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Les échos de Valclair
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10 novembre 2009

Un week-end très culturel

Mon dernier week-end a été très rempli d’activités culturelles diverses. On va dire qu’il était riche donc…

J’ai été voir à la Cité de l’Architecture à Chaillot l’exposition issue de la consultation des équipes d’urbanistes et d’architectes travaillant sur le projet du Grand Paris, exposition symboliquement installée dans une des galeries historiques du musée afin de faire ressentir aux visiteurs que la démarche de réflexion sur le futur de l’agglomération ne peut s’envisager qu’articulé avec son précieux passé.

Les projets des diverses équipes sont très différents mais les constats sont largement similaires, ils pointent tous les contrastes excessifs entre l’intra périphérique et son au-delà, la nécessité de faire sauter ce verrou administratif et psychologique qu’est ce mur de Berlin dans les têtes, la nécessité absolue de créer des systèmes de transports concentriques pour décongestionner le cœur parisien comme celle de créer du lien dans des espaces qui sont déstructurés par le passage des axes de transport. Les enjeux en tous cas apparaissent clairement et sont d’une formidable ampleur, ce que ne réalisent pas ou peu les parisiens de l’intérieur que nous sommes.

Chaque matin à 7 heures quand j’aborde doucettement mon petit déjeuner avant de me rendre à pied à mon bureau, j’entends les commentateurs de France Inter qui indiquent le kilométrage des bouchons. A quel heure les gens se sont-ils levés ! Et il y au même moment des milliers de gens entassés dans les trains et les RER filant (ou pas, selon les conditions du trafic, des pannes ou des grèves) vers le cœur de Paris, quand bien même ce ne serait que pour y transiter. Il est clair que la question du transport est la plus cruciale, la plus urgente, et la mise en place de systèmes concentriques, évitant l’obligation de passer par le cœur de la cité est forcément présent dans tous les projets.

Au delà les réponses diffèrent et je serais bien en peine de pencher pour telle ou telle d’autant que le quartier libre donné aux équipes dans leur façon de présenter leurs projets ne facilite pas les comparaisons. Celles qui visant à contenir l’agglomération dans une superficie raisonnable me paraissent cependant plus fortes que celles qui voudraient la faire s’étendre considérablement, par exemple tout au long du Val de Seine de Paris au Havre. Quelques projets m’ont plus accrochés que d’autres, ceux de l’équipe Portzamparc, ceux de l’équipe Castro mais peut-être est-ce seulement parce que leur façon de communiquer et d’expliciter leurs choix était meilleure.

Maintenant je ne sais trop ce qu’il en résultera, les pesanteurs, les féodalités diverses et la crise par-dessus le marché sont de nature à réduire les ambitions des politiques, Nouvel a poussé récemment un sérieux coup de gueule là-dessus.

Au moment où je suis sorti de l’exposition, il y avait une belle éclaircie sur Paris, un ciel magnifique sur la Seine, sur la Tour Eiffel et, au-delà, sur les dômes et les toits de la rive gauche. Mais l’esplanade, outre ses habituels touristes se prenant en plate photo en pied devant la Tour et les dizaines de vendeurs de babioles diverses, était envahie par deux manifestations disparates, un groupe de tamouls protestant contre la répression au Sri Lanka, des gens venaient déposer des fleurs auprès d’une grande photo au décor très bollywoodien et aux couleurs léchées d’un personnage qui devait être un martyr de la cause, tandis qu’un peu plus loin, dans une ambiance plus échevelée, des guinéens protestaient contre la récente et sanglante répression dans leur pays. Je suis passé là devant, je ne saurais que dire ou que faire à l’égard de ces conflits que je connais à peine et que je sais pourtant bien réels, c’est juste comme une piqûre de rappel des malheurs du monde, juste de quoi faire saigner un peu ma mauvaise conscience.

Ensuite je suis descendu jusqu’au quai, je me suis promené dans l’exposition de photographes du monde installée devant le Musée du Quai Branly. Là aussi quelle variété ! Il faudrait s’arrêter, prendre le temps d’essayer de rentrer dans ces diverses approches et visions du monde. Mais voici que la nuit tombe, le vent, le froid se mettent de la partie, il recommence à pleuvoir, alors je n’insiste pas, je me contente de mon zapping, de mon survol non sans en ressentir une certaine frustration.

Le soir j’ai assisté à une séance de théâtre d’appartement où William della Rocca, qui continue son extraordinaire projet de donner en one man show la quasi intégralité du texte des Confessions de Rousseau. A chacun des livres des Confessions correspond un spectacle, il s’agissait ici du 6° livre, le bonheur aux Charmettes, l’étude, les soucis de santé, le voyage à Montpellier et la rencontre avec Madame de Jarnage, le retour à Chambéry et la douleur de se voir remplacé dans le cœur de « Maman », le séjour à Lyon puis le départ à Paris pour y présenter son système de musique. Le secret de la réussite tient à la façon dont William della Rocca investit le texte, la voix nouée, les larmes au bord des yeux, on croirait vraiment avoir en face de soi Rousseau lui-même revisitant, l’âge venu, ses bonheurs et ses douleurs d’autrefois. J’avais entraîné Constance dans l’aventure, un peu réticente au départ, se demandant comment deux heures de monologue d’un texte qui ne paraît pas à priori particulièrement théâtral pouvait ne pas être ennuyeux. Elle est sortie de là enthousiaste et m’a dit n’avoir pas décroché un instant. Le moment convivial qui suit ou les spectateurs et l’acteur échangent autour d’un buffet rajoute au charme de ce genre de soirée.

Dimanche au cinéma j’ai vu « Irène » d’Alain Cavalier. Le film m’a un peu fait bailler et en même temps j’y ai trouvé des choses formidables, plus nombreuses d’ailleurs à mesure que le film avance. Ça mériterait une note sur l’intérêt et les qualités ou faiblesses intrinsèques du film mais plus encore sur le rapport que j’ai entretenu avec lui, qui tient peut-être à une certaine lassitude que j’éprouve ces derniers temps face à la mise en mots de soi, laquelle a sans doute un rapport avec ma moindre appétence à écrire dans ce registre pour moi-même ces derniers temps.

Enfin j’ai participé à un café littéraire autour de Gogol. J’ai retrouvé l’équipe qui animait l’an dernier et avec laquelle j’avais participé entre autres à des soirées Vailland, Ernaux ou Vian. Le lieu a changé, la formule est un peu modifiée, plus structurée mais toujours basée sur des lectures faites par des participants eux-même . Je n’avais pas participé à ce café depuis plusieurs mois et cette fois je n’étais là qu’en spectateur. L’ambiance était chaleureuse, les lecteurs talentueux, les discussions avec la salle le plus souvent intéressantes même si il y a eu quelques débordements à partir de propos par trop généralistes qui font vite basculer vers des discussions de café de commerce. Un jeune violoniste s’est gentiment imposé pendant l’entracte puis a continué à faire l’ambiance pendant le dîner russe qui a suivi et auquel je suis resté, j’étais très content de retrouver cette bande.

Donc riche week-end en effet…

Et pourtant je méditais ! Je me disais que cette accumulation était heureuse mais que ce défilement accéléré était aussi générateur d’une certaine frustration. J’ai besoin il me semble de plus en plus souvent de lenteur, de temps de latence pour me recentrer moi dans le mouvement et les sollicitations. Et je me disais qu’à tout prendre j’avais plus besoin encore du ressac de la mer, du vent dans les arbres, de sentir mon corps vivant et présent à la nature et aux éléments. Les deux temps sont indispensables bien sûr mais j’ai de façon de plus en plus nette conscience de celui qui au final est le plus essentiel.

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Commentaires
V
Oui je connais bien maintenant ton balancement ville-campagne et j'ai plaisir à visiter ce lieu de campagne à priori plutôt banal sous toutes ses coutures, à travers toutes les saisons, grâce aux superbes photos que tu nous en donnes, merci cher Nuages.
N
Depuis un an, je passe la moitié de mon temps dans un petit village, Avioth, dans une maison communautaire. Les retours à Bruxelles, dans la capitale à la riche vie culturelle (moindre que Paris, mais quand même) sont toujours porteurs de vifs contrastes. Je n'en profite pas assez, de cette vie culturelle, de par un certain isolement, assurément.<br /> Cet automne, ce doux mois de novembre (cela peut sembler un oxymore, mais pour moi, pour des tas de raisons physiologiques, climatiques et psychologiques, l'automne et l'hiver en ville sont doux... ce doux mois de novembre, donc, lors de mon séjour dans la grande ville, je ronronne, je flemmarde, je fais provision de DVD de films anciens ou récents, je les savoure, je prépare mon prochain séjour campagnard, où la terre rousse, les arbres dorés, les vieilles maisons villageoises, les arbres bientôt déplumés (mais je les aime ainsi, aussi), me raviront.
E
Je rumine ta remarque fort juste au sujet de "propos par trop généralistes". Il nous faudra recadrer cela et réorienter la discussion davantage vers des questions d'écriture, de style, etc. qui (sur Gogol en tout cas) ont été quelque peu délaissées.
E
... de ton appréciation du café littéraire. Des paroles comme les tiennes nous donnent l'énergie pour continuer le projet et essayer de nous améliorer encore. A décembre donc !
V
Ce sera autour de Duras et ça aura lieu le 13 décembre. J'y serai sans doute...<br /> Bienvenue ici, Anne, il me semble que c'est ton premier passage et bienvenue là-bas si tu peux y venir
Les échos de Valclair
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