Un moment
Tout à l'heure il y eu ce
moment. Une précieuse goutte de temps. J’ai passé l’après-midi avec l’amie
chère. Le temps long de nos vacances, nos vies sur nos chemins si différents
nous avaient tenus éloignés. Mais comme on se retrouve aisément ! C’est la
présence toute entière donnée. Et c’est bien autre chose tout de même que des
mots croisés au fil du web.
Les heures à la terrasse du
Rostand puis sous le soleil joyeux dans le jardin du Luxembourg ont passé comme
une flèche, au moment où j’ai regardé l’heure lorsque nous nous sommes quittés,
je n’en revenais pas que l’après-midi soit si avancée. L’Amour ? Je n’en
sais fichtre rien. Il y a tant de formes et de déclinaisons de l’amour, la
majuscule, voyez, se fait minuscule. Inatteignable étoile ! Mais c’est à
coup sûr une palpitation de cœur, une lumière dans le regard, un tremblement de
peau, ce sont des mots qui trouvent si facilement ceux de l’autre, à demi-mots,
à quart de mots. Voilà…
Et je te regarde t’enfoncer
dans les profondeurs du métro et c’est à la fois ce bonheur du moment qui vient
d’être vécu et qui perdure en moi et rassérène et ce léger pincement de
l’absence.
Maintenant je suis rentré à
la maison. Il n’y a personne mais nos voisins de l’autre côté de la cour jouent
avec leurs jeunes enfants, fusent leurs exclamations joyeuses. J’ai déplié la
chaise longue sur ma terrasse jardin, je me suis servi un grand verre d’eau
pétillante bien fraîche, j’ai entamé la lecture du Monde qui m’attendait dans
ma boîte aux lettres à mon retour. Je suis bien, je ne peux pas dire le
contraire, mais me voici revenu à mes quotidiennetés, à mes rythmes de papi
tranquille, tiens, il ne me manquerait plus que des charentaises…
Mais je laisse mon Monde. Et
sors mon petit carnet pour écrire ces quelques lignes, pour prolonger en moi ce
moment qui déjà s’éloigne. Et c’est plaisir en soi que ce billet écrit sans
peine et sans effort, comme de source.