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Les échos de Valclair
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12 décembre 2007

Derniers films vus

Je n’ai pas tenu du tout la chronique des films que j’ai vu dans la dernière période par manque de temps mais de motivation aussi. J’aime pourtant bien ensuite feuilleter ces petites notes qui fixent mes impressions. En les écrivant d’ailleurs je revois le film et parviens en général mieux à l’apprécier. Il y a parfois des chroniques de ce type que j’ai commencé en me disant « bof ! » mais que j’ai terminé en écrivant « finalement pas si mal ! », j’ai boosté mon plaisir en en cherchant les raisons. L’ennui c’est que pour que ça marche, il faut que je fasse l’exercice dans une proximité temporelle suffisante tant que la vision est encore fraîche et précise.

Je me contente donc pour aujourd'hui de noter les derniers films vus sans approfondir comme je l’aurais aimé. Je ne le fais peut-être que par obsession de la trace, peut-être serait-il plus sage de laisser l’oubli faire son œuvre…

« L’Heure zéro »: un film détente comme on dit. Bof qu’en restera-t-il ? Pas grand chose. Le plaisir d’une atmosphère sans doute et de personnages à la Agatha Christie mais le trait est souvent forcé, certains personnages surjouent ca qui affaiblit l’ensemble (pas François Morel qui est très bon, le film est meilleur dans la deuxième partie quand il est à l’écran).

« Le Rêve de Cassandre » : c’est un Woody Allen très sombre. Allen comme toujours est très habile, il construit de façon parfaite ses histoires aux mécaniques complexes et au personnages très sombres. Le cynisme implacable de l’oncle fait sourire avant de conduire tout en douceur à la tragédie. Le jeu du chat et de la souris entre l’homme à assassiner et les deux frères qui le poursuivent est mené en un époustouflant ballet. Et pourtant de tout ça il ne restera pas grand chose, parce que l’émotion n’est pas vraiment présente, c’est un jeu brillant que l’on regarde avec plaisir mais à distance.

 « Les Promesses de l’ombre » : ce dernier opus de Cronenberg m’a plutôt déçu, il est moins original que d’autres, il gratte moins fort sur ces questions qui mettent mal à l’aise, récurrentes chez Cronenberg, celle des faux semblants, de la dépersonnalisation, du corps devenu matériau et des frontières de ce qui est proprement humain et de ce qui ne l’est pas. Ces thématiques sont toujours présentes mais sur un mode mineur. Certaines scènes sont hyper violentes. J’ai vraiment dû fermer les yeux pendant la scène au hammam, ce dont je ne suis pas coutumier. Ce n’est pas une violence esthétisée comme elle l’est chez Tarantino par exemple, ce qui la met à distance. Je sais que Cronenberg insiste beaucoup sur la nécessité de montrer cette violence, brute, sans apprêt. Peut-être. Mais n’est-ce pas trop ? Je ne crois pas qu’expliciter avec trop d’insistance donne plus de force, au contraire.

« De l’autre côté » : c’est un très beau film sur l’exil, sur les exils croisés plutôt, sur les doubles cultures, les contradictions douloureuses qu’elles créent mais aussi sur la richesse qu’elles portent. Plus largement c’est un film sur l’accueil de l’autre, sur le pardon, sur comment s’assumer comme humain. Hanna Schygulla, vieillie, alourdie, y est magistrale, la scène, où, dans la chambre d’hôtel, elle se laisse aller à son deuil est d’une force absolue. C’est un film qui est loin d’être gai mais dont on sort plutôt rasséréné parce que la vie continue et parce que les barrières finalement s’estompent, qu’un avenir commun peut se construire à partir des origines différentes. Pendant ce film je ne pouvais manquer d’avoir une pensée pour une certaine blogueuse qui, j’imagine, a dû le voir et qui sûrement devrait avoir quelquechose à nous en dire, qu’en pense-tu, chère Ada ?

« Faut que ça danse » : c’est une comédie brillante où l’on rit beaucoup mais où le burlesque se frotte au tragique. La bouffonnerie côtoie avec élégance tout autant les ombres de la Shoah que celle du vieillissement inévitable et de la mort qui approche. Marielle, absolument formidable est le passeur inspiré du film, il se joue admirablement à lui-même une comédie échevelée parce qu’il a compris que c’était la seule solution possible face au désespoir. Parfois un film repose en grande partie sur les acteurs. Sans rien enlever des mérites de la réalisatrice, c’est le cas ici. Marielle colle formidablement à ce personnage improbable. J’aime un peu moins les scènes de cauchemar que je trouve un peu appuyées mais pour tout le reste il a une présence extraordinaire à la fois drôle et émouvante.

« My blueberry nights » : c’est une jolie romance à la Won Kar Wai, qui parle de la solitude des villes et qui parle d’amour, le tout porté par la musique et par le mouvement de l’errance dans une Amérique dépersonnalisée. La première partie à New-York crée le climat, fait lentement entrer dans l’ambiance de douceur moelleuse des fins de nuits des bars à solitaires, la seconde avec le flic alcoolo est plus faible et passe mal, la troisième électrisée par Natalie Portman en joueuse impériale réanime le film, ravive l’intérêt et peut conduire sans encombre à voir enfin, par la grâce d’une jolie construction cinématographique, ce qu’on avait seulement supposé, ce fameux baiser, donné mais non vraiment reçu, ce baiser qui n’était encore qu’un fantôme de baiser laissé comme en suspens. A la fin du film seulement, une fois le voyage initiatique accompli, ce baiser va enfin pouvoir se mettre à vivre, du moins c’est ce qu’on peut supposer, lorsque se rallument les lumières. C’est une très jolie idée. J’ai bien aimé mais c’est aussi parce que j’étais au moment où je l’ai vu parfaitement dans le climat mental propice à accueillir ce film.

C’est évident, les trois derniers films cités ici pèsent et pèseront bien plus dans les traces que je garderai que les trois premiers !


blueberry_nights

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Commentaires
V
Mais comment ça "perturber mon plaisir", mais pas du tout, heureusement que nous n'avons pas tous la même vision des choses, les mêmes enthousiasmes, l'intérêt c'est quand même l'échange et la confrontation des points de vue, dès lors que c'est avec respect des positions d'autrui, quel serait l'intérêt de consensus permanents et généralisés. Donc rassure toi tu n'as nul besoin de t'excuser, je ne suis pas du tout contrarié, bien au contraire.
D
Merci pour ta réponse généreuse. <br /> Evidemment un billet sur ton rapport au cinéma, moi, ça m'intéresserait beaucoup. Parce que j'aime te lire et que ce sujet m'est cher. Il l'est évidemment différemment pour toi, je le sais. <br /> Sois assuré que je ne monte au créneau qu'avec respect des priorités de chacun, et qu'avec respect et plaisir à te lire, toujours.<br /> Mais voilà, c'est mon petit combat à moi. Cela n'a aucune importance, bien sûr. Mais c'est là.<br /> Donc : pour rester moi, mais aussi court que possible (on y croit vachement)<br /> Cronenberg et Lynch sont peut-être devenus fétiches pour moi, mais parce que je les trouve absolument majeurs. Et pas le contraire. Tu n'as pas dit ça, bien sûr, mais au cas où... J'en ai, qui relève du contraire, comme tout le monde, mais pas eux.<br /> Les belles réussites peuvent naître sur le conflit aussi. Totalement d'accord. Ce n'est pas ce qui me dérange dans le cas Marielle. <br /> Mais c'est un sujet que j'ai à assumer chez moi, il mérite à mes yeux développement. Je trouve ça finalement très impoli de venir "perturber" ton plaisir. Auquel je n'ai rien à redire. Bien au contraire. Tu me donnerais presque envie de voir le film. <br /> Excuse-moi. Je suis souvent maladroit. Je ne crois pas que tu sois "contrarié". N'empêche. Excuse-moi.
V
ça demanderait une longue réponse D&D qui tournerait peut-être autour de ce que j'attends du cinéma, quels sont mes plaisirs au cinéma, (peut-être que ça fera un billet ça). Cronenberg n'est pas pour moi un cinéaste fétiche comme il l'est pour toi, pas plus d'ailleurs que ne l'est Lynch. C'est dans ce contexte aussi qu'il faut comprendre ma réception de ce dernier opus. Je ne manque aucun Cronenberg parce qu'il m'intéresse par les thèmes qu'il traite, mais il ne me met pas vraiment en émotion affective ou esthétique, il déclenche en moi des questionnement très larges sur l'humain, son devenir, etc... un peu comme le fait en littérature Houellebecq. Or j'ai ressenti moins fortement ces questionnements ici que dans d'autres films. Mais il n'empêche je trouve que c'est un film à voir, comme tous les Cronenberg, ça ne laisse jamais indifférent, c'est toujours respectable y compris ici ce choix de cette violence frontale qui en tout cas n'est pas de la complaisance. Donc vas y toi aussi, Coum, même si à priori ça ne t'attire pas trop.<br /> Je n'avais pas entendu parler de ces difficultés entre Lvovski et Marielle, à vrai dire je m'en fous un peu, ce qui compte c'est que ça passe, on ne les sent pas. Quand je parlais dans mon com chez toi de l'osmose entre réalisateur/acteur je ne le mettais comme une condition indispensable à la réussite mais comme un facteur possible de certaines réussites exceptionnelles, mais il y a aussi, la preuve, de beles réussites qui se construisent sur le conflit.<br /> <br /> G. malheureusement moi aussi j'ai zappé c'est le cas de le dire, j'avais pourtant très envie d'enregistrer ce film mais j'ai oublié de m'en occuper le jour dit.<br /> <br /> Ada, "de longs débats avec mes amis turcophones", et oui c'est ça qu'il serait chouette que tu nous racontes, tu as raison de ne rien promettre, m'enfin si jamais ça vient tu sais que tu auras des lecteurs super interessés
D
Ouch...<br /> Autant te dire que je ronge mon frein sur le Cronenberg :-)<br /> Je n'avais pas compris tout de suite que la divergence était aussi radicale. La réponse que je t'ai faite chez moi doit vraiment tomber à côté... <br /> Bon, il faut D&Décidément que je m'y colle davantage. Je respecte évidemment ton ressenti, mais ce cinéaste et ce film sont bien trop importants à mes yeux pour les voir écarter comme ça :-)<br /> Je plaisante, bien sûr. Pas que. <br /> J'aime vraiment tes notes sur les films que tu as vus. Et j'aime beaucoup : "booster son plaisir en en cherchant les raison". C'est ça qu'est chouette, aussi !<br /> Pas encore vu "De l'autre côté" - ah, Hannah Schygulla... - et le Won Kar Waï mais j'y suis presque ! Richard O aussi ;-), il est prévu pour demain. <br /> En revanche, pas de Lvosky pour moi, je crois. J'aime énormément cette réalisatrice, surtout pour Oublie-moi et La vie ne me fait pas peur, mais là : c'est étonnant ce que tu dis parce qu'il semble précisément que Lvovsky n'a pas vraiment pu faire le film qu'elle souhaitait, Marielle n'en faisant qu'à sa tête et refusant de se laisser "diriger". Ils font bonne figure pour la promo, mais se sont bien arrachés la tête sur le tournage. C'est sans doute le résultat qui compte, mais ce genre d'attitude fait vraiment partie des choses qui me dérangent chez certains comédiens. Je préfèrerais de beaucoup continuer à aimer Marielle, mais ça commence à bien faire pour moi (avec ce qu'il fait au théâtre aussi, depuis quelques temps...).<br /> Tout cela dit - et il faut vraiment que j'arrête de pondre des commentaires interminables (t'es encore là ?) -, tant mieux que ce film reste aimable. Lvovsky le vaut bien. Je me contredis ?<br /> Bon allez, suis quand même bien triste que le Cronenberg ne soit pas plus soutenu. <br /> Mais j'y retourne : en vaillant petit soldat, en don quichotte du n'importe quoi, en amant fidèle et inconditionnel... avec ce sentiment terriblement isolé que c'est vraiment un des films les plus importants de l'année - même s'il est inégal quand d'autres films de Cronenberg sont parfaitement harmonieux.
I
Bonjour,<br /> <br /> J'ai vu hier le film L'âge de l'amour, que j'aurais aimé enregistrer (et éventuellement offrir), or il s'avère que c'était la dernière diffusion. Ayant lu un billet à ce sujet (http://www.traou.net/blog/index.php?2007/12/02/225-l-age-de-l-amour), dans lequel Telle (http://telle.canalblog.com/) prévoyait de « l'enregistrer sans faute », mais... faute il y a eu ! Il/elle m'a suggéré de vous poser la même question. Auriez-vous donc enregistré ce film, et si oui, sur cassette ou en format numérique ? D'avance, merci.<br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> G.<br /> ceo-121h@myamail.com
Les échos de Valclair
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