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Les échos de Valclair
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21 janvier 2010

Archéologie profonde

Me voici plongé dans l’archéologie de l’écriture en ligne. J’avais déjà pris plaisir à faire ce genre de saut dans le temps et j’avais il y a un peu plus de deux ans donné le lien vers la page de favoris que j’avais annexé à mon premier site en 2004. Un autre monde !

Mais là je vais bien plus profond. Une douzaine d’années ! A l’échelle du net une quasi préhistoire. Avant que moi-même je ne commence à mettre le nez dans tout ça, ne serait-ce qu’en observateur.

Je suis en train de lire les Chroniques du Tisserand écrites par Gargil entre 1998 et 2000. Ne vous précipitez pas. Vous ne les trouverez pas en ligne. Et pas même en allant à la BNF consultez les archives de l’internet. Les collectes à cette époque héroïque n’avaient même pas commencé.

Non je me promène sur ce site sur un Cdrom que leur auteur a déposé à l’APA et dont je suis chargé de faire un compte-rendu.

Je retrouve des noms de diaristes qui avaient déjà fermé lorsque j’ai commencé. Il y a des liens qui pour la plupart tombent dans le vide. Quelques uns, très rares, mènent vers des pages encore visibles même si l’auteur a arrêté d’écrire depuis des années. C’est assez émouvant.

Ce qui m’amuse aussi c’est de retrouver chez Gargil les mêmes hésitations que j’ai pu avoir face à la mise en ligne, le battement de cœur au moment du basculement sur le web, cette impression de faire quelquechose de vraiment incongru et d’un peu fou, mais aussi de terriblement excitant, ce qui ne doit plus être le cas maintenant, tant les choses ont été rendues faciles et se sont banalisées à travers les blogs. Je retrouve des interrogations aussi sur la limite de ce qu’on peut dire et sur comment les dire qui sont toujours les miennes, la recherche d’un positionnement d’équilibre entre le trop dire et le pas assez dire. Gargil parle d’une écriture de « funambule ». J’aime bien le terme. Ce n’est pas très différent de l’expression que j’emploie moi parlant d’un cheminement « sur une ligne de crête », toujours à la merci du déséquilibre.

Gargil a repris son journal entre 2003 et 2005. Je me suis retrouvé là plus en pays de connaissance puisque nombre des diaristes évoqués font partie de ceux que j’ai lu personnellement sur le moment, avec qui j’ai échangé, que j’ai rencontré pour certains d’entre eux. Je m’attendais naturellement à retrouver beaucoup d’évocations de sa « muse » qui fut aussi la première personne du blogomonde que je me sois risqué à rencontrer IRL comme on disait (in real life), ce genre de première c’était un sacré moment, très émotionnant, on avait l’impression de quelquechose d’extraordinaire, ce qui n’est plus du tout le cas maintenant. Et puis, moins attendu, et cela m’a fait comme un sourire j’ai aussi croisé le lien vers «L’autre Journal » d’une amie très chère et dont j’ignorais totalement que Gargil l’ait jamais lue.

J’ai eu beaucoup de plaisir à cette ballade et un peu de nostalgie à retrouver tous ces liens.

Ce qui est une façon de rebondir sur le dernier billet d’Alain. Je crois moi que se créée bien en effet entre des diaristes qui se fréquentent longuement en ligne, même sans jamais se rencontrer, une forme de communauté implicite aux contours flous et à géométrie variable mais bien réelle. La meilleure preuve de son existence en est que lorsqu’elle se dissout peu à peu sous l’effet du mouvement naturel de la vie, cela laisse au cœur de ceux qui poursuivent un léger goût de cendre, l’impression que jamais, avec ceux qui entrent désormais dans le paysage, ne pourront se créer des liens non pas seulement individuels mais collectifs d’une telle intensité.

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Commentaires
V
Oui Alain, Cassy, autant il n'y a rien à dire pour qui arrête parce qu'il sent qu'il est au bout d'un cycle et qu'il le dit, autant je vis les arrêts brutaux, les disparitions sans crier gare, les boîtes mails brutalement désactivées comme quelquechose de très inamical, une véritable trahison en fait...<br /> Peut-être est-il nécessaire pour certains de clore de cette façon là, comme une façon de rompre avec un moment, avec une étape peut-être difficile (démarches quasi thérapeutique que tu évoques Cassy), mais franchement j'ai du mal à en trouver la justification.<br /> <br /> Pour moi Telle je ne pense pas que le choix écrire/ne pas écrire en ligne se situe entre danger et plaisir (la danger plus ça va plus je pense que c'est, au moins pour la plupart d'entre nous, surtout un danger dans notre tête). La contradiction pour moi est plutôt entre flemme/contrainte et plaisir. Mais quoiqu'il en soit le regard bienveillant ou simplement les manifestations d'intérêt sont un puissant élément qui me donne l'énergie de continuer. Cela dit il ne faut pas se laisser enfermer là-dedans et il faut aussi savoir tourner la page quand on pense qu'il est temps.
T
Un goût de cendre, oui. Une amertume qui serait de la nostalgie sans se l'avouer ?<br /> <br /> Ce billet d'Alainx, que j'ai lu hier, au moment même où une personne IRL ;-) découvrait l'existence de mon blog... eh bien, ce billet, il a beau remuer des problématiques autour desquelles nous tournons sans cesse, je l'ai tout de même trouvé particulièrement éclairant et lumineux dans sa nudité première...<br /> <br /> Comme toi, je regrette un peu un certain temps, tout en me disant que l'évolution était inéluctable, et que nous avons évolué en sachant ce que nous risquions, et qu'à ce moment-là, si nous l'avons fait, c'est que le danger nous paraissait moindre que le plaisir. <br /> <br /> Car c'est avant tout une question de plaisir, non ?
C
J'ai aussi profité du lien pour me replonger dans ton ancien blog qui date de l'époque où j'ai commencé à te lire (à quelques mois près)<br /> Je rejoins Alainx à propos de cette impression que celui qui part sans crier gare laisse derrière lui.<br /> Lorsque c'est une personne que je lis très régulièrement, je le vis comme un abandon injuste.<br /> Et pourtant cela parait logique, Car certains blogs sont souvent thérapeutiques. Lorsqu'ils ont fait leur boulot, l'auteur la plupart du temps le supprime.<br /> Nous sommes tous à nous poser régulièrement les mêmes questions: pourquoi je continue? est ce que j'arrive à trouver le juste milieu entre me raconter sans trop me dévoiler.<br /> Que l'on est 50 visiteurs par jour ou seulement 5 ou 6,on est toujours en questionnement.<br /> Et comme j'ai pu le constater chez Alainx il y a peu. Il suffit que l'on s'éloigne un peu pour que le manque soit là et qu'on revienne écrire.
A
je suis allé faire un tour sur ton "vieux blog"...<br /> il y a aussi de l'hécatombe dans ceux que tu référençais...<br /> Ce qui m'étonne ce sont les blogs qui disparaissent,sans que la personne y ait mis fin.pas de message d'adieu, c'est resté en suspens...<br /> Cela fait penser à ces gens qui disparaissent dans la nature un beau matin et dont on n'a jamais plus de nouvelles...<br /> Curieuse impression !...
Les échos de Valclair
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