De parenthèses en parenthèses
Trois jours encore où j’ai
été dans le boulot jusqu’au cou ! Je reprends pied un peu ce soir. Ma
secrétaire était malade de nouveau pendant ce début de semaine, elle revient
demain, ouf. C’est dans ces situations que je vois tout le boulot qu’elle abat
et que parfois on ne juge pas à sa vraie valeur. Je me souviens d’un proviseur
qui évoquait dans une réunion ses problèmes avec « son petit
personnel ». L’imbécile ! Je comprends qu’il en ait eu des problèmes,
avec un tel mépris condescendant annoncé d’avance.
J’ai repris pour ma part mon
travail lundi quasi au saut du train en revenant d’un riche week-end, j’ai
juste eu le temps de passer me changer et me débarbouiller chez moi et hop,
j’étais au bureau, avec ce sentiment étrange de mes mois et de mes mondes
tellement différents qui se collisionnent, de ma personne qui doit passer sans
transition, sans sas de décompression (ou de recompression) d’un personnage à
l’autre.
Je voulais en parler de
cette parenthèse qui était riche, intellectuellement, humainement mais ce sera
pour un peu plus tard, honnêtement ce soir j’ai un peu la flemme. Pour le moment
j’ai envie de lire mon journal, de regarder la fin de « l’état de
Grace » qui m’avait bien amusé (il paraît que ce feuilleton fait un bide,
curieux ça, je me serais plutôt attendu à ce qu’il accroche le public, y
compris pour de mauvaises raisons) et puis aussi de griffonner quelques petites
lignes sur la photo d’Alain, mise en consigne dans Paroles plurielles et qui
titille avec insistance mon imaginaire.
Mais c’est curieux ce sentiment que j’ai souvent de vivre de parenthèses en parenthèses. Comme s’il manquait quelque part l’élément structurant, l’axe fixe autour duquel tout pourrait se construire et prendre sens. Ou suis-je exactement dans tout cela ? Ça me rappelle l’histoire du philosophe chinois qui au réveil s’interrogeait sur la question de savoir s’il était philosophe chinois se rêvant papillon ou papillon se rêvant philosophe chinois. Ma vraie vie n’est pas d’un côté plutôt que de l’autre. Elle est des deux côtés à la fois (ou des trois ou des quatre). Je suis un. Je suis multiple. C’est ainsi. Parfois simplement les collisions sont un peu brutales…
Cela remet peut-être
simplement en cause une conception un peu totalitaire du moi. Tiens au fond
tout ça n’est pas très éloigné de certains thèmes qui ont été discutés pendant
ce week-end. Oui, décidément, je crois bien que j’y reviendrais.