Mon intervention
Donc comme annoncé voici le texte
de mon intervention de samedi, telle que je l’avais écrite et telle que je l’ai
lu à quelques bricoles près. (J’ai un peu raccourci et accéléré, notamment vers
la fin).
Bon ça fait un pavé mais
promis demain je vous parle d’autre chose…
D’abord une petite chose,
pour ceux qui me connaissent ici par mon nom d’état civil, et qui sont
nombreux, hop, vous fermez les yeux, là vous les rouvrez, ce n’est plus XX qui
est devant vous, c’est Valclair, apaïste et blogueur… ça c’est juste pour vous
demander un minimum de discrétion, de ne pas associer les deux noms de façon
écrite surtout sur internet, je veux essayer de conserver, autant que faire se
peut, au moins ce petit lambeau là d’anonymat.
Je tiens mon journal en ligne « les échos de Valclair » sans interruption depuis janvier 2003, donc depuis plus de six ans, ce qui fait de moi dans ce monde mouvant d’internet un quasi dinosaure. J’ai commis environ 1 millier de billets sur des sujets très divers et sur un rythme toujours relativement régulier, entre 10 et 15 billets par mois environ, ce qui, imprimé dans une police assez serrée, représente un millier de pages. J’ai d’abord eu un site classique jusqu’en octobre 2005 date à partir de laquelle je suis passé au blog.
J’ai tenu des journaux
intimes, à différents moments de ma vie, à l’adolescence puis comme jeune
adulte, ensuite je me suis longuement interrompu et j’ai repris cette pratique
à partir de 1998 pour ne plus l’interrompre. C’était un journal intime assez
classique, mêlant comptes-rendus de mes lectures, émotions esthétiques,
évènements de ma vie, réflexions diverses et questionnements existentiels.
Mais d’abord d’où et comment
m’est venu cette drôle d’idée ?
Passer brusquement du
journal pour moi seul, journal absolument privé à une mise ligne qui en fait un
objet public, radicalement public, puisque ouvert à tous vents, à tous les
clics…
Il faut dire que cette
aventure a un peu commencé à cause de Philippe Lejeune, si, si, je dois le
dénoncer, c’est lui qui sans le savoir m’a inoculé ce terrible virus…
J’ai lu son livre
« Cher écran » en 2000 et j’ai tout de suite été fasciné par ce monde
qu’il me révélait. Philippe donnait des extraits et analysait les premiers
journaux en ligne, apparus dès 1995-1996 principalement au Québec puis
commençant à se développer en France, notamment avec le journal de Mongolo qui
est d’ailleurs déposé dans le fonds de notre association. J’ai eu très vite la
conviction qu’internet allait se développer de façon considérable, et là
manifestement je ne me suis pas trompé, qu’il préludait à une révolution dans
les modes de communication et qu’il serait intéressant d’observer les
conséquences que cela pouvait avoir sur les relations entre les personnes et
sur l’écriture, notamment sur l’écriture personnelle.
Et donc j’ai moi-même
commencé à observer tout ça de loin et en silence. J’étais intrigué par le
paradoxe : qu’est ce que ça pouvait vouloir dire d’écrire un journal
supposé intime et de le mettre en ligne ?
Assez vite je me suis
dit : Tu observes. Mais quelle meilleure façon d’observer y aurait-il que
de t’y lancer toi-même ? Bref comme un ethnologue je me suis senti des
envies « d’observation participante ». Au départ c’était une démarche
presque expérimentale : voir ce qui allait se passer, ce qui adviendrait
de mon écriture, ce qui changerait…
Je ne me doutais pas que je
me prendrais à ce point au jeu !
Ce n’était pas évident de
démarrer. J’avais de grandes résistances. J’ai préparé matériellement mon site,
j’ai cherché un pseudonyme, je me suis fixé la date du 1° janvier 2003, j’ai
commencé à écrire mes billets de début janvier sur mon site mais en local comme
on dit, sur le disque dur de mon ordinateur, encore fallait-il pour qu’il soit
vraiment sur internet faire ce clic décisif qui allait propulser le site sur un
serveur distant, j’ai fait ce geste le 20 janvier, j’y vais, j’y vais pas, j’y
vais, hop, c’est fait, je m’en rappelle comme si c’était hier, je me suis
dit : « là ça y est, quelqu’un est peut-être en train de te lire,
mais qu’est-ce que tu as fait, tu es complètement fou, mon pauvre
garçon ! » Il y avait un avant, il y avait un après, et c’était comme
un changement de paradigme, l’intime, l’intérieur, le privé qui devenait
extime, extérieur, public…
Bon, évidemment tout ça
restait très théorique, très virtuel, c’est le cas de le dire, personne n’a dû
tomber comme ça sur mes écrits, ce n’est qu’après quand je me suis inscrit dans
un cercle de cyberdiaristes puis quand j’ai reçu un premier mail de quelqu’un
me lisant que je suis passé dans le vif du sujet, mais j’ai eu envie quand même
de rappeler cette émotion du premier clic parce qu’elle me semble
significative.
Avant de rentrer dans la présentation de ma pratique, je vais préciser
quelques points plus généraux:
De façon simple je dirai que
l’intime est ce qui m’est le plus intérieur, mes sentiments les plus profonds.
Ce qui est considéré comme intime varie selon les cultures et les époques, Michelle
Perrot nous le dirait très bien. Dans cette acception l’intime s’oppose plutôt
à l’extime, à des considérations plus extérieures, m’impliquant certes mais
moins profondément, un compte-rendu de lecture par exemple ou des
considérations sociétales.
Ce qu’on fait de cet intime
alors, dans un contexte culturel donné, dépend de chacun de nous, des limites
que l’on se donne, en fonction de notre propre histoire, de notre évolution.
Ainsi on peut choisir de garder l’intime intérieur, dans notre for privé ou
choisir d’en révéler une partie à autrui dans les cercles proches du dialogue
de personne à personne ou dans les cercles plus éloignés d’un partage public
plus ou moins large.
J’aboutis ainsi plutôt qu’à
la trilogie intime, privé, public à deux couples de polarités, intime/extime
d’un côté et privé/public de l’autre et tout mon réglage de blogueur va
consister à savoir à chaque moment où je fais passer le point de rencontre
entre ces lignes.
Je trouve important de poser
les choses ainsi et de ne pas faire une assimilation quasi synonymique comme
c’est parfois le cas de l’intime et du privé qui conduirait à poser d’emblée un
regard méfiant sur tout dévoilement de l’intime, à le poser d’emblée comme une
transgression.
Tant que tout ça ne concerne
que moi ou que je parle de ce qui est relationnel de façon générale,
désincarnée, j’ai toute liberté d’étaler mes interrogations et mes états d’âme.
En tout cas c’est à moi de fixer mes limites, en ayant réfléchi aux
conséquences possibles, à d’éventuels retours de bâton ou effets pervers, à la
façon dont je saurais y faire face ou pas.
Ça se complique sérieusement
lorsque des autruis précis entrent dans la partie que ce soit les proches de la
vie quotidienne ou des relations qui se sont construites sur internet à travers
la pratique commune du cyberdiarisme.
On ne peut plus alors se
permettre d’être « effrontément désinvoltes avec les confidences » pour citer
notre ami Pierre du blog Alterego. Il faut avoir le plus grand respect de
l’intimité d’autrui. Et pas seulement de ce que je crois moi être l’intimité
d’autrui mais ce que lui-même va considérer comme son intimité avec une vision
peut être différente, plus restrictive que la mienne. Le respect ce n’est pas
seulement ce que je crois devoir à l’autre mais aussi ce que cet autre
considère comme lui étant dû. Et ça même si ça doit me frustrer dans mon
expression et contribuer à limiter la part d’intime que j’aurais souhaité
aborder…
Donc, et là je reviens à mon propre journal, comment est-ce que j’ai
procédé, est ce que j’ai modifié ma façon d’écrire ?
En commençant je me suis
dit : à priori je veux essayer de garder mon journal le plus proche de ce
qu’il était.
Au départ j’ai simplement
introduit des pseudonymes, j’ai décontextualisé les récits, j’ai évité certains
noms de lieux ou d’activités trop précis, notamment ceux qui risquaient de me
faire reconnaître dans mon monde professionnel.
Mais je n’ai pas modifié le
fond, j’ai continué à traiter des mêmes sujets, je ne m’en suis interdit aucun
à priori.
Mais dire que je n’ai pas de
sujet tabou, ce n’est pas dire que je dis tout et que je le dis n’importe
comment.
D’abord, et ça pour moi
c’est très important, je n’écris pas directement en ligne. Je n’écris pas et ne
publie pas sous le coup de l’impulsion. D’ailleurs je n’ai jamais pratiqué le
journal défouloir ou déversoir, j’ai toujours relu et corrigé pour m’assurer
que j’étais clair et lisible ne serait-ce que pour moi. Je n’ai donc fait
qu’accentuer cette tendance en devenant cyberdiariste. J’écris sur un fichier word.
Je relis soigneusement mon billet avant de le publier, je le relis avec la
pensée qu’il sera lu, ce qui m’amène parfois à le modifier légèrement, à
atténuer des formulations, à arrondir certaines aspérités, à préférer l’allusif
au trop explicite. Et je me réserve aussi la possibilité de conserver certaines
entrées hors ligne. Mais ces entrées réservées ne sont pas très nombreuses
quoique leur nombre ait tendance à s’accroître.
Mais j’ai aussi et surtout
appris à manier l’allusion. Ça je m’y attendais moins, c’est venu peu à peu et
je crois que j’ai acquis une certaine habileté dans ce domaine, ce qui me
permet d’aller sur des terrains très intimes tout en restant suffisamment
discret.
J’ai des lecteurs de tous
ordres, lecteurs de passage arrivés sur le blog à partir d’une recherche dans
google, lecteurs fidèles, certains depuis le tout début et qui finissent par
connaître beaucoup de moi, lecteurs enfin que j’ai rencontré, avec qui se sont
développés des relations, certaines importantes et profondes. Ainsi dans un
même billet certains ne verront que des considérations générales, d’autres
supputeront des arrière plans au-delà de ce qui est explicite sans trop savoir
lesquels et pour d’autres enfin l’allusion sera un clin d’œil évoquant un fait
précis connu, ce sera alors comme un petit message privé glissé dans la parole
publique.
J’aime bien cette sorte
d’écriture à tiroirs. Du point de vue de l’exercice d’écriture lui-même, je
trouve que c’est assez excitant, ça a un petit côté ludique qui est très plaisant,
je souris souvent en écrivant telle ou telle phrase dont je me dis, tiens, ça
c’est pour un tel ou pour une telle…
Ce qui compte pour moi c’est
de m’assurer que je reste dans l’authenticité, que je ne déforme pas
consciemment. Dans ma relecture avant de mettre en ligne, il y a toujours cette
question : est-ce que là tu es bien toi même, même si bien sûr tu n’y es
pas tout entier ? Ou bien, au contraire, est-ce que pour ménager tel ou
tel, ou pour t’attirer de la sympathie ou du lectorat, ou pour te construire
une image, est-ce que tu ne serais pas départi de ta véracité ? C’est le
critère fondamental. Si je ressens à la lecture que je ne suis pas en accord
profond avec le billet je ne le publie pas. C’est arrivé, quelquefois,
rarement. En tout cas si j’avais le sentiment que ce décalage devenait trop
fréquent, que j’étais en train de me construire une image pour le public, que
j’étais en train de perdre la personne au profit du personnage, alors je me
dirais que je perds ce qui fait pour moi le sens même de cette écriture et
j’arrêterais.
Evidemment c’est difficile
de parvenir à cet équilibre et d’ailleurs il est toujours mouvant. Mais c’est
aussi cette difficulté qui rend les choses passionnantes. Souvent je parle de
ligne de crête. J’ai l’impression d’avancer sur un chemin étroit de montagne,
avec deux précipices à mes côtés, celui de la déformation, de l’inauthenticité
d’un côté, celui du trop dire de l’autre, parfois je glisse un peu d’un côté,
parfois je sens que ça menace de l’autre, mais l’un dans l’autre j’avance
toujours sur cette ligne de crête, j’essaie de trouver chaque fois le réglage
qui convient et quand j’y parviens, comme c’est la cas le plus souvent, j’ai
alors une grande satisfaction : je n’ai rien caché de ce que j’avais
profondément envie de dire, je ne me suis pas mis en danger en en disant trop
et je n’ai pas malmené de tierce personne.
Bien sûr avec le temps des
choses ont changé et continuent de changer :
C’était plus facile au début
lorsque j’étais protégé par un anonymat absolu, lorsque mon lectorat était
lointain, quasi abstrait. Les choses deviennent plus complexes lorsque cet
anonymat se lézarde, lorsque aussi se créent des interactions véritables avec
les lecteurs, lorsqu’on commence à les rencontrer, lorsque se créent des dynamiques
relationnelles individuelles ou de groupe qui comportent fatalement leur part
de tensions, de conflits, de jeux d’images, bref lorsque le fait de tenir
journal en ligne commence à s’articuler avec la vie elle-même.
Je m’étais attendu à ce que
franchissant cette étape je sois amené à mettre moins en avant les aspects les
plus intimes de mon journal. C’est vrai en partie. Mais l’intime néanmoins
résiste fortement. Plusieurs fois j’ai commencé à écrire en me disant « oh
là je pars dans quelquechose qui ne sera pas publiable », et puis
finalement, parfois sous réserve de minimes retouches notamment au regard des
tiers, je me suis dit : « tout de même, ça c’est moi, au fond il n’y
a là rien d’illicite, rien d’indicible, rien de honteux, allez, allons-y, publions... ».
Les interactions avec le
lectorat contribuent à entretenir avec force la présence de l’intime. C’est sur
les sujets intimes que les dialogues sont les plus nourris. Les contributions y
sont plus nombreuses parce qu’on touche là à des questions plus universelles.
Les échanges rassurent en montrant combien les questions sont partagées. Mais
aussi ils pointent des aspects qu’on n’avait pas forcément vu soi-même, ils
font donc réfléchir, parfois au prix d’une certaine déstabilisation. Mais donc,
ils font avancer, disons ils peuvent aider à avancer, restons modestes.
Les liens qui se créent avec
les blogueurs avec lesquels s’effectuent ce type d’échange se placent d’emblée
au-delà de la convivialité superficielle, on s’y trouve dépouillé, au moins en
partie, des oripeaux de notre personnage social. C’est spécialement frappant
lorsqu’on rencontre dans le réel pour la première fois une personne avec qui on
a eu un dialogue de ce type, on se trouve d’emblée sur un plan d’intimité qu’on
n’atteint que bien plus lentement avec les personnes rencontrées dans la vie
courante et ça c’est assez extraordinaire.
René Rioul dans un texte
référence pour notre association « le désir d’autobiographie » évoque
comme source profonde de ce désir « ce mixte du même et de l’autre » qu’on
rencontre en fréquentant les textes autobiographiques. Il citait cette
réflexion paradoxale qu’on se fait parfois en lisant un texte: « pour moi
c’est exactement la même chose et pourtant c’est entièrement différent ».
C’est tout à fait ça et c’est ce qui a fait de moi un passionné
d’autobiographie puis un adhérent de l’APA et un déposant dans notre fonds.
Or je retrouve ce
« mixte du même et de l’autre », cette articulation du semblable et
du différent, de l’alter et de l’ego, de façon décuplée dans ma pratique de
cyberdiariste intimiste. Car l’écriture en ligne et les échanges qu’elle
autorise fonctionnent dans l’immédiateté, ce qui leur confère une plus grande
puissance, les rendant certes plus problématiques et plus dérangeants mais aussi
plus enrichissants.
Cela dit j’ai certainement
fait bouger les frontières du dicible et de l’indicible sur mon blog. J’ai
constaté en effet que le nombre d’entrées de mon journal que je laissais
hors-ligne avait augmenté : presque pas en 2003-2004 au temps de
l’anonymat profond, pas loin de 10% au temps des premières fissures de cet
anonymat et près de 20% en 2008, là ça commence à faire beaucoup. Et évidemment
ma prestation de ce jour devant vous risque de ne pas arranger les choses.
C’est pourquoi j’ai hésité,
avant de prendre la décision de venir parler ici, j’ai pesé les intérêts que
j’y trouvais et les craintes que j’en avais. J’ai évoqué mes hésitations dans
plusieurs billets qui m’ont d’ailleurs valu pas mal de réactions et de mises en
garde : « attention Valclair, tu vas perdre ton âme, nous allons
perdre le Valclair que nous aimons, celui qui donne vraiment de sa
personne… »
Je sais qu’il y a un risque.
Ce qui est sûr c’est que je souhaite qu’une part d’intime reste présente dans
mon journal. Je ne souhaite pas basculer vers un blog qui serait uniquement
extime, composé de notes culturelles ou de considérations consensuelles sur les
petits bonheurs de la vie, sur le temps qui passe ou sur des sujets en vogue,
en tout cas dans la blogosphère que je fréquente, du genre la surconsommation
c’est mal ou Monsieur Sarkozy n’est pas gentil etc, etc…
Alors que dire pour conclure ?
Je ne parle que pour moi
évidemment. Je n’ai pas de modèle à proposer. Je peux juste dire que je trouve
mon compte dans cette pratique puisque je la poursuis sans désemparer depuis
maintenant plus de six ans.
Parfois j’ai des envies
d’arrêter, parce que je la trouve trop envahissante, parce que je me dis :
à quoi ça rime, toutes ces pages, toutes ces heures passées à les écrire, est-ce
que ce n’est pas du temps pris à la vie ?
Mais ce que je remet en
cause alors c’est le fait de tenir journal plus que de le tenir publiquement.
Et je pense même au contraire que parce que je le tiens publiquement que je
parviens à le continuer.
Je serais incapable
désormais d’écrire ce journal s’il n’était que pour moi, si je ne le partageais
pas avec un lectorat qui souvent m’encourage, si je ne l’inscrivait pas dans un
échange. D’ailleurs même parmi mes billets qui restent hors ligne, rares sont
ceux qui n’ont jamais quitté mon disque dur. Presque tous ont donné lieu à des
échanges, cette fois privés, avec certains de mes lecteurs privilégiés, pas les
mêmes naturellement selon les billets, selon les moments. Mais ces échanges
privés se sont construits avec des personnes qui sont devenus des amis après
m’avoir découvert au travers de mon expression publique.
Je pense donc que cette
démarche d’expression publique de soi peut être profondément bénéfique dès lors
qu’on la fait en toute connaissance de cause des risques, des contraintes et
des limites, dès lors qu’on respecte certaines précautions, règles de prudence
vis à vis de soi, règles de discrétion vis à vis d’autrui.
On avance soi-même à travers
un tel parcours. On se libère. Jamais lorsque je me suis lancé dans cette
expérience, en un temps où j’étais terrorisé à l’idée de la moindre faille qui
pourrait compromettre un tant soit peu mon anonymat, je n’aurais pas imaginé
pouvoir venir parler de tout ça, devant vous, comme je le fais aujourd'hui, de façon
décontractée, enfin relativement décontractée, n’exagérons rien.
J’ai appris à donner
publiquement de moi des choses qui m’auraient paru inconcevables il y a
quelques années et qui me paraissent aujourd'hui quasiment anodines, normales.
Il n’y a pas honte à évoquer telle intermittence de cœur ou à reconnaître telle
fragilité ou telle fêlure, à être soi plutôt que le personnage dans lequel on
reste le plus souvent enfermé. S’accepter au regard des autres c’est
profondément accepter d’être soi.
Et voilà pourquoi, sans trop
savoir où je vais, je continue l’aventure…