Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les échos de Valclair
Derniers commentaires
13 février 2008

Faire du lien

En allant au bureau chaque matin, je suis amené à traverser un carrefour à proximité d’une école au moment de l’entrée des enfants. Pour assurer la sécurité de la traversée la Mairie a mis en place des agents de sécurité. Certains font ça de façon mécanique et distante, le visage fermé, le regard au loin, il ne s’agit que d’arrêter des voitures et éventuellement de pousser un coup de gueule sur des piétons indisciplinés. Mais il y a souvent une petite dame formidable. Elle est souriante, elle échange éventuellement quelques mots avec des parents, elle parle aux enfants aussi avec gentillesse, fait des commentaires montrant qu’elle les a repérés au fil du temps, qu’elle les connaît comme des individus, chacun d’eux particulier et précieux, certains en passant lui font la bise. On a le sentiment que par ce seul fait d’être concernée par les autres et de le montrer elle crée, de façon certes infinitésimale, du lien social entre les gens.

Car c’est étonnant de voir combien sa simple présence chaleureuse fait que les gens se regardent, s’adressent des sourires. Moi même je me sentirais gêné de passer devant elle le visage fermé, avec cet air soucieux et pressé qu’on affiche trop souvent. Alors je lui souris et je la salue. Et ça me fait du bien, ça suffit à m’alléger (un peu !), à rendre mon pas plus allègre, ça m’aide à rentrer dans ma journée avec plus de positivité.

Si tout le monde en faisait autant dans nos villes où la tendance est à la déshumanisation, au « je suis dans ma bulle et je passe sans t’accorder un sourire, sans t’accorder un regard », ça ne changerait pas la face du monde mais tout de même ça ne serait pas si mal.

Dimanche j’ai assisté à une présentation et lectures de textes de Roger Vailland dans un café proche de la Bastille où je m’étais trouvé entraîné par l’invitation que Fuligineuse en avait laissé sur son Sablier. C’était un moment sympathique et intéressant, dans un lieu suffisamment petit pour que les participants auditeurs ou lecteurs se sentent en proximité. Cette soirée inaugure une série de rencontres littéraires du même type. Ce qui m’a frappé justement c’est que le patron du café et la personne qui lance ces rencontres ont insisté sur cette idée que créer et entretenir du lien, à travers cette médiation des textes et de l’échange qu’on pouvait avoir autour d’eux, était justement un des fondements de leur initiative et que c’était aussi leur façon à eux, toute modeste qu’elle soit, de faire de la politique.

Et je me souviens aussi que c’est sur ce thème que Samantdi nous avait adressé ses vœux pour 2008 : cultivons les liens, plutôt que les différences, favorisons tout ce qui rapproche.

Le sourire de cette modeste agente de sécurité en fait partie, merci à elle.

Publicité
Commentaires
M
Bonjour Valclair,<br /> Merci tout d'abord de ton article et de ta réponse. Bien sûr, loin de moi l'idée d'invalider la qualité des blogs que je connais peu _ même si je lis avec grand intérêt celui de Fuligineuse _ et d'en faire une généralité. Ma réponse s'adressait à AlainX, pour l'inviter à me répondre et à découvrir Vailland _ Marat-Marat, Drôle de Jeu, Ecrits intimes,..._ du point de vue de l'introspection puisque j'ai lu, avec intérêt, sur son blog une réflexion intitulée "Qui suis-je ?".<br /> Un peu de polémique nourrit le débat, n'est-ce pas ? En revanche, être "classé", comme lecteur de Vailland, sous une étiquette nostalgique, et ce qui s'ensuit, est agaçant. C'est un peu ce que disait Satmandi. <br /> Vailland aimait en tout cas "Les temps modernes" de Chaplin ! ;-)
V
C'est vrai qu'il faut voir en Vailland quelqu'un de plus complexe que seulement un militant et un propagandiste. Peut-être est-ce pour cela que nous l'avons lu, moi comme toi Alain, en un autre temps puis que nous l'avons oublié lorsque les temps et nous-mêmes avons changé.<br /> Cela dit Marc l'anonymat n'invalide pas pour autant les idées que nous développons, elle donne une liberté d'expression bien au-delà de la seule sphère des idées et c'est pourquoi nous sommes nombreux dans la blogosphère à tenter de le préserver,il ne faudrait pas y voir une lâcheté intellectuelle comme pourrait le laisser entendre la fin de ton commentaire.
M
La petite dame formidable ne serait-elle pas communiste finalement, au sens où ce mot peut qualifier une personne qui reconnait autrui comme appartenant à son propre monde ; un être qui n'abandonne pas l'hypothèse d'un destin commun à l'humanité ?<br /> Il est dommage, même sur le mode de la plaisanterie, de vouloir, tel un taxidermiste ou un jeune enfant collant des vignettes dans un album, classer les écrivains sous des étiquettes. Ne pas lire par exemple Balzac parce qu'il est royaliste ? <br /> On aimerait un monde de nuances, comme le regrette Samantdi dans ses voeux, où on cesserait de croire qu'il y a un progrès en art ou en philosophie. Mais, s'il faut penser en termes de historiquement dépassés ou non, je préfère encore le "bon vieux temps" de Vailland, le temps où celui-ci avait le courage et la lucidité d'explorer son moi "profond" à travers les egos expérimentaux de ses romans, plutôt que "les temps modernes" de la blogosphère où les individus se masquent derrière des avatars. La valeur d'une idée ne se mesurerait-elle au courage de l'assumer sous a vraie identité...?
F
Merci Valclair d'avoir mentionné ces rencontres chez les Marcheurs de Planète. La prochaine (en mars, date à confirmer) sera consacrée à Pasolini.<br /> <br /> Cher Alainx, l'intérêt de Vailland ne se limite pas à celui qu'on peut porter à quelqu'un qui a été communiste. C'est avant tout un grand écrivain, quelqu'un qui a du style... (et moi aussi, Pivoine, je suis curieuse de voir les impressions de lecture de Valclair sur Vailland).
G
C'est marrant j'ai assisté à une scène similaire hier matin en revenant de la piscine "à l'heure de l'école" et où la passeuse de rue semblait visiblement être connue de (presque) tous.<br /> Je me suis demandée si par hasard elle n'était pas du quartier, les gens la hélaient au passage par son prénom et elle semblait connaître les leurs. <br /> Et puis elle avait la chance d'être postée sur une rue "normale" je pense que ses collègues d'un proche, large et dangereux boulevard n'ont pas trop la possibilité de "causer".
Les échos de Valclair
Publicité
Publicité