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Les échos de Valclair
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26 mars 2007

La pensée du crabe

J’ai ces derniers temps de petits désagréments de santé récurrents, des remontées aérophagiques, l’impression d’un poids dans l’abdomen, la sensation fréquente d’avoir l’appétit coupé alors que je suis pourtant un amateur bon vivant des plaisirs de bouche. En soi ces désagréments sont assez limités. Je ne souffre pas, ce sont juste des gênes. Mais ils ramènent avec eux la pensée du crabe, cette idée de la maladie dangereuse qui pourrait cheminer souterrainement à bas bruit avant de se déclarer dans l’horreur. Le désagrément physique devient alors secondaire, ce qui pèse c’est l’anxiété laquelle naturellement focalise mon attention sur les gênes que je ressens, les entretenant, les nourrissant, les magnifiant. L’anxiété alors colore tout le paysage, s’invite dans tous les moments où je ne suis pas concentré sur l’action, dans les moments de latence ou de rêverie, les projections dans l’avenir s’en trouvent brusquement assorties d’un codicille effrayant : « oui, bien sûr, je vais faire ceci ou cela, sauf si… ». Et au-delà bien sûr s’invite aussi la pensée que de toute façon inévitablement la mort sera au rendez-vous, il faut le souhaiter d’une façon moins terrifiante que par le cancer, nul ne sait sous quelle forme, par accident ou par surprise ou par affaissement dans la grande vieillesse mais ce sera, il viendra ce moment à la fois tellement évident et tellement inconcevable et chaque jour nous en rapproche…

Le caractère récurrent de ce genre de manifestations somatiques depuis de longues années me rassure en partie. Je connais ma tendance parfois à être malade imaginaire. A d’autres périodes d’ailleurs il m’est arrivé d’avoir des angoisses du même ordre mais dans une toute autre sphère corporelle. J’avais une gêne dans le thorax et l’épaule, le sentiment du cœur trop gros dans ma poitrine, l’impression que la crise cardiaque allait me tomber dessus à la première occasion.

Je me dis : Tu te connais, Val, ça t’arrive de temps en temps. Encore une fois ce ne sera rien. Sans pouvoir m’empêcher de me dire aussi : oui, mais justement si cette fois-ci c’était quelquechose. Après tout ça arrive, tu en connais plus d’un, éclatant de santé, que rien ne semblait menacer et que soudain le crabe a rattrapé.

J’ai vu mon médecin la semaine dernière qui ne semblait guère inquiet. Mais je l’ai trouvé insuffisamment clair, incapable de me donner des explications convaincantes à mes malaises récurrents. Il me suit depuis pas mal d’années, je le pense sérieux donc je continue avec lui mais c’est vraiment un médecin traditionnel avec une approche purement corporelle, il n’est guère dans l’écoute et le dialogue comme je le souhaiterais. Cette fois j’ai insisté tout de même pour qu’il me prescrive des examens complémentaires. J’ai une certaine réticence à multiplier les examens. Je n’ai pas trop envie de contribuer à ce climat de surconsommation et surmédicalisation qui nous entoure. Enfin c’est la raison officielle que je me donne. Peut-être qu’il en est une autre, paradoxale et irrationnelle, celle de la peur tout simplement, la peur de découvrir effectivement quelquechose et qu’il faille alors entrer dans une autre perspective, dans le combat terrifiant.

Je n’ai pas encore fait cet examen. J’ai attendu quelques jours pour prendre rendez-vous en me disant « bof » mais finalement je me suis décidé et déjà d’avoir fait la démarche il me semble que ma gêne s’est atténuée. Il serait idiot de passer à côté de quelquechose, et d’ailleurs, si cet examen n’a pour fonction que de me rassurer, c’est une raison suffisante. Donc ça ira mieux encore lorsque j’aurai le résultat. Enfin, j’espère…

Aujourd'hui cela sent fort le printemps. C’est à cela qu’il faut être attentif, aux plaisirs simples qui vont avec lui, à la marche tranquille par exemple qui ce matin m’a mené par de petites rues paisibles de chez moi à mon bureau, à la sensation de l’air doux sur ma peau, à la caresse d’un soleil tendre sur mon visage…

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Commentaires
F
Je serais assez de l'avis de Charlotte, mais en tout cas tu as bien fait de te décider à te faire examiner... cela ne peut pas faire de mal, au contraire. Bon printemps quand même !
F
Juste un petit sourire en passant...<br /> Carpe diem en effet :)
V
Je suis un peu speed au boulot pour les quelques jours qui viennent et du coup j'y pense moins à ce qui se passe là-dedans, dans le ventre, dans la caboche... Et en tant qu'édoniste je remettrais bien mon h, tiens, je crois que je m'en sentirais mieux!<br /> <br /> Merci en tous cas aux un(e)s et aux autres de vos passages gentils, ils m'ont fait plaisir.
S
je joins ma main à la caresse du soleil tendre sur ton visage...et je t'embrasse moi aussi.
E
Rien de pire que de rester dans le doute, l'inquiétude et les suppositions.<br /> Tu nous tiens au courant hein !
Les échos de Valclair
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