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Les échos de Valclair
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16 novembre 2007

Fatigue

Je suis rentré étrillé du boulot ce soir.

Mon planning a fait que contrairement à l’habitude où je travaille à portée de pied de mon domicile j’avais comme par hasard hier et aujourd'hui deux journées de travail lourdes et impliquantes en elles- mêmes et situées de surcroît à l’autre bout de Paris.

J’ai donc fait en surplus d’un horaire déjà chargé une bonne heure de vélo dans chaque sens. Et encore il faisait très beau, quoique froid et d’un certain côté c’était presque un plaisir. Mais ce n’était pas la même chose que le vélo promenade des dimanches, c’était une circulation difficile, tendue, impliquant de louvoyer entre les bagnoles au milieu des gaz d’échappement, il n’y a pas partout des pistes cyclables…

Et pourtant ce n’était qu’une heure de vélo ! Je mesure mon privilège quand je pense à ceux qui habitent de lointaines banlieues et qui sont contraints quotidiennement, indépendamment de toute grève, à passer de longues heures dans les transports. Et je comprends qu’ils puissent enrager à galérer encore plus en ce moment.

Aujourd'hui j’animais une formation. Je devais avoir douze personnes, je n’en ai eu que six. Je me doutais bien qu’il y aurait des manquants mais autant c’est très gênant pour la suite. Je m’étais fait un point d’honneur à être à l’heure par respect pour ceux qui allaient tenter de venir même si nous n’avons finalement démarrés qu’avec beaucoup de retard.

Non décidément ça ne colle plus ces formes de lutte ! Je dis cela indépendamment même de ce pourquoi les gens se battent et qui mériterait sérieusement d’être questionné, j’avais dit mon opinion là-dessus déjà ici. Je comprends cela dit tout à fait l’exaspération des minorités combatives qui portent le mouvement car il y a en effet dans ce gouvernement un tropisme tellement fort vers les plus riches qu’il est inévitable de susciter la colère. L’alignement, justifié, des régimes de retraite ne peut se faire sans réaction violente quand par ailleurs on fait des cadeaux fiscaux mirifiques et qu’on triple l’argent de poche du président. Mais cette exaspération je ne peux l’approuver. Ce à quoi elle conduit n’est plus acceptable. La démocratie dite formelle l’est bien plus que la démocratie des AG, on a rêvé des soviets, on sait où ils ont conduits.

Pour moi la vraie question c’est comment se fait-il que ce pays, que cette société n’ait pas été capable de produire une offre politique telle que Sarko ait pu être battu, comment sa fait-il que ne puisse s’y structurer des forces capables d’adapter tout en préservant ou en confortant ce qui doit l’être ?

Je ne me reconnais plus, mais plus du tout dans les combats de la gauche radicale.

Ça fait des années que c’est comme ça mais c’est drôle j’ai toujours un peu de mal à l’admettre et à le dire.

Comme s’il y avait toujours à difficulté à vraiment faire un deuil pourtant accompli depuis des années.

Comme si j’avais une gêne à m’assumer comme le social démocrate que je suis.

En tout cas je suis rentré pompé et un peu déprimé de ces deux journées.

Et, résultat des courses, je suis resté à la maison alors que j’avais la possibilité d’un sympathique dîner de blogueurs ce soir, j’aurais bien mieux fait de me secouer pour y aller plutôt que d’écrire ces mots grise-mine mais je n’ai pas eu le courage de réenfourcher mon vélo dans la nuit et le froid une heure après être rentré ou d’affronter les attentes pour avoir de rares métros.

Allez je crois que ça va être dodo rapido, non sans la lecture d’abord de quelques pages d’un bon livre, à moins que je ne m’endorme dessus à peine l’aurais-je ouvert.

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Commentaires
B
Mais pourquoi vouloir niveler par le bas plutôt que de faire accéder plus de personnes à ces régimes ou créer d'autres équivalent ? Pourquoi réformer signifierait il toujours détruire ?<br /> J'essaie de voir plus loin que demain et je vois se dessiner le spectre de la retraite par capitalisation concurrençant puis remplaçant celle par répartition, ce qui est l'objectif de ce gouvernement. Contre ça, c'est aujourd'hui qu'il faut se battre. Après, il sera trop tard.
V
Je pense en effet qu’on ne se mettra pas d'accord là-dessus, cher Berlioz, tes arguments représentent assez bien la position de cette gauche radicale dont je me sens définitivement sorti.<br /> <br /> Bien sûr qu'il ne faut pas en finir avec les acquis de 45 mais il faut les adapter, les transformer et cela passe entre autre par la remise en cause de certains avantages liés à des statuts. La pénibilité elle est ailleurs aussi que là où il y a les régimes spéciaux, tiens dans les hôpitaux par exemple, mais sur les chantiers aussi, ou même sur les marchés, je pensais précisément à ça ce matin en achetant de la brandade à la petite dame portugaise qui me disait qu’elle l’avait préparée ce matin à quatre heures avant de venir installer son étal.<br /> <br /> Ce qui à craindre aussi en bataillant à tout crin, en refusant toute évolution impliquant certes la remise en cause de certains des acquis c’est qu’il y a le risque d’en prendre plein la gueule, ce n’est pas pour rien que la direction de la CFDT (par conviction de fond et je partage assez sa position en général) et même de la CGT (par analyse du rapport de force) sont moins radicales que leurs bases. Et le Sarko qui l’avait joué assez soft au départ, il commence à montrer les dents, il se dit qu’en plus il va pouvoir capitaliser là-dessus, défaire les syndicats, et qu’il en aura d’autant plus les coudées franches pour la suite. On n’aura rien gagné !
A
Quoi qu'il en soit, bon courage pour le début de semaine. Et vive le vélo. Pédaler, c'est bon pour la santé (dixit notre ministre!).
B
Je regrette de voir que tu sembles contaminé par le discours ambiant, celui du gouvernement relayé avec joie par l'ensemble des médias. Pourquoi l'alignement des régimes de retraites seraient alignés alors que le travail et sa rémunération n'est pas du tout le même et, de surcroit, pourquoi alignés vers le bas sur le moins disant qu'on a, par le passé déjà, fait régresser ? Travailler en horaires décalés, manipuler des objets lourds, être soumis à longueur de journée aux récriminations et plaintes des usagers, subir les chocs des suicides de passagers sans bénéficier de soutien psychologique par son employeur, travailler dehors par tout temps sur des pylônes, être appelés en pleine nuit pour une intervention d'urgence sont des exemples que nous aurions peine à accepter pour le salaire qui va avec, qui l'ont été par certains avec la promesse d'une durée limitée.<br /> <br /> Quant à ta deuxième question ou, plutôt, celle qui te semble être la vraie, m'amène à cette réflexion faite par un dirigeant socialiste il y a quelques années de ça disant que son parti était mieux placé pour faire les réformes qui ne plaisaient pas, ce qui veut dire faire la politique de la droite avec un étendard de gauche.<br /> <br /> Pour moi la vraie question est pourquoi ce système ne marche plus aussi bien; et la réponse est connue. C'est parce qu'on a exonéré à tour de bras les entreprises d'une part de plus en plus importantes de leurs cotisations sociales (ce qu'ils appellent charges) sous prétexte de créer des emplois ou de les conserver, objectif loin d'être atteint. On sait bien que ces créations de la sécurité sociale et des caisses de retraites n'ont été acceptée par le patronat français que parce qu'à la sortie de la guerre il était entaché d'une collaboration sans borne avec l'occupant. La droite décomplexée c'est celle qui n'a plus honte de dire qu'il faut en finir avec les acquis de 1945, destruction qui sera sans doute suivie de la suppression des acquis de 1936 pour finir par ceux de 1848. Là une pause sera ménagée, les français ne sont pas encore prêts pour le retour au servage.
Les échos de Valclair
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