En voyage
Quand on est parisien, souvent
on ne l’est que d’un petit bout de Paris. Pour moi c’est le 13°, le 14°, le
quartier latin, un petit secteur de la rive droite, disons Louvre, Châtelet,
Bastille, Bercy. L’essentiel de mes déplacements, de mes promenades, de mes
sorties s’effectue à l’intérieur de ce cercle pas si grand.
Aujourd'hui, sans que ce
soit le grand beau temps, ça sentait tout de même le printemps. On a déjeuné
sur la terrasse, une première je crois cette année. Constance ne souhaitait pas
bouger et moi je me suis senti des envies de randonnées et de voyages, plutôt que
de salles obscures. J’ai décidé d’aller me promener à La Défense, oui c’était terra
incognita, oui c’était comme un voyage…
Bien sûr je passe de temps
en temps sous La Défense en RER ou en voiture, j’emprunte le Boulevard
circulaire en automobile, mais ça faisait des années, vraiment beaucoup d’années
je crois, que je n’avais pas mis les pieds dans le cœur piétonnier du quartier,
sur les dalles et les esplanades autour desquelles les tours de nos jolies
multinationales françaises se regardent en chien de faïence, à qui sera la plus
belle, à qui sera la plus haute…
J’ai débarqué sous La Grande Arche (dans laquelle d’ailleurs en ce moment on ne monte pas, il y a des problèmes de sécurité sur les ascenseurs). J’ai découvert la Jetée, une longue passerelle entre jardins et cimetières qui prolonge l’axe Arc de triomphe-Défense côté Nanterre, dans des zones encore loin d’être achevées. Je me suis amusé à suivre une séance photo sur les marches et ça a été la photographe photographiée ! Je suis entré dans le CNIT dont j’ignorais les transformations, avec centre commercial intérieur et hôtel de luxe, constructions dans la construction. Je suis ensuite redescendu vers Neuilly par les esplanades successives m’arrêtant un moment au bord d’une pelouse sur laquelle avait lieu un cours de capoeira puis devant des plans d’eau où se miraient des sculptures en forme de longues perches torsadées et colorées. J’ai franchi le Pont de Neuilly, non sans faire une halte dans le petit jardin qui occupe la pointe de l’île sur laquelle le pont s’appuie. Impression étrange, la rumeur de la ville en quelques pas se fait très amortie, les tours s’aperçoivent à travers les feuillages… Le lieu est presque vide, j’y vois juste un unique couple d’amoureux qui se bécotent avec énergie… Les péniches amarrées en face côté Neuilly, les rameurs qui s’entraînent, le temple néo-grec posé en face sur la pointe de l’ile de la Jatte... Me voici très loin de l’agitation urbaine et des tours orgueilleuses, c’est un voyage dans le voyage…