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Les échos de Valclair
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20 mars 2009

Grève et manifestation

Cette fois j’ai fait grève.

Non que j’ai été saisi d’un soudain enthousiasme militant mais j’avais tout simplement l’impression que je ne pouvais pas ne pas en être, que je me serais senti trop mal à l’aise à rester coincé toute la journée à mon bureau, à ne pas manifester ma solidarité avec ceux qui luttent et mon souhait d’une autre politique, même si je ne sais pas trop ce qu’elle pourrait être, c’est bien là où le bât blesse.

Toutes ces nouvelles qui tombent jour après jour, l’approfondissement de la crise, l’aggravation de la précarité, de la montée du chômage, cet argent que l’on donne si libéralement d’un côté et si difficilement d’un autre, ce refus toujours inébranlablement affirmé de toucher aux privilèges de quelques uns font qu’on ne peut que se sentir interpellé. Je suis particulièrement révolté par cette position de principe sur le bouclier fiscal défendue becs et ongles en affirmant que ce n’est pas ça qui coûte cher au budget de l’état. Peut-être mais que le Trésor Public puisse rembourser dans une telle période de crise à quelques uns des sommes qui représentent pour le précaire ou pour le travailleur pauvre une somme astronomique me paraît tout simplement indécent et mérite qu’on le crie.

Ce qu’il faudrait faire je n’en sais rien. J’ai soupé des yakas et les fauquons et c’est bien ce qui m’a conduit à rester le plus souvent à l’écart des précédentes mobilisations. Il n’y a pas de solution magique mais on pourrait faire sûrement moins mal. La crise est tellement profonde, multiforme, les vieilles recettes ne marchent pas, on n’en voit pas de nouvelles. C’est très difficile de changer de paradigme. Je suis tombé au cours de la manif sur un distributeur de tract d’un « Parti de la décroissance ». Il y avait là des réflexions intéressantes. Mais comment effectuer la transition entre notre modèle industriel et un nouveau modèle à inventer, sachant toutes les résistances qu’il y a à affronter, celles de ceux qui nous gouvernent, celles des profiteurs du système industriel et financier actuel à la recherche des plus grands profits immédiats par l’exploitation à tout crin des hommes et de la nature mais aussi celle de ceux qui vivent, oh combien douloureusement, la casse des outils industriels qui jusqu’à présent leur offrait du travail ?

Je suis toujours aussi dubitatif sur les résultats de ce type de mobilisation mais je ne souhaite pas pour autant les explosions radicales dont rêve le NPA qui ne règleraient rien et pourraient conduire au pire. Je ne vois aucune solution politique à court terme, entre un PS toujours aussi occupé de ses bisbilles, un front de gauche trop antieuropéen, un NPA dont la radicalité ne mène à rien.

Le matin je suis passé au bureau pour faire les déclarations de grève afin que nos absences se marquent dans les statistiques et pour que, comme il est normal, notre ayons à subir un retrait de salaire. Ensuite je suis rentré paisiblement chez moi en cours de matinée, jouissant du beau temps et heureux de me sentir plus en accord avec ma conscience qu’au mois de janvier. On a pu déjeuner sur notre terrasse pour la première fois cette année. A l’ombre il faisait encore frisquet mais avec un bon pull ça allait. Oui c’est le printemps… Et ce printemps météorologique compte aussi pour effacer en moi cette froidure à l’égard du monde qui en janvier m’avaient fait rester de côté.

L’après-midi donc j’ai été à la manif ce qui pour moi était le plus important.

J’ai d’abord commencé à y errer comme à mon habitude, plutôt en voyeur qu’en participant. Il y avait un étrange contraste entre les deux versants du Boulevard du Temple, un côté ombre où on caillait, et un côté soleil où il faisait presque trop chaud lorsqu’on se retrouvait immobile, coincé dans les paquets de foule.

J’étais content de coller sur mon blouson le « Casse toi, pov’con », distribué par le Parti de Gauche sans manifester pour autant un soutien particulier à cette organisation mais crier cela était aussi le sens de ma présence.

J’ai fini par rejoindre le petit cortège des représentants de ma corporation. Habituellement je n’aime pas trop défiler avec eux car je suis loin de partager toutes les positions du syndicat majoritaire, mais bon, j’ai préféré me glisser tout de même avec eux, marcher avec des collègues. On a chanté les chansons inventées pour l’occasion, forcément un peu démagogiques mais il y en avait de bien tournées, et ça fait du bien de se sentir tout de même dans la participation même si je me sens souvent décalé de mon monde professionnel, en difficulté d’appartenance. J’y ai revu des collègues que je n’avais pas vu depuis très longtemps et rien que ça c’était un plaisir à ne pas bouder.

Bref je suis revenu fatigué et un peu rompu par les heures de piétinement mais finalement, sur un plan purement personnel j’ai passé un bon moment, sans être perturbé par les doutes et les malaises identitaires qui ont souvent rendu mes participations à des manifestations pénibles et amères.

Manif_19_mars_006

Un peu de musique pour réchauffer les coeurs

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Commentaires
V
c'est très chouette de voir des "anciens" comme on dit garder une telle énergie, celle que tu manifestes ici, Micheline, comme celle qui transparait dans ton blog toujours si actif. <br /> Et bienvenue à toi Heure bleue.
H
C'est une période difficile à gérer, nous aidons nos enfants adultes à survivre, nous gardons nos petits enfants. Cet après midi, partie remplir le réfrigérateur, j'ai vu un des effets pervers de cette crise, les premiers prix partent et lorsque tu cherches un peu de qualité, tu frôles la date de péremption...
M
C'est encore moi,un peu gênée d'avoir traité la question par la dérision, excédée que je suis par ces mots qu'on nous assène: patapoun!! la crise arrive comme s'il s'agissait d'un monstre inconnu qui nous tombe dessus. et"nettoyer les produits toxiques de la finance"???? on sait faire?? alors allons-y <br /> Bien sûr qu'il y aurait des solutions, il y a des théories valables pour des systèmes économiques équitables , le problème comme tu le dis c'est la manière de les mettre en place, de convaincre une minorité agissante qui trouve son compte à celui qui existe et qui détient les moyens de le perpétuer,qu'il y a place pour une plus grande satisfaction que celles des privilèges. <br /> Pourtant les choses bougent et peuvent bouger au fur et à mesure que les masses prennent conscience de l'impasse dans lesquelles elles se trouvent.<br /> Mes jambes ne me permettent plus d'aller battre le pavé mais je suis de tout coeur avec ceux qui essaient de faire entendre leur voix.<br /> et merci pour ton billet .<br /> micheline.
M
T'en fais pas, on va rameuter tous les chasseurs de "Chasse et Tradition" pour aller courre la grosse bête du Gévaudan . Bien qu'elle ait changé de nom et s'appelle maintenant LA CRISE..on l'a bien reconnue!<br /> Et on va réquisitionner tous les services de nettoyage de la planète pour nous débarrasser de tous les produits toxiques,- de la finance bien entendu!-
Les échos de Valclair
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