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Les échos de Valclair
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20 décembre 2007

Sur le chemin du bureau

Ce matin je me suis senti bien sur le chemin du bureau.

Comme souvent d’ailleurs.

J’ai vingt bonnes minutes de marche en empruntant des petites rues tranquilles. C’est un moment de sas, propice à la rêverie, aux pensées non corsetées, à la perception aussi d’images ou d’ambiances qui peuvent surgir à l’improviste.

A cette saison le jour se lève pendant mon parcours et il y a donc aussi ce simple plaisir de la nuit qui s’efface, du ciel qui rosit devant soi. C’est une belle journée froide qui s’annonce aujourd'hui encore, qui donne des envies de grands espaces, de marche en forêt, de paysages de neige.

Souvent à mon réveil ce sont plutôt les pensées grises, les pensées ternes qui m’assaillent, une sorte de découragement ou plutôt d’inappétence à l’idée de la journée qui commence. Mais dès que je me trouve dans la rue, porté par les mouvements de la marche, vivifié par le pincement du froid sur mon visage ou par toute autre impression que le monde extérieur voudra bien faire venir à moi, je me sens mieux et la machine est lancée…

En fait j’aime bien aussi le démarrage de mes journées au bureau. J’aime cette demi heure ou un peu plus que je passe seul dans le service avant que les choses ne commencent vraiment. Je démarre dans la tranquillité ce que j’ai à faire, j’ai l’esprit clair, je me sens tonique et je travaille en général vite et bien. J’ai un fort sentiment de liberté. Je me sens dans une sorte d’autre chez moi, qui serait pour moi seul, sans les contraintes qu’introduit la famille à la maison, sans les contraintes qu’introduiront bientôt mes collègues puis toute l’activité qui ne dépend pas de nous, les coups de téléphone, les visiteurs. Non que j’utilise pour moi cette liberté. Je ne profite pas du moment pour écrire ou pour zapper sur internet, non je rentre d’emblée dans mes tâches, mais j’y rentre de moi-même, sur mon tempo. C’est après souvent que cela devient plus difficile lorsque je suis confronté à la part de mes activités qui m’ennuie, ou à de la langue de bois administrative ou à des tensions et conflits aux causes picrocolines ou tout simplement parce que ressort le fond de lassitude profonde que j’ai désormais à l’égard de mon métier.

Je suis resté toute la journée sur place, sans réunion extérieure ni rendez-vous. C’était très calme mais pas vraiment palpitant, c’est un euphémisme. J’ai bien avancé sur certaines tâches administratives que je dois boucler avant les congés, c’est tant mieux, mais quel ennui. J’ai déjeuné sur place et ne suis sorti qu’un bref moment à midi, juste histoire de faire quelques pas. J’ai ressenti alors plus fortement le crève-cœur d’être là et l’après-midi a été languissante. Je me suis senti plombé par une sacrée envie de dormir, tiens ça serait bien une petite salle de repos, je suis sûr qu’il y a une vertu productive à la sieste… En tout cas j’ai zappé dans ma tête et même commencé d’écrire ces mots. J’ai vu de ma fenêtre cette belle journée s’écouler, se consumer petit à petit, j’ai vu le soleil qui baissait et la nuit était tombée quand j’ai quitté le bureau, l’ambiance de la marche du retour n’était pas la même...

Mais c’est déjà ça, au moins je sais que malgré tout je ne vais pas au bureau à reculons !

J’y vais même souvent avec une part d’allégresse.

Il ne faut pas que je l’oublie quand ensuite les heures s’étirent plus laborieusement comme elles l’ont fait aujourd'hui…

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Commentaires
F
Très joli billet. <br /> Il m'est arrivé aussi, en effet, d'apprécier la première demi-heure au bureau, quand tout est encore calme. Ou alors chez moi le soir, quand tout le monde dort. Ce sont des moments volés aux autres, mais nécessaires pour se retrouver.<br /> <br /> Des moments d'éternité qui vont bien avec l'écriture.
C
Votre billet réveille en moi des souvenirs d'abondance et de chaleur passés dans le cadre de mes heures de travail (et cela n'avait bien souvent rien à voir avec l'amour que je portais à mon boulot). Et bien que certaines rencontres avec clients ou collègues soient devenues mémorables, la beauté du travail réside selon moi en la liberté qu'elle permet à l'intérieur de son cadre strict. Il ressort de ces moments de «liberté gouvernée» une satisfaction délicieuse. La fugue en musique est le meilleur exemple de cette liberté de mouvement et de respiration dans un cadre strict et rigoureux. Ne serait-il pas doux de croire que les rires et les joies d'un homme emprisonné sont plus grandes que celles d'un homme en liberté?
P
Tu me rappelles un curieux souvenir, Valclair. J'ai toujours eu horreur des journées de bureau, longues comme des jours sans pain, où les minutes paraissent des heures et les secondes des siècles, mais soit. Malgré tout, il peut y avoir des moments de grâce. Chose assez curieuse, moi qui partais à 17h00 tapantes (ni après ni avant - au point que j'appelais l'horloge parlante et que j'attendais le troisième top...) je suis un jour restée comme ça, après 17h00. Tout le monde était parti, il faisait calme et mon travail avançait bien (c'était le début du traitement de texte). Mon bureau était arrangé à mon goût et j'avais oublié le lieu, l'heure, tout. Finalement, le 'chef'est arrivé et je ne sais qui était le plus surpris: moi de le voir débouler dans le bureau ou lui de me voir en train de faire un quart d'heure supplémentaire. Il m'a aimablement dit que je pouvais mettre la clef sous le paillasson et je n'ai pas demandé mon reste, je me suis taillée, car dehors, la vie m'attendait...
Les échos de Valclair
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