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Les échos de Valclair
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10 juillet 2008

Figuration narrative

J’ai vu récemment cette exposition au Grand Palais, découvrant ainsi un mouvement artistique que je connaissais très peu pour ne pas dire pas du tout, même si j’avais croisé certaines de ses images emblématiques.

J’ai aimé voir ressurgir au travers d’eux l’époque profondément contestataire pendant laquelle ce courant a été actif, le tournant des années 60. Cette exposition prend sa place finalement dans les évocations très (trop ?) à la mode de mai 68, à condition de ne pas le voir dans le temps court de l’événement mais dans le moment historique plus large qui l’encadre. Certains peintres étaient des militants patentés (notamment ceux qui sont intervenus à l’atelier populaire des beaux arts et qui ont contribué à la floraison des affiches de mai), d’autres pas du tout mais ils ont tous le souci de dire quelquechose de leur époque dans une perspective critique et contestataire. L’expo fait bien ressentir « l’énergie de l’époque ».

Ce qui est intéressant c’est la variété des solutions esthétique choisies tout en s’inscrivant dans un même courant. Certaines pièces m’ont bien plu, d’autres m’ont laissé totalement indifférentes.

Par exemple j’ai esthétiquement beaucoup aimé les rouges de Fromanger.

J’ai trouvé de la puissance à certaines toiles comme « La bataille du riz » d’Aillaud ou « Les silhouettes affinées » de Rancillac, pour prendre deux exemples esthétiquement totalement différents.

J’ai trouvé amusant et stimulant les chocs provoqués par certaines confrontations, notamment chez Erro, à partir de citations de classiques ou dans les intérieurs américains. J’ai trouvé que Dali en fou du roi à la Vélasquez ce n'était pas mal vu.

Tout ça néanmoins est resté assez intellectuel et dans l’ensemble cette expo que j’ai pourtant été très content de voir ne m’a pas emballé ou transporté. Je me sens assez en accord avec ce qu’a dit Fuligineuse là-dessus. Comme elle je n’ai pas été ému par cette peinture. Or j’aime être ému, j’aime que ce que je vois face écho au profond de moi. Je suis assez réticent vis à vis de l’art contemporain précisément parce que je le trouve trop conceptuel en général. J’ai besoin d’une vibration, que celle-ci vienne du choc esthétique ou de ce que je ressens en profondeur de la personne de l’artiste.

J’avais parcouru la note de Fuli au moment où elle l’a écrite mais n’en avais pas lu par contre les commentaires, ce que je viens de faire. Je n’aime pas trop la tonalité avec laquelle s’y manifestent certaines opinions qui m’ont parues marquées d’intolérance. L’art naturellement exprime toujours quelque chose de son temps et il est juste de l’analyser de ce point de vue. Mais dès qu’on commence à poser qu’il y aurait des bons ou des mauvais en fonction de critères idéologiques ou que l'émotion serait à priori suspecte, là je frémis. Ça rappelle trop de mauvais souvenirs. C’est curieux car il y a eu quelque chose de ce débat sur le terrain du cinéma tout récemment autour du film « Un conte de Noël » à travers deux articles du Monde qui se sont répondus l’un analysant le film de Desplechin comme dangereusement réactionnaire, l’autre réagissant vigoureusement à cette opinion : c’est naturellement du second que je me sens bien plus proche.


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Commentaires
P
C'est curieux, parce que mercredi, j'étais dans un petit musée qui possède quatre ou cinq toiles qu'on peut assimiler à la figuration narrative. Mais visiblement, ça n'atteint pas le niveau de ce que j'entrevois sur le site de l'exposition. En tout cas, il est intéressant de parcourir vos deux articles, lesquels, dans ce domaine qui m'est cher, se complètent souvent très bien.
F
Cher Valclair, merci de ton commentaire sur les commentaires qui ont suivi ma note ; en effet la mini-polémique qui s'est instaurée m'a mise un peu mal à l'aise et c'est pourquoi j'ai demandé à ses acteurs de déposer les armes. Je maintiens pour ma part que l'on peut associer émotion et réflexion, sensation et intelligence. Je suis la première à reconnaître les dangers de la primauté donnée à l'émotion (par exemple : journal télévisé) aux dépens de la recherche du sens. Je veux les deux, beurre et confiture sur ma tartine. Et je n'ai pas envie qu'on me rentre dans le chou si l'on n'est pas d'accord avec moi, ce que je respecte tout à fait par ailleurs.
Les échos de Valclair
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