi pour Paroles Plurielles. J’en
ai profité pour rajouter aussi deux autres textes plus anciens. « Le
Labyrinthe », une nouvelle un peu plus développée que j’avais faite pour
Obsolettres. J’ai mis celle ci notamment parce qu’une lectrice qui ne me
connaissait pas m’avait écrit à l’époque que cela devait dire beaucoup de moi,
sur le moment ça m’avait surpris mais à la relire je me dis qu’en effet ce
n’est pas faux. Et puis, dans la catégorie pink, j’ai posté « J’étais
là » une nouvelle partie d’un jeu libidino-littéraire initié par Tristana,
Ségolène et quelques autres.
J’espère que vous prendrez à
les lire un peu du plaisir que j’ai pris à les écrire.
Et si je n’ai pas trop le temps d’écrire mon journal ces jours-ci ça vous donnera quand même un peu de Valclair à vous mettre sous la dent, histoire que je ne me laisse pas trop oublier...
Á ce texte, écrit en partie
hier soir, en partie ce soir, il me reste à rajouter un autre élément de ce
plaisir d’écrire. Celui des retours des lecteurs. Je viens de voir que la
publication de ma petite nouvelle dans Paroles Plurielles a donné lieu à des commentaires louangeurs.
Y a pas, ça fait plaisir et ça encourage … Merci.