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Les échos de Valclair
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11 août 2008

Le temps de faire revenir la vie

Nous voici dans notre maison lauragaise et comme souvent l’arrivée ici et les premières heures que nous y avons passé ont eu quelquechose de très sinistre.

Le voyage lui-même d’ailleurs s’était effectué sous un ciel triste, gros nuages noirs, la campagne par ici, si riante pourtant que l’on domine en arrivant par la route qui suit la crête de la colline, était éteinte sous ce ciel plombé.

En ouvrant la porte de la maison je me suis dit : oh, que ça sent la mort ! Les volets clos, la pâle lumière lorsqu’on allume les lustres aux ampoules maigrichonnes et empoussiérées, l’air qui sent le renfermé et la poussière, les meubles et les bibelots figés dans l’immobilité quasiment tels qu’ils étaient lorsque cette maison a cessé d’être habitée de façon permanente, ça serre le cœur et me fait douter de l’avenir que je voudrais donner à ce lieu.

Rien ne bouge et pourtant à chaque visite, on remarque telle ou telle petite dégradation supplémentaire, la peinture un peu plus écaillée ici, telle fenêtre moins jointive là, un robinet qui couine plus qu’il ne le faisait. Sur les moquettes au sol dans presque toutes les pièces on tombe sur des larves d’insectes, ça c’est nouveau, c’est la première année qu’on voit ça…

On est descendu dans le jardin, de plus en plus encombré et broussailleux, écrasés par ses arbres trop grands, par ce cèdre de mon grand père surtout qu’il va bien falloir se résoudre à faire abattre. Au fond dans une excroissance, un recoin de jardin entre deux hauts murs, là où mon grand père avaient ses quelques pieds de haricots verts et de tomates, ses framboisiers et ses plants de fraise, c’est un enchevêtrement de broussailles d’où ne surnagent que deux figuiers ensauvagés. Nous sommes accueillis par une chatte qui se hérisse à notre approche et nous montre agressivement les dents, elle semble vouloir nous fermer le passage. En nous avançant nous comprenons mieux : nous faisons fuir trois jeunes chatons de derrière une pile de bois mort. Finalement le lieu a été réinvesti…

Vite, ouvrir grands les fenêtres, organiser les courants d’air, faire entrer l’air, la lumière, passer énergiquement l’aspirateur, faire quelques travaux indispensables dans le jardin…

Nous avons fait un peu de tout ça et mon impression désagréable de l’arrivée s’est rapidement dissoute, la vie a repris ses droits et a allègrement croqué les traces mortifères dont la maison est porteuse avant qu’on ne la sorte de sa torpeur.

Le temps aussi a changé. Il est devenu délicieusement agréable, chaud mais rafraîchi par une petite brise. Ni caniculaire comme il peut l’être ici parfois, ni asséché par le mauvais vent d’autan. Sous un ciel clair tout est devenu plus avenant. Nous avons pu malgré nos soucis d’intendance monter nous baigner au lac, nous avons fait déjà deux promenades à vélo sur les petites routes de campagne alentour, le long du chemin ombragé qui serpente en suivant les eaux qui rejoignent le canal du Midi. Et nous n’avons pas manqué non plus bien sûr d’aller samedi au marché qui est une des pulsations fondamentales de la vie de cette petite ville.

Oui, j’ai retrouvé le pays que j’aime, délesté du trop plein des ombres du passé. L’éclat de ce cœur de tournesol, attrapé au vol pendant notre promenade ce matin, sans doute peut en être un bon symbole…

tournesol

(Ecrit le 10 Aout)

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Commentaires
V
Valclair est de retour!<br /> Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, chères amies, mais vos appréciations sympathiques pèsent sérieusement dans la balance lorsque me traversent parfois des moments où je m'interroge sur la continuation de mon blog.<br /> Encore, encore! Oui, Val, il y en aura encore. Merci.
V
C'est vraiment joli. <br /> <br /> Encore, encore!
C
C'est toujours un réel plaisir de te lire...
P
Quand on reste à la maison... Entre vent (presque le mistral!) et pluies, mais avec un peu de soleil, on fait son délice du récit de tes vacances. La vieille maison de famille, ça fait rêver, même avec un cèdre valétudinaire et une chatte hérissée. C'est moins spectaculaire que la Turquie de l'an dernier, mais ça parle plus au coeur, aux traditions, enfin, celles qu'on aurait aimées connaître, qu'on a connues un peu, mais trop peu, surtout quand on n'a pas connu ses grands-parents...
G
"Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses,<br /> Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !<br /> Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses !<br /> O Soleil ! toi sans qui les choses<br /> Ne seraient que ce qu'elles sont !"<br /> <br /> Edmond Rostand (Chantecler)<br /> <br /> Bonnes vacances Valclair, bises.
Les échos de Valclair
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