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Les échos de Valclair
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25 juin 2008

Musique à tous les étages

Par la grâce d’une insomnie matinale j’ai eu le temps de construire ce matin ce billet, à partir d’ébauches à peine amorcées, écrites ici et là, presque sur le motif, à la suite de ce dernier week-end, riche d’activités, de rencontres, de paroles et de musiques... Trop riche ?

J’ai eu le plaisir d’abord de rencontrer Ondine, pianiste en voyage et talentueuse blogueuse d'Un  Cahier d’Esquisses : J’ai passé une après-midi avec elle, entre Bibliothèque et Bercy, bercé par l’accent de la Belle Province, découvrant ses multiples talents et implications au-delà de ceux qu’elle déploie dans son blog. Nous avons ensuite rejoint la quartier Montparnasse pour y dîner avec deux de ses amies : une toute jeune auteure québécoise que le bref contact que nous avons eu suffit à me faire sentir pleine de promesses ; et la musicale amie parisienne chez qui elle est hébergée. Echanges chaleureux ! Trop brefs pour se bien connaître…

J’ai trouvé amusant la part de pèlerinage que comporte la visite de nos amies québécoises. Elles ont évoqué leurs envies d’aller en certains lieux précis, marquants de l’histoire de la littérature et de la musique, d’aller dans des cimetières et de s’arrêter sur certaines tombes, d’aller se poser à la terrasse du Flore, avec leurs carnets d’écrivaine, en se faisant la promesse d’y gratter quelques lignes. Ça m’a fait sourire et en même temps je comprends ça très bien. Je suis très ému moi aussi quand je mets mes pas dans ceux de certains êtres qui m’émeuvent. (Pour Proust, tiens, je me souviens, de mon plaisir lors de ma visite de la maison d’Illiers, du Pré Catelan, d’une promenade par les chemins du côté de Méséglise, les mots alors s’incarnent du décor où ils ont été conçus). Cela marque ce que nous, parfois blasés de notre ville, oublions trop souvent : cette part éminente que Paris garde dans l’histoire et l’imaginaire de la création.

Après le dîner je suis revenu chez moi à pied. Agréable promenade digestive. Air doux. Chaleur agréable. Ce n’est pas encore le moment où la chaleur accumulée fait ressortir la pollution, où on se met à respirer mal. Cela sentait bon même, ce qui est rare à Paris, une odeur répandue par les allées de marronniers qui agrémentent les larges avenues par lesquelles je suis rentré. J’ai humé l’air avec gourmandise tout au long de mon retour, en me sentant guilleret, plein de pensées roulantes…

J’avais parlé à Ondine de notre petit rassemblement de lecteurs autour de Vian et j’ai eu le plaisir de la retrouver dimanche au Café des Marcheurs. Ce fut à mon goût la séance la plus réussie de ce café littéraire depuis que j’y participe grâce à la variété d’approches que permettaient la personne et l’oeuvre de Vian, grâce à l’ambiance qu’a donné un final en chansons reprises par tous les participants, et sans doute aussi plus subjectivement parce que se construit peu à peu entre ceux qui viennent ici une sympathique bande amicale. Ondine vient d’ailleurs d’évoquer dans un joli billet le plaisir qu’elle a pris à cette lecture et me sens tout heureux de l’y avoir entraîné.

Elle m’a offert un livre d’un auteur québécois dont je n’avais même jamais entendu le nom, Jacques Poulin. (Je suis frappé de voir à quel point nous ignorons les littératures des autres pays francophones, cela m’avait déjà frappé dans des discussions avec nombre d’amis belges). J’ai commencé à le lire hier soir. C’est bien québécois. Les lieux sont très présents et notamment ce qui est pour nous un des éléments de la mythologie de ce pays, la nature toute proche, la vie à son contact immédiat, dans le chalet au bord d’un petit lac. L’histoire démarre bien, avec des personnages atypiques, décalés des vies trop bien rangées, ça prend un tour de quasi thriller, on ne sait pas où on va, ça me plait bien. Et puis il y a toujours ce plaisir particulier de lire un livre dont on sait qu’il a été vraiment choisi pour vous. Merci, Ondine !

Samedi il y eut aussi la Fête de la Musique. Comme d’habitude Constance et moi avons fui notre quartier où la fête prend un tour que je n’apprécie pas : trop grande concentration de groupes, tous plus ou moins rock casse-oreilles, dont les sonos trop proches se recouvrent en partie, foule trop compacte, agression olfactive par les fumées des inévitables merguez. Nous avons filé en vélo sans trop d’idée préconçues. Nous sommes passés à l’Institut du monde arabe mais le concert avait beaucoup de retard, on a préféré descendre sur les quais. Les quais c’est toujours agréable, parce qu’il y a l’eau qui court, l’espace ouvert qu’offre la Seine et le ciel au-dessus d’elle. Pas de puissante sono ici mais des groupes jazzy, de véritables amateurs, des accordéonistes faisant danser le tango. C’était bien plus agréable, bien plus dans l’esprit originel de la Fête de la Musique.

Nous avons ensuite grimpé la Montagne Sainte Geneviève et sommes entrés dans ce beau lieu qu’est le Centre Culturel Irlandais, avec son jardin intérieur en pleine ville, écarté d’elle par les bâtiments qui l’entourent. Nous nous sommes posés dans l’herbe avec une bonne bière fraîche. Il y avait un beau ciel, pommelé de quelques nuages, au dessus des pignons de ces bâtiments chargés d’histoire. Les gens étaient paisiblement installés sur les pliants et les chaises ou sur l’herbe en face de la scène ou tout autour. Là nous avons commencé d’écouter vraiment, nous étions au concert et concentré, basculant de tempo en tempo sur une musique incarnée et variée, jouant de tous les aspects des airs traditionnels irlandais, nous régalant de la grande beauté de la voix de la chanteuse jusqu’à la dernière chanson donnée a capella, dans un silence quasi absolu, dans la nuit tombante.

En sortant sur la place de l’Estrapade, il y a eu un autre joli moment. Une fille chantait toutes sortes de chansons pop-rock, avec une voix, une présence corporelle impressionnante. Elle avait des intonations, une puissance vocale qui m’ont fait penser à Janis Joplin. C’est ça le plaisir de la Fête de la Musique, ces surprises, que rien spécialement n’annonce, bien plus que les groupes entassés dans les lieux un peu branchés où il s’agit aussi de faire fonctionner à plein les cafés alentours.

Nous sommes rentrés paisiblement…

Mais j’ai pensé aussi, face à cette multiplicité, et à ce qu’elle a de séduisant mais aussi de dispersant, à cette musique du silence qu’évoque Pierre dans son dernier billet. C’est en référence à ça que j’écrivais en haut de ce billet cette interrogation : Riche ! trop riche ?

Et puis, et puis, j’ai reçu aussi ce week-end de volumineux et très attendus courriers de quelqu'un qui m’est très cher et cette musique là est sans conteste celle qui m’importe le plus.

Ondine musique. Vian musique. Fête de la musique. Musique du silence. Musique du cœur. Oui, décidément musique à tous les étages !


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Ciel du soir à l' institut culturel irlandais

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Caran Casay and the Valley Brothers

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Commentaires
V
Chanceux, les blogueurs qui ont eu le bonheur de rencontrer Ondine...
O
Touchée de lire ce compte-rendu. Touchée que tu aies déjà commencé la lecture du Poulin, un auteur que j'aime beaucoup et que j'ai découvert assez récemment. <br /> De la musique à tous les étages, j'aime bien l'image. Musique des mots, des êtres, des instruments, des instants, des villes qu'on s'approprie. Bises.
Les échos de Valclair
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