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Les échos de Valclair
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25 mars 2010

Pages vives, pages mortes

J’ai été amené ces derniers jours à refaire un tirage de mon texte « Traces ».

Du coup je l’ai relu attentivement, en traquant les coquilles, fautes de frappe ou fautes d’orthographe. Je l’ai relu (quasi) en entier, en continu, ce que finalement je n’avais jamais fait.

Mes ressentis de lecture ont été très contrastés. Pour certaines pages j’ai lu sans difficulté et même avec du plaisir, me disant ici ou là « tiens c’est pas mal tourné tout ça quand même ! ». Pour d’autres je me suis senti mal à l’aise, gêné d’avoir écrit ce que j’avais écrit, ne parvenant pas d’ailleurs à tout relire. J’ai finalement sauté certains passages en me disant « tant pis pour les coquilles ! ».

Je me suis interrogé sur la cause de différences aussi spectaculaires de ressentis.

Tous ces textes pourtant ont été écrits en réaction au malaise qui était le mien dans ces années là, à la fois affectif et professionnel, appelons ça la crise de la mi-vie.

Certaines pages ne sont que réflexion froide, tentatives de conscientiser un état et une histoire, vague substitut à une démarche thérapeutique que je n’ai jamais entrepris. Ce sont ces pages là qui me sont quasi insupportables.

D’autres, s’appuyant pourtant sur le même malaise, se sont voulues plus créatives, à partir de l’évocation de souvenirs, de la remise en mouvement de ceux-ci et avec l’effort explicite pour trouver une forme qui convienne, qui produise un résultat plaisant pour le lecteur (même si, à l’époque, je n’avais nulle intention de le faire lire à quiconque).

Aux première ne sont associées que le souvenir du malaise du moment où je les écrivais. Aux secondes sont associées aussi le souvenir du plaisir de l’écriture, de l’acte de création. Et ça change tout. Les premières me paraissent des pages mortes, les secondes sont des pages vives, vivantes, encore fécondes.

Quand je me suis finalement décidé à déposer ces textes à l’APA, sans en rien changer, leur donnant ainsi quelques lecteurs extérieurs, j’ai ressenti de la gêne à l’idée que des regards extérieurs puissent se poser sur certaines pages que je trouvais trop impudiques ou trop explicites sur mes névroses sous-jacentes. Or à cette relecture ce ne sont pas ces pages là qui m’ont le plus gêné, mais bien les pages mortes, écrites comme de simples constats, comme un pensum, sans être portées aussi par le goût et le plaisir de les écrire.

Ainsi ce qui sauve un texte relu longtemps après c’est bien la volonté vivante de création que l’on ressent derrière les mots, cet effort pour transcender le contenu par la forme sans perdre pourtant l’authenticité, bref l’effort de création en lui même.

Ecrivons des pages vives !

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Commentaires
C
ah Val...<br /> Je n'osais mentionner explicitement que j'ai lu ces textes<br /> Je vais m'empresser d'aller relire celui dont tu parles<br /> Mais les explications que tu ajoutes dans ce commentaire éclairent ce que tu as voulu dire, et que du coup je comprends mieux<br /> Parce que (et tu le sais) j'ai été TRES captivée par tes TRACES et d'ailleurs souvent émue<br /> L'émotion est née justement du fait que je rencontrais dans ces pages un homme qui se livrait, qui se racontait avec sensibilité et authenticité...
V
Non Coumarine tu n'a pas mal compris je crois. Mais le texte qui m'a rebuté n'est ni une fiction, ni même un récit, c'est une sorte de bilan psychologique et de vie qui n'avait pour fonction que de faire de la clarté pour moi-même, écrit comme une sorte de pensum, pas même porté par l'envie de l'écrire, juste par le besoin de l'écrire.<br /> En fait, puisque tu fais partie des rares personnes qui connaissent ces textes, tu verras bien ce dont il s'agit, c'est le texte "Point à la ligne" qui m'a été insupportable par rapport à toute la série des "Fragments" que j'ai au contraire pris un réel plaisir à relire.<br /> Je ne m'attendais pas à une telle intensité de contraste de ressenti entre les deux parties et c'est ce qui m'a interpellé.
C
tu écris:<br /> "Ainsi ce qui sauve un texte relu longtemps après c’est bien la volonté vivante de création que l’on ressent derrière les mots, cet effort pour transcender le contenu par la forme sans perdre pourtant l’authenticité, bref l’effort de création en lui même."<br /> Ces mots me laisse perplexe...<br /> Parce que pour moi, ce n'est pas AVANT tout la volonté de création qui sauve un texte, c'est d'abord qu'il ait été écrit dans la sensibilité authentique d'un auteur qui s'engage dans son récit (ou sa fiction)<br /> Après seulement intervient le travail créatif via la forme...<br /> Mais j'ai peut-être mal compris ce que tu as voulu dire?
M
"afin que vives ou mortes tes pages ne soient que roses"<br /> tu vois je ne sais plus que plagier Ronsard<br /> c'est tout ce que je peux faire!!!
Les échos de Valclair
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