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Les échos de Valclair
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11 novembre 2008

Un temps à salle obscure

Les paquets d’eaux qui s’abattent sur mon toit et mon velux m’éveillent en sursaut. C’est la mauvaise face de l’automne, celle des pluies violentes, des vents tempétueux, de la lumière chiche. Quoique même ce temps puisse avoir ses attraits. Mais pas à Paris. Une promenade bien emmitouflée, des feuilles qui tourbillonnent sous la bourrasque, l’odeur de l’humus, les secousses des météores et la promesse du retour au chaud, le feu dans la cheminée, le bol de chocolat fumant (marrant ça, ça fait belle lurette que je n’en ai pas bu, ce n’est presque qu’un souvenir d’enfance mais c’est l’image qui est remonté au fil de la plume).

Á Paris un temps comme ça c’est plutôt un temps cinéma, un temps pour le cocon des salles obscures. Irais-je, irons-nous au cinéma cet après-midi profitant de ce jour que nous libère la tradition commémorative de la République ?

En tout cas je m’aperçois à l’occasion que ça fait rudement longtemps que je n’ai pas donné mes impressions cinéma. En fait je ne l’ai pas fait depuis mon retour des vacances d’été, avec la seule exception de « Entre les murs » mais là il s’agissait d’un objet cinématographique dépassant largement les seuls enjeux filmiques.

Sans doute est-ce parce que j’ai été moins au cinéma cet automne. Ou parce que rien ne m’a fortement marqué. Ou simplement parce que j’ai eu la plume moins alerte. Mais je vais m’en faire un listing, juste pour me souvenir de ce que j’ai vu, ça c’est la fonction mémorielle du journal. C’est une démarche à la limite de la névrose j’en conviens, par laquelle se réintroduit cette pulsion d’exhaustivité à laquelle dans laquelle je dis souvent que je dois me garder de tomber mais bon ce matin je me sens en humeur de listes. Alors allons-y, en respectant je pense l’ordre chronologique et j’espère en n’en oubliant pas :

« Be happy »,

« Le premier jour du reste de ta vie »,

« Parlez-moi de la pluie »,

« Le silence de Lorna »,

« Vicky, Christina, Barcelona »,

« Le crime est notre affaire »,

« Séraphine ».

Certains me disent que je passe ma vie au cinéma. Vous voyez ça ne fait pas tant que ça, huit en comptant « Entre les murs », même pas un film par semaine !

Tous ces films m’ont plu, j’ai passé de bons moments en les découvrant. Aucun ne m’a marqué avec force. Les plus anciennement vus déjà s’éloignent et s’éloignent avec rapidité.

Jaoui/Bacri font du Jaoui/Bacri, de façon plaisante mais plutôt moins convaincante que d’autres fois. Ou bien est-ce qu’ils lassent ?

Les Dardenne font du Dardenne, de plus en plus sombre. D’eux c’est « La promesse » qui reste le plus fort en moi. Est-ce parce que c’était le premier que je voyais ? Ou parce que dans celui-ci circulait, malgré la dureté, une énergie positive moins présente dans les films suivants ?

Séraphine, vu ce dimanche n’est pas mal, porté surtout par l’interprétation de Yolande Moreau, mais sans grande inventivité cinématographique et un peu trop long.

Le dernier Woody Allen est décevant, surtout au vu de l’enthousiasme immodéré de la critique. (3T dans Télérama !, faut dire que les critiques de Télérama ont vraiment leurs tics…) En se limitant aux opus des années récentes, « Escrocs mais pas trop » ou « Le sortilège du scorpion de jade » me paraissaient bien meilleurs du point de vue jubilation du spectateur, inventivité et rythme de la mise en scène. « Match Point », excellent, y ajoutait aussi une dimension sinon sociale, du moins sociétale.

Finalement mon meilleur plaisir de cinéma de ces derniers temps je crois que c’est avec « Le crime est notre affaire » que je l’ai pris. J’y allais avec un peu de méfiance. C’est gentillet ces adaptations d’Agatha Christie mais ça ne va pas chercher bien loin. Quand c’est correctement fait on s’amuse de la mise en place, des atmosphères, des personnages de l’ambiance et puis souvent au fur et à mesure que le film avance on se détache, on se dit, bof, bof… C’est l’impression que j’avais eu par exemple ave « L’heure zéro » qui m’avait fortement déçu. Mais là pas du tout. Le film tient sur toute la longueur, il reste constamment drôle, jubilatoire, sans rupture de ton. Bien sûr l’excellence des acteurs y est pour beaucoup. André Dussolier, Catherine Frot mais aussi Claude Rich et Annie Cordy, jouant le rôle d’une vieille dame belge au délicieux accent, chasseuse et spécialiste des papillons. Les personnages les plus improbables comme par exemple les deux gamines délurées qui apparaissent et disparaissent comme des ludions passent parfaitement. La question de la vraisemblance ne se pose même pas. Le film ne porte aucun message, il ne génère pas d’émotion ou pas de profondes pensées, il met juste en joie et c’est bien suffisant. Le bonheur que l’on en a tient en partie à la jubilation que l’on ressent chez les acteurs qui ont dû s’en payer une sacrée tranche en jouant ces rôles. Mais cette qualité n’explique pas tout. Le précédent opus de la saga des Beresford (« Mon petit doigt m’a dit ») était déjà porté par ces acteurs formidables. J’avais déjà apprécié mais moins que celui-ci dont la mise en scène est bien plus fluide, la drôlerie plus constante. Ce film est une petite merveille sans prétention, un simple plaisir du moment mais vraiment un très joli plaisir du moment.

Tiens, je parlais de temps pourri… Par mon velux, comme j’achève cette note, je vois un beau ciel bleu, nettoyé par la tempête de cette nuit…

Et là, au moment où je mets en ligne, je reviens d’une petite expédition courses matinales que j’ai prolongé pour profiter de cette jolie matinée. Pas sûr que ça dure, déjà reviennent les nuages… Alors, cet après-midi... Promenade ? Ou salle obscure ?

crimeestnotreaffaire

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Commentaires
V
ça me fait bien plaisir ça si mon billet, chère Ada, a contribué indirectement à l'éveil cinématographique de ta fille. Et bien plaisir aussi que tu sois passé me faire un petit coucou à cette occasion.<br /> Oui Fauvette j'ai entendu parler des Grandes personnes et j'ai bien l'intention d'aller voir ce film.
F
C'est vrai le confort (l'espace surtout) c'est ce qui manque dans ce petit cinoche de quartier. Mais bon, je suis une sentimentale moi !<br /> J'y vois quand même un avantage à ce vieux ciné : le public est très calme et agréable, pas accro à son téléphone...<br /> Hier nous y avons vu "Les grandes personnes" avec Daroussin et Judith Henry, pas mal du tout.
A
Suis allée voir "le crime est notre affaire" suite à ton billet. Ma fillette (dont c'était le premier policier) a bien rigolé aussi. J'ai bataillé ferme, elle voulait voir "fly me ton the moon" J'aime bien quand tu écris sur tes cinémas.
V
Ah l'Escurial! C'était ma salle du temps où j'habitais rue Pascal. J'y vais encore de temps en temps mais le trouve devenu un peu inconfortable (surtout la petite salle) aux critères qui sont devenus les notres.<br /> D'ailleurs the visitor n'y est déjà plus. Je vais tâcher de voir ce film. J'ai remarqué qu'on appréciait souvent les mêmes choses Fauvette (tiens à propos j'avais été voir Kitty Hawk à la suite de la lecture de ton billet, je m'étais régalé, merci très à postériori donc pour ce billet).
F
Valclair, va vite à l'Escurial voir The Visitor, j'ai beaucoup aimé.<br /> <br /> Moi aussi j'ai été déçu par le dernier Bacri/Jaoui, mais c'est vrai j'avais tellement aimé le dernier.<br /> Quant au film de Pascal Thomas, jubilation, oui c'est le mot !
Les échos de Valclair
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