Journée légère
D’abord il y a eu cette neige. La neige à Paris c’est toujours très vite l’affreuse gadoue. N’empêche, aux premiers moments, c’est quand même une grâce. Ce matin quand je marchais sous les flocons pour aller au travail, quel plaisir à voir tout ce blanc s’accrocher aux arbres, se poser sur les voitures, sur les trottoirs et même sur les chaussées, du moins dans ces petites rues peu passantes que j’emprunte pour rejoindre mon bureau. Simplement sentir qu’on est hors du cadre normal, que la routine habituelle est écornée, ne fut-ce qu’à peine, c’est déjà un plaisir.
Ensuite ma journée de travail s’est révélée plutôt légère. Surtout ma réunion de l’après-midi s’est terminée plus tôt que prévu, du coup je me suis improvisé une petite toile dans le quartier Beaubourg où je me trouvais. Les contraintes du travail habituel ont pour contrepartie de rendre très jouissifs les moments de liberté imprévue qu’on leur arrache. Tiens, voilà des petites joies que je n’aurais plus quand mon temps professionnellement contraint aura disparu !
J’ai vu le film « Louise Bourgeois, la maîtresse, l’araignée, la mandarine ». La perception des œuvres simplement au travers les images d’un film n’est pas évidente. Il faut être au milieu des sculptures et des installations pour en percevoir la force étonnante. Je me souviens combien j’avais été subjugué par l’exposition à Beaubourg l’an dernier, bien au-delà de mon attente. Le film est assez confus, il part un peu dans tous les sens, porté par les discours de Louise Bourgeois, au fil de ses émotions, de ses plongées dans ses souvenirs et dans son inconscient. Mais au final il éclaire vraiment l’œuvre. Surprenante femme ! Le trop plein émotionnel dont elle est envahie se sublime dans l’énergie qu’elle insuffle à son œuvre, à sa vie et à ses paroles qui ne se privent pas d’être dérangeantes pour ceux à qui elle s’adresse. Diable, cette femme ne doit pas être facile à vivre ! Mais j’ai beaucoup aimé les dernières images du film où elle se révèle aussi sous d’autres jours au travers de ses sourires malicieux et de la chanson pleine de drôlerie et d’impertinence qu’elle entonne.
Et puis ce soir aussi, nous attendons l’anglais. Ça aussi ça me réjouit. Ça fait un moment qu’on ne l’a pas vu, l’animal. A l’heure où je publie son eurostar doit être en train d’arriver gare du Nord, une demi heure et il sera là…