Mots rétifs
Il y a des jours comme ça.
Des jours où les mots se rebiffent. J’avais prévu un après-midi tranquille
largement consacré à l’écriture avant un week-end qui devrait être assez
occupé. Je voulais avancer mes ricochets, rédiger l’entrée 2005 pour laquelle
j’avais une idée.
Mais très vite j’ai bloqué.
Complètement. Sans doute parce que ce que j’ai choisi d’évoquer n’est pas
facile. Mais une fois commencé je voulais terminer. Plus j’insistais moins ça
allait. L’envie même de l’écriture s’est dissoute et même l’idée que ce que je
voulais dire avait un sens. Ce qui devait être un plaisir, boosté par une envie réelle, a basculé dans le pensum.
Mais j’ai persisté plutôt que de décider de sortir ou de prendre un bon livre.
Je me suis enferré. J’ai essayé d’autres approches, d’autres débuts. Sans plus
de succès. Comme si je ne voulais pas abdiquer.
Ce qui entre parenthèses
donne une autre explications à ma tendance aux hésitations. Je me connais. Je
sais que je suis souvent plus que persévérant, bêtement obstiné. Et que quand
je prends une décision de ce type (car ce n’est pas vrai de tous types de
décision) je veux aller au bout quitte à en perdre tout plaisir en route. D’où
ma circonspection au départ. D’où l’idée de ne m’engager qu’en étant sûr que je
veux vraiment y aller. Certitude cela dit largement fallacieuse j’ai eu bien
souvent l’occasion de m’en apercevoir ! J’investis la situation d’un
sérieux dont elle n’a pas besoin, je m’impose des obligations qui ne sont que
celles que je me donne.
Pour revenir à ces ricochets
pourquoi et pour qui importe-t-il que j’aille au bout, que je suive
scrupuleusement l’ordre des années, que je tienne l’objectif d’une
participation hebdomadaire ? Pour personne naturellement. Ce doit être un
jeu d’abord, la source d’un plaisir (même si c’est un amusement qui n’est pas
tout à fait innocent).
Ensuite, entre deux
tentatives, je me suis mis à zapper me disant que j’allais faire ceci ou cela
mais sans me mettre véritablement à rien, j’ai été lire des sites mais en
diagonale, j’ai vaguement répondu à des courriers, j’ai fait du rangement dans
mon disque dur, bref toute chose qui donnent un riche sentiment d’accomplissement.
Pour reprendre un terme récent je pourrais dire que j’ai « buridané »
toute la fin d’après-midi.
Bon je sais bien qu’il y a
des jours comme ça. Si ça bloque c’est sans doute qu’il y a des raisons qui
tiennent non pas à l’écriture mais au sujet auquel j’ai voulu me coltiner. Je
sais aussi que si ça bloque en surface peut-être que ça travaille en
profondeur. Et que demain ou après-demain peut-être les mots viendront avec
facilité et évidence. N’empêche j’ai passé un moment désagréable. Je n’ai pas
su m’arrêter à temps comme souvent.
Lorsque j’ai lâché le
clavier pour aller préparer le dîner j’avais en plus un sérieux mal de crâne
(fréquent ces temps ci quand je passe trop de temps sur l’ordinateur).
Et après le dîner qu’est ce
que je fais ? J’ai laissé tomber pour l’instant mon entrée récalcitrante,
mais n’empêche je viens reprendre le clavier pour raconter comment je n’ai pas
réussi à écrire cet après-midi !
Si c’est pas un peu de
l’addiction ça !