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Les échos de Valclair
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28 janvier 2007

Rebond

Les envies qui se manifestent en moi, ce besoin de renouveau relationnel, affectif, sexuel que je ressens si fort, tout cela est sans doute d’une affreuse banalité. C’est un peu ce fameux « démon de midi », (quoiqu’il soit plutôt en l’occurrence celui de quatorze heures, je m’y prends tard !), ce moment où l’on veut retenir une jeunesse qui s’enfuit, où l’on se dit qu’on voudrait pouvoir vivre encore des choses intenses, que ces émotions là ne sont pas finies.

Les figures peuvent en être diverses. La plus classique peut mettre en jeu, le mari volage et la femme trompée et c’est ainsi qu’en parlait une blogamie dont je ne donnerais pas le lien car je crois qu’elle souhaite désormais bloguer discret mais beaucoup de ceux qui viennent ici la reconnaîtront. J’ai eu envie de rebondir sur son entrée.

Par moments je me dis : est-ce à cela que je tends ? Préserver mon couple tranquillement ouaté dans son silence, m’attribuer un petit supplément d’âme, le beurre et l’argent du beurre comme le disait la blogueuse en question et quelques crémières en prime pour le fun.

Si c’est ça évidemment ce n’est pas très glorieux et ça nous ramène aux figures les plus éculées de l’adultère bourgeois.

N’y a-t-il pas une autre figure possible. Celle où dans le couple, l’un comme l’autre assume avec clarté cette situation, ou elle est pensée comme possible pour l’un comme l’autre. Puisque la rencontre sensuelle ne se fait plus ou se fait mal dans le couple pourquoi ne pas reconnaître qu’elle puisse se produire ailleurs et l’accepter. Que Monsieur puisse avoir ses crémières et Madame ses crémiers. Que les relations se jouent dans la fluidité avec leur géométries variées, dans la tolérance et le respect. Un peu, je crois, ce que recouvre ce concept de polyamour que j’avais croisé il y a certain temps déjà dans des notes de Pierre l’Idéaliste. Á le dire, à poser les choses simplement en termes rationnels, cela m’apparaît comme une évidence absolue. Á le vivre, à l’assumer, c’est bien sûr une autre paire de manches.

Constance et moi avons chacun déjà fort heureusement nos activités séparées multiples à l’extérieur, des relations propres liées à ces activités, des gens que l’on rencontre, avec qui l’on dîne, avec qui on échange. Constance a ses week-end de yoga, et quand on sait tout ce que cette pratique induit de réflexions sur la conscience profonde, sur l’être au monde, sur les relations avec les autres, il est vraisemblable qu’elle développe avec les personnes qu’elle fréquente dans ce cadre des relations fortement affectivées. De même elle passe de longues heures avec une vieille copine-confidente avec qui j’imagine elle parle de tout, y compris de ces sujets qu’entre nous nous sommes incapables d’aborder. Moi de mon côté je m’investis dans mon écriture, dans mon activité associative, dans ma blogo-addiction et dans les relations à multiples niveaux que je crée dans ces mondes. L’écran m’est une maîtresse exigeante, bien plus pour l’instant que telle ou telle femme de chair. Nous avons donc déjà chacun nos jardins secrets, et c’est bien et c’est normal. Pourquoi ne pas se reconnaître d’emblée à l’un et à l’autre que le corps puisse s’en mêler. Quelle sacralisation extrême du corps on opère ainsi. Pourquoi y aurait-il soudain une telle différence, une telle frontière lorsque avec l’ami(e) confident(e) le corps deviendrait partie prenante ? Pourquoi alors glisserait-on obligatoirement vers la dissimulation active et les mensonges avérés ?

La parole que je souhaite n’est pas une parole qui viserait à une transparence absolue à laquelle je ne crois pas, qui ne me paraît même pas souhaitable, il ne s’agit sûrement pas de tout se dire, les jardins secrets sont nécessaires, il s’agirait seulement de reconnaître à chacun le droit mutuel à des jardins secrets dont les émotions affectives, les désirs, les corps seraient partie prenantes.

Je n’ai pas la naïveté de croire que c’est sans risque. Dans mon esprit il ne s’agit nullement d’être dans du pur libertinage, la simple partie de jambes en l’air, le corps détaché des affects. Et je sais très bien que l’affectif est imprévisible, que le cœur a des raisons que la raison n’entend pas, qu’il peut nous mener ailleurs que là où on pensait le cantonner. Bien sûr on peut s’y brûler douloureusement. Bien sûr il y a du risque. Mais le risque c’est la vie. Est-ce qu’on ne crève pas à petit feu de notre peur du risque ?

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Commentaires
V
Mais le désir justement ce n'est pas simple. Il faudrait dire les désirs d'ailleurs car il en est de tous ordres. Et ces désirs ne se focalisent pas forcément tous sur une même personne.
F
Et le désir ? C'est ce qui est important non ? Le désir d'être ensemble, de rester ensemble, ou pas.<br /> Le désir ne peut s'inventer, ni se simuler.<br /> <br /> On peur parler, ou se taire, mais dans un couple, on le sait si le désir est là ou non. N'est-ce pas ?
P
Ces réflexions et questionnements me ramènent quelques années en arrière...<br /> <br /> Tout ce que chacun peut dire n'est qu'avis personnel, en fonction d'une dynamique de couple singulière, et à ce titre très imparfaitement transposable à toute autre situation. Ce genre de "choix" (dire ou taire) ne peut se faire que du plus profond de sa conviction et demande une interrogation personnelle très poussée, longuement mûrie. Autant de personnes et autant d'opinions.<br /> <br /> Ce qui importe, c'est de "bien vivre" ce choix, quel qu'il soit. Car c'est avec celui-ci qu'on poursuivra son existence...
C
Si il y a questionnement, c'est qu'il y a malaise. Mais , j'aurai juste envie de te poser la question suivante: - Tu partages quoi avec ta femme? je veux dire, si tu ressens ainsi le besoin de découvrir autre chose, c'est parce que tu ressens un malaise. Et si tu passais à l'acte, tu continuerais à vivre quoi avec ta femme? N'est ce pas l'arbre qui cache la foret? Tout changement est un dééséquilibre qui en amène d'autres. La question fondamentale est donc: que partages-tu avec ta femme? Qu'est ce qui vous rapproche? Qu'as tu envie de vivre avec elle?
V
J'écoute vos paroles, toutes empathiques, et vous en remercie.<br /> J'en prends certaines, certaines non bien sûr.<br /> Alain, sur l'accord clair dans le couple comme objectif (fantasme dis-tu pour ta part) principalement masculin, oui, peut-être, je m'interroge sur ce point... <br /> Ce que tu décris Samantdi correspond assez à ce que j'ai pu vivre un peu l'an passé, ce que j'appelle l'amitié amoureuse. Mais c'est maintenant que la question du silence devient envahissante, que le mensonge par omission me devient insupportable (d'autant qu'il est rarement uniquement par omission, il nécessite toujours plus ou moins des stratégies de dissimulation), faisant éclater sans doute d'autres besoins, peut-être plus profonds, plus radicaux.<br /> Cette photo sur la plage dans mon entrée d'aujourd'hui sur "Climats" n'est pas là par hasard!<br /> Sinon s'il y a bien au point sur lequel on est surement tous d'accord c'est que les dynamiques relationnelles sont à peu près imprévisibles et que chaque histoire est unique.
Les échos de Valclair
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