MacVal
Dimanche il faisait beau à
Paris. J’ai été découvrir le musée d’art contemporain du Val de Marne à Vitry.
Ce n’est pas bien loin de chez moi et pourtant je n’y avais jamais été. Comme
si, pour ces parisiens-parisiens que nous sommes le franchissement du
périphérique était un quasi mur de Berlin ! Pourtant j’ai travaillé
pendant des années à Vitry mais je n’y ai quasiment jamais remis les pieds
depuis !
Le lieu en tout cas est
agréable par ses volumes, par l’esplanade et le jardin qui le jouxte. Il n’y a
que quelques œuvres seulement dans l’exposition « permanente » mais
il s’agit d’installations assez spectaculaires et qui ont besoin d’espace pour
respirer, renouvelées assez fréquemment, d’après ce que j’ai compris, à partir
des réserves du fonds ou de créations spécifiques. Effet de contraste !
Voici un dispositif particulièrement ludique dont les images en ombres
chinoises rouges sur le mur en face du spectateur se construisent à partir des
mouvements même du visiteur et, voisinant à une salle de distance,
« Gégène », une installation très spectaculaire et prenante à base de
sculptures animées, de vidéos, d’éclairage, de textes et de sons évoquant la
torture.
Mais j’allais au MacVal surtout pour l’exposition temporaire qui s’y achève : « Emporte-moi, Sweep me off my feet », une cinquantaine de propositions sur le thème du transport amoureux sous toutes ses formes. Comme chaque fois que je vois de l’art contemporain, certaines œuvres ne me touchent pas, me paraissent gratuites voire légèrement je m’en foutiste. Mais il y en a peu cette fois ci. C’est dans l’ensemble une très bonne exposition, cohérente et dont les œuvres parviennent à se répondre dans leur extrême diversité. Et certaines, dans des registres très différents, m’ont particulièrement émues : par exemple la vidéo des petits oiseaux amoureux à la vie, à la mort ; cette autre vidéo en noir et blanc d’un voyage dans un pays nordique, articulé à des extraits d’un dialogue de film de Bergmann qui évoque avec une nostalgie poignante une rencontre manquée ; cette autre encore où, tandis qu’on entend le Requiem de Fauré, on voit en gros plan le visage de la réalisatrice pendant qu’elle jouit, il n’y a ni mimique aguicheuse, ni sourire béat mais des mouvements quasi réflexes du visage, exprimant la tension douloureuse de l’extase, qu’elle soit érotique ou mystique ; enfin, et c’est cette pièce que j’ai trouvée la plus forte, la regardant deux fois intégralement « No man is an island » : on est dans un dans un pub vaguement sinistre où sont des hommes solitaires, l’un d’eux, placé devant un tableau représentant des femmes nues, joyeuses, dansantes, se met à chanter la douloureuse complainte Crying, reprise peu à peu par d’autres solitaires jusqu’à former un cœur d’une rare intensité sur le manque, l’absence, avant que le chant ne s’achève sur un gros plan du premier chanteur et sur ses larmes.