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Les échos de Valclair
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20 novembre 2007

Zapping temporel

Un blog ce n’est pas seulement sa surface au jour le jour, c’est aussi sa profondeur, ce qui résulte peu à peu de l’accumulation semaines après semaines, mois après mois, années après années de couches successives d’écriture, un millefeuille de la vie.

Et pour moi ça commence à faire, voilà presque cinq ans que je suis en ligne. Ce qui ne manque pas de déclencher un léger vertige. Cinq ans déjà !

Je fais un tirage papier de mon journal tous les ans. Ça me fait une grosse liasse par année, pour l’instant ce sont des feuilles volantes dans une chemise, il faudrait au moins que je prenne la peine de les relier. Mais de toute façon ce n’est que le texte, il n’y ni les photos, ni les commentaires, ni bien entendu les liens. Il m’arrive de feuilleter. Le papier certes c’est plus agréable pour une éventuelle lecture en continu. Mais lirais-je jamais en continu ? Je ne pense pas. Redérouler le temps prend vite un aspect angoissant, pour qui l’a écrit, pour qui l’a vécu, ramenant à la figure du diariste la vanité de son entreprise, conserver l’inconservable, arrêter le temps.

Par contre le zapping peut être agréable. Ça c’est la magie des liens internes qui permettent de s’affranchir de la lecture linéaire, d’ouvrir quasi simultanément plusieurs tiroirs du temps. On se fait ainsi à soi même des clins d’œil mais parfois aussi quelques grimaces. Certaines anecdotes ne nous disent plus rien, elles sont oubliées, en retrouver les mots n’y changera rien. Dans d’autres cas le souvenir est encore là, tapi dans les replis de la conscience, la lecture des mots peut en raviver l’image, ramener plus fortement l’ambiance de l’instant. A moins que la lecture du texte écrit sur le moment ne contredise au contraire le souvenir qu’on a gardé. Ah bon, ce bouquin je l’avais perçu comme ça en le lisant, bizarre ! Tout est possible, c’est ce qui crée les surprises et fait le charme de ce genre de promenade à rebrousse temps.

En fait j’avais eu envie d’aller à la rencontre d’un tout début. Je voulais retrouver quelque chose du moment où avait commencé de se construire ce qui allait devenir une certaine blogobulle. C’était . Je me revois très bien dans ce café, attendant, avec l’inévitable pointe d’angoisse de ce genre de situation, je revois très bien l’arrivée de celle que j’attendais, son mouvement pour s’asseoir, son sourire, la façon dont les uns les autres on s’est reconnus, le tour de chant lui-même, la jolie dame discrète qui nous observait, le pot pris tous ensemble ensuite... Et de là j’ai eu envie d’aller ici, à cette soirée qui fut le grand moment de cette blogobulle. Bien des blogs dont elle se nourrissait ont disparu ou sont en sommeil. Qu’importe, ce furent de très jolis moments qui restent pour eux-mêmes et il en reste des amitiés oh combien vivantes, oh combien précieuses.

De là j’ai filé à mes tous débuts, retrouvant avec un zeste d’émotion mes premiers balbutiements en ligne. Je dis toujours : j’ai commencé à écrire en ligne au 1° janvier 2003. Vrai et faux. Tout était prêt mais il m’a fallu presque un mois pour oser faire le clic décisif, permettant de basculer dans l’océan extérieur, vers ce vaste monde qu’on n’appelait pas encore la blogosphère. Et il m’a fallu encore une bonne quinzaine pour commencer à me donner un peu de visibilité en osant m’inscrire à la CEV.

Evidemment une fois rendu là-bas, dans ce vieux temps du diarisme en ligne, je ne pouvais qu’avoir envie de cliquer sur les liens de l’époque. La plupart évidemment mènent au vide. Pas tous. Ils permettent alors d’entrer dans le temps passé d’autres diaristes, certains qui ont déserté leur espace, d’autres qui sont toujours actifs.

Certaines préoccupations ne changent pas. Fixer le temps déjà disait Eva. Elle le dit toujours, je le dis toujours, nous savons parfaitement que la tentative est vaine, c’est là peut-être notre névrose commune à nous tous diaristes au long cours, que nous soyons de papier ou de clavier.

Amusant un moment cette plongée. Il ne faut pas en abuser. La rétrospection ne vaut que pour enrichir le présent. Allez, j’ai des mails à écrire pour préparer demain…

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Commentaires
V
Mais Christine le blog il est encore plus exposé. Le raccourci est sur le bureau de mon ordi. Comme une invite inconsciente? Qui sait. <br /> En tout cas il est plus accessible que des monceaux de papiers au milieu d'autre monceaux de papier sur des rayonnages. Mais c'est vrai que dans la version papier il y a aussi certaines entrées que je ne mets pas en ligne, plus intimes pour le coup et plus dérangeantes.
C
Un tirage papier de mon blog ? J'avoue que je n'y avais jamais songé mais je crois aussi que c'est par crainte que des proches puissent lire certains écrits. N'as tu pas la crainte que ton épouse ou tes enfants lisent tes écrits quelquefois très intimes ?
V
Ton passage par ici, chère Ségo, ne peut que me faire particulièrement plaisir.<br /> Car de cette entrée tu étais, avec quelques autres, une destinataire toute spéciale.
S
" En fait j'avais envie "....<br /> tout est dit...à mes yeux...de la manière parfois dont on remonte le fil pour se nicher au coeur du passé dans des désirs présents...<br /> et je relève ce mot de Pierre <br /> " J'aime bien te voir faire ces petites excursions dans le passé, tout en le maintenant à la distance révolue qui convient ".<br /> <br /> Distance révolue ?<br /> Oui et non.<br /> Car de ces moments là en sont nés d'autres, plus forts encore, appelés à vivre ou à s'éteindre et disparaitre...<br /> mais à créer un ensemble, un fil conducteur.<br /> Celui du temps qui s'écoule et de la vie comme une chaîne d'assemblage.<br /> Et ton entrée en parle merveilleusement bien.
V
Ben oui, Alain, faut s'y faire, on est les vioques! Mais dépassé, pas si sûr. Sympa aussi le mélange des générations internautiques.<br /> La mise sur papier vient de mon histoire. Je tenais journal avant de mettre en ligne, je continue d'ailleurs à écrire sur word et pas directement sur le blog, je copie colle ensuite mon texte dans le blog. Donc moi la version papier c'est un pli qui est pris et qui est naturel. Mais j'y attache désormais moins d'importance, ce qui compte surtout et ce qui permet ces promenades c'est bien la version électronique. Mais je suis attaché à l'idée d'une préservation de tout ça, sous une forme ou une autre, comme une trace...<br /> Bienvenue Miss Line, je n'avias jamais croisé ton blog, j'aime bien ça voir surgir dans ma blogosphère des inconnu(e)s appartenant à de tous autres cercles que les miens, je m'en vais de ce pas découvrir ton journal.<br /> Pierre content de t'avoir vu passer spécialement dans ce temps où tu es en retrait blogosphérique, il est toujours là le Pierre, si, si... Sourire.
Les échos de Valclair
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