Ouf, détente...
Ça y est, un peu de détente,
de vraie détente !
Je suis installé sur la
terrasse tandis que tombe la nuit, avec la mer dans mon champ de vision,
j’ouvre mon ordinateur et me mets à écrire paisiblement.
Nous sommes arrivés ici hier
soir. D’un coup de vélo nous avons été faire quelques provisions à la supérette
du port et sommes revenus par la Pointe et le chemin des douaniers. Immensité
de la mer et du ciel. Vigueur de l’air venu du large, mêlé aux senteurs de la
végétation. Mouvement apaisant du flux et du reflux…
Ce matin il bruinait tandis que
nous faisions les grosses courses au supermarché voisin. Mais dans l’après-midi
ça s’est levé un peu, nous avons fait une marche dans les bois en retrait de la
mer puis avons abouti sur la plage, cette plage même que vous voyez en bannière
de ce blog, le soleil est arrivé, ce beau soleil breton du soir, nous nous
sommes posés sur le sable puis je me suis risqué à l’eau, plus froide que
d’autres années : la fraîcheur d’abord saisit à faire tourner la tête mais
la nage ensuite, quoique brève, est intensément revigorante.
Impression de me sentir
enfin vraiment en vacances…
Je me rends compte
rétrospectivement combien les tensions liées au chantier et à ses retards ont
pesé sur moi pendant ce mois de juillet et ont contribué, sans l’expliquer
complètement, à mon moral trop souvent dans les chaussettes.
Les derniers jours dans le
midi ont été spécialement bousculés : retour du garde meuble d’une partie
du gros mobilier (heureusement on a pu faire repousser à l’automne la
récupération des petits meubles, des tapis, des tableaux, du linge, des livres,
des bibelots divers) qui a été réinstallé tant bien que mal dans les pièces de
destination mais qu’il a fallu bâcher puisque les travaux ne sont pas finis ;
découverte d’une fosse septique abandonnée dans le jardin qu’il a fallu faire
vider en urgence, retardant d’autant le passage des réseaux dans le jardin ;
contact avec Emmaüs pour faire enlever du vieil électroménager ; tension
renouvelée avec une des entreprises repoussant encore une fois son intervention
attendue ; problèmes administratifs à régler avec la Mairie et point financier
avec la banque ; visite déprimante à ma vieille cousine que nous avions
reporté de jour en jour et qu’il fallait bien effectuer…
Nous avons passé une matinée
aussi avec des représentants de la société archéologique du coin qui ont
profité des tranchées dans le jardin pour venir gratouiller un peu dans ce lieu
où était bâti autrefois un couvent dont on ne connaît pas exactement
l’implantation. Ils nous ont aidé à repérer et à dégager une belle pierre de
réemploi dans une murette, ainsi qu’un ancien pavement à l’entrée d’une
dépendance au fond du jardin que du coup nous allons essayer de garder
apparent. Je me promets quand je serai installé ici de me brancher avec cette
société et de m’intéresser sérieusement à l’histoire de la maison, de la
parcelle sur laquelle elle est implantée et de la petite ville en général.
Enfin le dernier jour il a
fallu vider complètement et nettoyer le studio dans lequel nous avions élu
domicile pour qu’il puisse accueillir la locataire à laquelle nous avons promis,
un peu aventureusement, qu’elle pourrait s’installer le premier aout. Nous
pensions cette fois pouvoir mettre nos affaires aux emplacements définitifs
dans l’appartement principal mais comme celui-ci n’est pas terminé nous avons
tout réemballé, vaisselle, literie, lampes, bric à brac divers, et l’avons remisé
une nouvelle fois dans les dépendances poussiéreuses dont nous les avions sortis
en nous installant. On n’en voyait pas la fin de ce nouveau déménagement
sisyphien ! On était attendu chez ma cousine pour dîner et passer la nuit
avant notre départ, nous y sommes arrivés passés neuf heures du soir ! Je
m’étais dit que je trouverai un moment dans la journée pour passer au cybercafé
afin d’y déposer un billet de blog que j’avais préparé à l’aube de ce dernier
matin, tu parles, on n’a pas vu passer la journée !
Le départ alors le lendemain
matin, après un dernier point avec l’architecte, c’était comme un vrai départ
en vacances. Nous étions heureux de laisser derrière nous les préoccupations et
les soucis.
D’autant que, nouveau
basculement sur un autre pan de ma vie, nous faisions étape sur la route de
Bretagne chez ma chère amie Telle. Blogamie ? Difficile de le dire au
présent puisqu’elle a non seulement arrêté son blog mais qu’elle l’a
radicalement effacé (Telle n’est pas quelqu’un qui fait les choses à
moitié ! ) . Mais blogamie
pourtant et pour toujours puisque c’est bien au travers de nos écritures que
nous avons fait connaissance et que nous nous sommes appréciés, profondément,
intimement, bien avant de nous rencontrer IRL, in real life, comme on dit, et puisque,
en dehors de cette aventure partagée d’écriture en ligne, nous n’aurions eu
aucune chance de jamais nous rencontrer. C’est tout de même fascinant ça, et
merveilleux, ces rencontres totalement improbables que permet internet et dont
n’ont pas conscience les contempteurs des relations internautiques qui n’y
voient que virtualité et fuite du réel ou fausseté et traquenards.
Bien sûr notre rencontre
d’aujourd'hui ne se prêtait pas à reprendre des échanges en profondeur sur les
terrains qui étaient ceux de nos échanges blogosphériens, nous étions chacun
dans nos contextes du quotidien, moi avec Constance, et elle, chez elle, avec
son mari et avec sa troupe de délicieux bambins.
Peut-être y a-t-il un petit
moins : les personnes perdent à nos yeux une part du mystère dont on les
enveloppe quand on ne les connait pas encore, une part de cette fascination
qu’ils exercent sur nous du fait même de cet aura de mystère. Ils rentrent dans
le monde « normal ». La nature de l’amitié se banalise, rejoint les
amitiés comme les autres. Mais il y a un grand plus : inscrire cette
amitié dans un réel infiniment plus concret, découvrir des aspects des
personnes et de leurs entourages qu’on n’aurait pas soupçonnés.
Arrivés ici nous profitons de
trois jours d’absolue tranquillité. Puis ma sœur qui bénéficie de deux semaines
de répit entre chimio et opération va arriver, accompagnée de mon père. A
nouveau ce ne sera plus le même tempo, mais nous sommes heureux de la voir bien
sûr et contents de savoir qu’elle va pouvoir profiter d’un bol d’air forcément
bienfaisant.