Mises en ligne
Je mets plusieurs textes en
ligne ce soir. Je les ai écrits dans le train lors de mon voyage dans le Midi
sur le carnet qui toujours m’accompagne. Il me fallait donc les retranscrire
sur l’ordinateur. Mais comme d’habitude mon premier jet était plein de ratures
et à l’état de brouillon. Je ne les ai donc pas seulement retranscrits, je les
ai retravaillés. Ça m’a pris du temps, pas mal de temps, hier soir, ce soir. Je
ne me sentais pas très bien dans cette réécriture, éloigné du moment où ma
plume courait avec plaisir sur le papier dans le mouvement du train, éloigné
encore plus d’une partie de ce que j’évoquais, qui remontait encore plus en
arrière, la manif du 4 septembre, ma visite du Macval…
Je me disais :
qu’est-ce que tu fiches là, à réécrire ce truc, plutôt que de lire un bouquin
ou que d’aller au cinéma ? Qu’est-ce que ce journal qui n’est pas journal
au présent ? Ça sent le réchauffé. Ce que j’avais écrit n’était pas
véritablement lisible tel quel. Mais pourtant je l’avais écrit et ces
innommables gribouillis étaient tout de même une expression véridique de ma
conscience au moment où je l’écrivais. Je ne voulais pas tout à fait le perdre.
Alors je me suis accroché. Entre agacement et envie, entre dégoût et plaisir,
finalement, l’un dans l’autre, j’ai abouti.
Je publie. Mais avec des
doutes. Et ce n’est pas la première fois que je suis dans un malaise certain en
écrivant ce journal en ligne. De plus en plus souvent j’ai l’impression d’une
écriture qui n’est plus dans la fraîcheur, dans l’évidence de l’envie, d’une
écriture un peu artificielle, qui se survit à elle-même. Au point de me dire
que ce journal en ligne, du moins sous cette forme, est peut-être
moribond !