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Les échos de Valclair
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2 avril 2007

Paris est toujours plus ou moins une fête

J’étais assez solitaire ce week-end et sans obligation particulière, Constance étant partie à un week-end de yoga et Bilbo jouant au courant d’air comme souvent le week-end désormais. Vendredi soir et samedi j’en ai profité pour aller au cinéma, j’ai vu « Golden door » et « J’attends quelqu'un » deux films intéressants, attachants, surtout le second, j’en dirais peut-être deux mots demain si j’ai le temps, là j’ai plutôt envie de parler de mon dimanche musard, de ma belle journée de dimanche…

J’ai été dans le Marais d’abord et me suis arrêté à la Maison Européenne de la Photographie. J’aime bien ce lieu où sont présentées souvent en même temps plusieurs petites expositions donnant, sans conduire à l’épuisement de vastes rétrospectives, un aperçu, un bref kaléidoscope d’éléments très différents de la création photographique. J’y suis rentré en me forçant un peu, il faisait si beau dehors. Je me disais : « J’aimerai encore plus être dans l’air et le soleil, à la campagne de préférence, en contact avec la nature, dans ce qui est plus vrai que les images, que les constructions de l’art et notamment des arts contemporains souvent terriblement conceptuels ».

J’ai eu cette crainte notamment avec Trash, photographies construites à partir de la récupération du contenu des poubelles de diverses célébrités. Le concept est intéressant certes, il dit beaucoup de choses sur notre société mais ne crée guère d’émotion. Plus émouvantes sont les photos pleines d’humour et d’humanité de Richard Kalvar accrochant les drôles de terriens, hommes ou animaux dans des poses insolites ou à l’occasion de rapprochements incongrus. Dans un autre registre, plus métaphysique, parlant du temps, de l’effacement, du rapport entre l’humain et les images ou figures de lui-même qu’il crée il y avait deux oeuvres très prenantes, pour ne pas dire un peu angoissantes, les « Memento Mori » d’Edouard de Pazzi et surtout le montage « Digital diaries » de Catherine Ikam et Louis Fléri. Devant celui-ci (ou plutôt dans celui-ci) je suis resté un long moment, baigné, porté par le flux continuel d’images en relief venant vers moi, se transformant puis s’effaçant notamment en fonction des effets que le spectateur peut induire grâce à une télécommande. Bref je n’ai pas regretté ma visite.

Sorti de là, heureux de retrouver l’air, le ciel et la lumière, je suis descendu sur les quais réservés aux piétons,vélos et rollers le dimanche et suis revenu à petite allure, appareil photo dégainé. Arrivé au bassin de l’Arsenal je suis tombé sur un carnaval vénitien. J’y étais un peu tard, c’est dommage, il s’achevait, la gondole sur laquelle les personnages costumés avaient été promenés était en train d’être ramenée au port. Mais c’est ça qui un peu magique aussi, c’est ça qui a inspiré mon titre: un beau week-end de printemps ou d’automne en se promenant dans Paris on a de bonnes chances de tomber sur un spectacle, une parade, un concert auquel on ne s’attendait pas, sur le plaisir d’une surprise. Les costumes tous magnifiques ont continué un moment encore à parader sur le quai prenant la pose pour nous et nos appareils photos, nous regardant de leurs yeux absents, visages impénétrables derrière les masques immobiles, figures mystérieuses porteuses de rêveries. Je suis resté un long moment sous le charme.


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J’ai continué ma marche en franchissant le Pont d’Austerlitz et en m’engageant dans le Jardin des Plantes. C’est un vieux complice pour moi ce jardin de Paris, j’y allais déjà au début de mon adolescence pendant les quelques années où j’ai habité à proximité avec mes parents. Il est riche de la variété de ses espaces (et de ses espèces), riche à certaines saisons de floraisons superbes. En ce moment deux arbres notamment qui se font pendant, l’un rose, l’autre blanc sont au pic de leur floraison. Un coup de vent, une averse violente, ce ne sera déjà plus pareil. Mais là ! Les branches, lourdes de fleurs, retombent jusqu’au sol, créant des voûtes sous lesquelles on peut se tenir, je me suis glissé, émerveillé, sous ce dais de fleurs, sous ces plafonds enivrants de blancheurs et d’odeurs. Mais ce parfum délicieux ni les mots ni les photos ne le rendront, non rien ne rendra cette réelle présence, il fallait juste y être…

Et puis il y avait aussi sur les parterres le délicat et lumineux tremblement des pavots, ces soleils…


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Cette beauté là est d’une autre nature que celle des photos ou même que celle des masques vénitiens. Elle est plus immédiate, plus enveloppante, plus réelle. Elle est plus directement sensible, elle n’a pas besoin de la pensée. J’ai eu le sentiment à mesure que passait cette journée de monter des marches sur un chemin de beauté, chaque marche était un plus et mon état d’esprit était à l’avenant, porté lui aussi par cette progressive montée en beauté.

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Commentaires
M
"Ce jour n'aura pas son semblable. Chaque instant est un joyau inestimable" (Ta Kuan)
T
Tiens, ces deux mêmes films étaient au programme de mon week-end également. J'attends ta/tes chroniques à venir... Merci pour cette promenade sereine.
N
"une progressive montée en beauté" ! que cela sonne juste !<br /> Une très belle chronique d'un dimanche parisien.<br /> Je suis déjà allé souvent à la Maison Européenne de la Photographie (j'y ai vu des rétrospectives Salgado, William Klein, Depardon, entre autres). Il y a aussi les expos photographiques à l'Hôtel de Sully...
Les échos de Valclair
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