Intermittences
Oui, le temps superbe a
continué hier.
Oui nous avons réussi à
décoller dès le matin, nous avons enfourché nos vélos, pique-nique dans le sac,
nous avons suivi la Seine puis la Marne puis nous avons pédalé en long et en
large dans les allées et les chemins du bois de Vincennes puis sommes revenus
par la Promenade Plantée et la Bastille, je me sentais en harmonie, je me
sentais présent dans le moment et Constance était détendue, souriante, presque
gaie…
Oui j’ai été tonique tout au
long du week-end, j’ai enrichi mon blogomonde d’une sympathique rencontre en
vrai, j’ai eu des démangeaisons d’écriture, j’ai mis le nez dans de vieilles
paperasses avec un certain plaisir à la recherche de repères de dates pour en
faire quelque chose pour les ricochets kozlikiens, j’ai été deux fois au cinéma
et vu deux assez bons films, « L’Etoile imaginaire » et « Little
children » sur lesquels j’aurais envie d’écrire une note, surtout sur le
second…
Oui, c’était donc un bon
week-end, même un très bon week-end !
Pourquoi alors hier dimanche
en fin d’après-midi ai-je ressenti cette bouffée d’amertume et de
découragement ?
Pourquoi ce sentiment de
lassitude à l’idée de la semaine de travail qui va commencer, plus ça
va, plus je me sens à côté de tout ça, foncièrement déconcerné, n’en voyant
presque plus que les routines ?
Pourquoi cette envie
d’écrire d’hier brusquement délitée, pourquoi alors que je la sentais d’abord
comme devant être ludique et légère (tout en sachant qu’elle ne serait pas sans
signification ni intérêt plus profond) l’ai-je perçue comme problématique au
point de me dire « à quoi bon ? »
Pourquoi mon regard
silencieux devant Constance, tendue, assombrie, préparant avec conscience mais
dans le déplaisir les documents nécessaires à sa semaine de travail ?
Pourquoi mon incapacité à porter ma main vers elle, lui dire un quelconque mot
tendre ou d’encouragement ?
Pourquoi ce pincement en
pensant à certain(e)s de mes blogami(e)s chez qui en ce moment ça bouge, ça vit
avec intensité ?
Pourquoi toujours ma ligne
grise ?
Pourquoi cette impression
qui soudain me taraude qu’avec mes « distractions », qu’avec mes
écritures, qu’avec tous mes petits bonheurs, (si précieux pourtant et que je
crois savoir apprécier, goûter à leur juste valeur), je suis à côté de
l’essentiel et j’en alimente même la machine de mon immobilisme ?
Pourquoi ce réveil intempestif bien avant l’aube, pourquoi ces pensées qui me reviennent, qui me font sortir mon petit carnet et qui m’y font tracer ces lignes ?